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Christianisation et résilience des cultes du terroir à  Vo-Koutimé en pays Ouatchi (XXè-XXIè siècle)


par Edoh Emmanuel BODJRO
Université de Lomé - Master 2020
  

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Chapitre 5 :

DYNAMISME DU CULTE VODOU À VO-KOUTIMÉ : LE CAS DU

VODOUKONOUGAN

L'attachement des Ouatchi de Vo-Koutimé au culte vodou est très marquant. Dans cette communauté, la célébration de Vodoukonougan, une cérémonie dédiée à tous les vodou et plus particulièrement ceux à grande assise comme vodou Hébiésso, en est la preuve d'attachement. Dans le sillage de cette cérémonie, la Spéciale association des féticheurs coutumiers africains nationaux et indispensables cantonaux des féticheurs de Vo-Koutimé centre (SAFCANIVKC) a vu le jour en prenant à corps les questions du culte vodou. Cette cérémonie du Vodoukonougan, à la différence de toutes cérémonies cultuelles, se fait suivant une organisation particulière et ses impacts à Vo-Koutimé sont très significatifs. À cet effet, nous nous posons les questions de savoir : quel aperçu historique peut-on faire de cette cérémonie ? Comment les prêtres vodou de Vo-Koutimé sont-ils parvenus à la création de la SAFCANIVKC ? Par ailleurs, de quoi regorge la cérémonie de Vodoukonougan ? Enfin, quels en sont ces impacts ? Les réponses à ses questions feront l'objet de ce chapitre.

5.1. Aperçu historique du Vodoukonougan

Le Vodoukonougan, comme son nom l'indique, est la grande cérémonie des vodou à Vo-Koutimé. Elle est célébrée tous les trois ans, selon le calendrier lunaire, à la différence d'autres sacrifices particuliers que chaque prêtre faits à ses vodou, etc. Cette cérémonie dédiée aux vodou ne date pas de nos jours. Selon Zikpui Ayondo 41 :

La cérémonie se faisait depuis le temps de nos ancêtres. Après leur installation sur le site, ils décidèrent un jour de remercier leur vodou, car depuis leurs trajets, en quittant Notsè et de leur passage à Akoumapé et à Vogan, aucun malheur ne leur est arrivé. De plus, sur ce site, leurs activités agricoles vont bon train. Or, ils sont conscients qu'ils auraient enfreint à des totems de leurs vodou et qu'ils ne seraient pardonnés une fois (un an), deux fois (deux ans) et une troisième (trois ans). Ainsi, ils conviennent à l'unanimité qu'à chaque trois an qu'ils se purifient de tout et qu'ils offrent les prémices de leurs produits agricoles au vodou en guise de remerciement. C'est ainsi qu'ils instituèrent le Vodoukonougan à Vo-Koutimé.

41 Président de l'association des prêtres vodou à Vo-Koutimé. Entretien du 20/07/2020 à son domicile.

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Cependant, aucune date n'est donnée par nos informateurs concernant la première édition de cette cérémonie. Elle est tout simplement pour eux, un héritage. Au début du XXIe siècle, cette cérémonie a pris une nouvelle tournure avec la création de la SAFCANIVKC

5.2. La naissance de la Spéciale association des féticheurs coutumiers africains nationaux et indispensables cantonaux des féticheurs de Vo-Koutimé centre (SAFCANIVKC)

En Afrique, l'emprise de plus en plus forte des messagers de la « Bonne Nouvelle » sur le quotidien des sociétés fait réagir les garants de l'ordre moral et social de diverses manières, pour faire échec à la propagation du christianisme, tout en s'employant à la sauvegarde de l'héritage cultuel des ancêtres (K. Étou, 2019, p. 13).

Ainsi, à Vo-Koutimé, l'heure est à la création d'une association des prêtres sous le nom de la Spéciale association des féticheurs coutumiers africains nationaux et indispensables cantonaux des féticheurs de Vo-Koutimé centre (SAFCANIVKC) ouvrant ainsi une nouvelle phase dans la célébration du Vodoukonougan. Elle fut une initiative du Hun? Zikpui Ayondo remontant en 2010.

Avant la célébration de chaque Vodoukonougan, tous les prêtres vodou de Vo-Koutimé se réunissent pour choisir un Konoutato, « maître de la cérémonie » parmi tous les prêtres à qui on confie l'organisation des cérémonies.

Toutefois, celui-ci peut être reconduit à la tête de ses pairs pour la cérémonie s'il a bien exercé son rôle. En 2010, Hun? Zikpui Ayondo (Photo n°5.1) a été porté à la tête de l'association. À la différence de tous ses prédécesseurs, il est un lettré et de plus un géomètre agréé par l'État. Par ailleurs, dans le domaine cultuel, il est le vice-président de tous les prêtres vodou de la préfecture de Vo.

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Photo n°5.1: Hun? Zikpui Ayondo

Source : Archives du prêtre Hun? Zikpui Ayondo.

De par son charisme, il mettra en place, dès 2010, l'idée de la création d'une Association pour unifier tous les prêtres. Très vite, l'idée fut épousée par tous les autres prêtres vodou de Vo-Koutimé.

Le 26 juillet de la même année, il envoya une lettre au Ministre de l'Administration territoriale pour la reconnaissance de leur Association sous le nom de la SAFCANIVKC, Spéciale association des féticheurs coutumiers africains nationaux et indispensables cantonaux des féticheurs de Vo-Koutimé centre, dont le but est d'assurer la continuité de l'oeuvre de Dieu par l'intermédiaire des esprits et des oracles des prêtres féticheurs. Ils désignent par « Centre » le village matriciel regroupant tous les six quartiers.

L'accusé de réception ne parviendra que le 16 octobre 2013, où le ministre Gilbert Bawara, par une lettre répond favorablement à la création de cette Association. Un mois plus tard le 02 novembre 2013, il fit publier ladite Association dans le Journal Officiel de la République (cf. Annexe N° 1).

Dès lors, la SAFCANIVKC acquit une existence légale et s'engage pour la pérennité de la cérémonie de Vodoukonougan.

5.3. Le Vodoukonougan à Vo-Koutimé

Le Vodoukonougan des Ouatchi de Vo-Koutimé se résume en de grandes phases et avec le pluralisme des vodou qui caractérise le panthéon, seuls ceux ayant de grandes assises sont plus impliqués. La participation la plus impressionnante à cette cérémonie est celle des jeunes de tout genre.

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5.3.1. Les grandes phases du Vodoukonougan

La cérémonie du Vodoukonougan se résume en trois grandes phases. Il s'agit de Doufankaka à Agbassakaka ou l'apothéose en passant par la phase des cérémonies proprement dites.

5.3.1.1. Le Doufankaka

Toute cérémonie cultuelle en pays ouatchi en général et plus particulièrement à Vo-Koutimé débute toujours par la consultation des oracles. Ainsi, dans le cas d'espèce du Vodoukonougan, cette consultation se désigne sous le nom de Doufankaka. Cette première phase de la cérémonie est symbolique. En effet, pour la circonstance, tous les prêtres vodou « Hun? » et quelques Husro « adeptes hommes » et Hussi « adeptes femmes » assistés par le grand prêtre de Ziowu et le chef du village matriciel accompagné de tous ses « Tchami » se réunissent devant le Dulégba du village mère tout en faisant appel à 7 différents oracles « Bokono ». Ces oracles consultent à tour de rôle les ancêtres pour connaître sous quel Kpolidu « destiné » sera placée la cérémonie de l'année pour qu'elle soit digne. Souvent, le message de tous les sept oracles est unanime sur un même Kpolidu et diffère d'une cérémonie à une autre42.

Voici l'exemple du Kpolidu « Gbe Woli » de la cérémonie de 2010 :

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A en croire les devins, ce Kpolidu dit que le chef Zouméké doit tuer un bélier et une poule au Dulégba et en outre, les prêtres vodou doivent une bouteille de Schnaps et de Sodabi au chef. Car selon les ancêtres, il y a une absence d'entente et de convivialité entre le chef et les prêtres vodou.

Toute l'organisation du konou dépend de ce que diront les ancêtres à travers la consultation. Parfois, on reporte carrément la cérémonie, car les ancêtres exigent au préalable soit l'immolation de deux chèvres à Doulégba, soit deux poules à Togbui Ziowu, car ils ont enfreint tel ou tel totems de vodou. Après ces cérémonies en amont, on fixe la date du début

42 Zikpui Ayondo, 76 ans, président de la SAFCANIVKC, entretien du 15/03/2020, à Mamissi.

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de la cérémonie proprement dite. Dès lors, les prêtres vodou envoient aux adeptes de leur couvent une graine de maïs en guise d'invitation et si le concerné habite très loin, sa famille se chargera de l'informer. D'autre part, les prêtres vodou, responsables des couvents, travaillent pour la mise au propre de tous les couvents avant la date butoir43.

5.3.1.2. Les cérémonies proprement dites

La cérémonie s'étale sur 16 jours et commence un mardi « Brada ». Dès ce premier jour, tous les couvents du village matriciel se remplissent d'adeptes et de prêtres vodou avec des caravanes. L'assistance aux cérémonies à l'interne des couvents est formellement interdite aux non-initiés. Ceux-ci ne sont autorisés à prendre part qu'aux joues de tam-tam tous les soirs sur les places publiques dans chaque quartier mère. Tous les désireux spectateurs sont contraints au respect strict de quelques interdits à savoir qu'ils ne doivent porter ni habits ni chaussures ni casquettes, bref ils doivent rester à moitié nu. Faute de quoi, ils se verront déchirer tout ceci par les Husro et les Hussi souvent lorsqu'ils entrent en transe. Par ailleurs, les contrevenants sont ramenés de force dans les couvents où ils paieront des amendes en argent et en boissons avant de sortir.

Photo n°5.2 : Un groupe d'adeptes vodou en caravane

Source : Archives privées de Zikpui Ayondo.

Au cours de la cérémonie, tous les vendredis « Fida », les vodoussi se rendent dans le grand marché de Vogan pour collecter soit des produits agricoles, soit de l'argent. Aucune d'elles ne s'en approprie. Au retour à Vo-Koutimé, elles offrent les prémices au Doulégba.

43 Zikpui Ayondo, 76 ans, président de la SAFCANIVKC, entretien du 15/03/2020, à Mamissi.

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Au septième jour de la cérémonie, les prêtres vodou, quelques Husro et Hussi, en présence du chef de village et ses «Tchami », se retrouvent pour une deuxième consultation des ancêtres au même lieu et dans les circonstances que le cas du Dufan. Seulement qu'à cette occasion, ils feront un mini bilan de la cérémonie aux ancêtres et demanderont si effectivement le Vodoukonougan prendra fin le seizième jour. À cette occasion, les participants connaissent les cérémonies à faire et les conduites à suivre pour l'apothéose.

5.3.1.3 Agbassakaka ou l'apothéose

Le seizième jour de la cérémonie constitue le jour de l'apothéose où se fait Agbassakaka. Agbassakaka, en dehors de son sens d'apothéose, est une grande consultation de Doufan qui, à la différence de la première consultation des ancêtres, se fait devant toute une foule composite dans le marché Dégo. Tous les prêtres vodou, les Husro et Hussi, le chef et ses Tchami et sept autres oracles à la différence de ceux de la première consultation, se retrouvent pour Agbassakaka. Au cours de cette cérémonie, les ancêtres choisissent les Avlokété « adeptes femmes de Hébiésso » souvent au nombre de sept qui se chargeront de transporter les Avossa ou Agba « sacrifices » pour les déposer au grand carrefour situé au nord du village matriciel.

Photo n°5.3 : La participation des prêtres, adeptes et non-initiés à l'apothéose de la cérémonie de 2014

Source : Archives privées de Zikpui Ayondo.

La plus importante des cérémonies qui implique tous les Ouatchi de Vo-Koutimé au jour du Agbassakaka est que chacun balaie sa chambre et la cour de sa maison en ajoutant une pièce d'argent, selon son gré, et on dépose le tout dans de petits paniers que les Agboessi distribuent

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dans chaque concession à la veille. Vers 14h, les mêmes vodoussi passent ramasser les paniers pour les amener au lieu dédié à l'apothéose. Les habitants des quartiers éloignés du village mère se chargent d'apporter leurs ordures à la place de la cérémonie.

Dès 16h, on commence les cérémonies de l'apothéose proprement dites. Le prêtre Hun? chargé des cérémonies du Vodoukonougan avec l'aide de ses pairs distribuent dans sept grands paniers toutes les ordures collectées.

Ces paniers sont enroulés dans des clobas44 blancs, noirs et rouges et on immole sur chacun d'eux, soit des poules ou des chèvres, de tout pelage, accompagnés de diverses boissons et de farine délayée « Djati ». La nature des animaux et des boissons pour cette cérémonie dépend de la volonté des ancêtres. Tout au long de cette cérémonie, les adeptes et les prêtres chantent des chansons spécifiques à des circonstances.

Avant l'heure du départ (18h) des Avossa, les Avlokété choisies pour le transport des paniers se rendent dans le sanctuaire de Togbui Ziowu pour se faire asperger de l'eau lustrale se trouvant dans deux Adawa45 dont le sens est de se protéger de mauvais yeux.

Photo n°5.4 : Les deux Adawa au sanctuaire de Ziowu

Source : cliché E. E. Bodjro (25/07/2020).

Après cela, elles se rendent au lieu de la cérémonie. Le chef gongonne dans tout le village pour faire savoir aux populations que les Avossa vont partir et que nul n'a le droit de rencontrer les Avlokété avec les paniers sur la tête. On passe ce message à maintes reprises pour les avertir.

44 Pagne de couleur unique qu'on utilise pour les rituels.

45 Jarre en terre cuite

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À 18 h alors, les sept Avlokété transportent les paniers. Personne ne les accompagne ni les prêtres vodou. En cours de route, elles crient en disant « agbagbono, agbagbono, agbagbono, ekouneto, doneto » « sacrifices arrivent, sacrifices arrivent, que la mort parte, que la maladie parte ». Tous ces mots sont répétés à plusieurs reprises jusqu'à leur arrivée au carrefour réservé pour les paniers dont le but est d'avertir tous les usagers de cette route de rebrousser chemin. Faute de quoi, ils ramasseront tous les malheurs du village.

Photo n°5.5 : Les Avlokété transportant les Avossa

Source : Archives privées de Ayondo Zikpui

Cette dernière étape met fin à la cérémonie Vodoukonougan réservée plus aux déités de grande assise.

5.3.2. Les différentes déités du panthéon impliquées

Comme nous l'avions souligné plus haut, le panthéon des Ouatchi de Vo-Koutimé se caractérise d'une pluralité de vodou. Pourtant, tous n'ont pas la même assise territoriale. Ainsi, la cérémonie du Vodoukonougan, en dehors des trois Togbui vodou, toute la famille de vodou Hébiésso et plus précisément Adayro et Agboe sont les vodou les plus impliqués dans cette cérémonie au point que certains ont l'habitude de désigner la cérémonie de Hébiésso Konou.

Toutefois, tous les vodou du terroir ouatchi de Vo-Koutimé sont honorés à l'occasion par la participation de leurs prêtres ou de leurs adeptes et celle d'une classe jeune.

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5.3.3. L'engagement des jeunes dans le culte vodou

De tous les participants à la cérémonie de Vodoukonougan, celui d'une classe jeune de la communauté ouatchi de Vo-Koutimé est la plus marquante. En effet, cette cérémonie démontre le degré d'attachement de la jeunesse au culte vodou, chose rarissime dans une mondialisation où les valeurs cultuelles des sociétés africaines sont en passe de disparaître. Ainsi, la prise de relève des pratiques cultuelles à Vo-Koutimé ne laisse personne dans la perplexité.

En dehors des noms théophores, Yébéssivi, Husrovi, qui font mention quotidiennement aux jeunes adeptes de vodou à Vo-Koutimé, leurs attachements sont plus vestimentaires (Photos ci-dessous). Lors des cérémonies du culte vodou et surtout du Vodoukonougan, les néophytes adeptes de vodou (Yébéssivi et Husrovi) se distinguent avec grand plaisir de par leurs accoutrements.

Photo n°5.6 : Une Yébéssivi et deux Husrovi en habits cultuels

Source : Archives de M. André Tonou46.

La cérémonie de Vodoukonougan impact considérablement la communauté de Vo-Koutimé.

5.4. Les impacts de la fête de Vodoukonougan à Vo-Koutimé

Aux yeux des populations de Vo-Koutimé, le Vodoukonougan a beaucoup de retombées d'ordres divers. Selon André Tonou47 :

46 Président du comité culturel de Vo-Koutimé.

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Nous ne regrettons jamais la cérémonie du Vodoukonougan à Vo-Koutimé. Elle nous procure sur le plan économique, la réussite des activités agricoles avec une pluviométrie régulière au cours des saisons permettant à son tour un bon rendement. En outre, tous les commerçants ouatchi de Vo-Koutimé attachés aux cultes vodou, trouvent toujours gain de cause. Par ailleurs, le Vodoukonougan nous épargne des accidents répétés, des morts prématurées, en bref des malheurs de tout genre. Un vodou qui ne satisfait pas ses adeptes se voit sa devanture poussée des herbes.

En conclusion, dans la communauté ouatchi de Vo-Koutimé, le culte vodou reste en vogue avec un attachement de la part d'une classe jeune, rassurant indubitablement la relève cultuelle. Au vu de cet enracinement dans la religion traversant les siècles, les chrétiens du pays ouatchi de Vo-Koutimé voient leur foi tachée de remords avec toujours un penchant à la religion de leur terroir.

47 Entretien du 22/07/2020 à son domicile à Vo-Koutimé.

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