1.3. L'organisation sociopolitique et économique des
Ouatchi de Vo-Koutimé
À la différence de l'organisation sociopolitique
qu'ont connue les Éwé avant leur exode de Notsè, les
migrants, sur leurs sites, évitèrent la concentration du pouvoir
dans les mains d'une seule personne craignant ainsi une nouvelle dictature.
A cet effet, à Vo-Koutimé, la
société est hiérarchisée tant au niveau du village,
des quartiers, qu'à celui des lignages ou familles.
Le chef du village occupe le sommet des couches sociales. Il
est le détenteur des pouvoirs politiques et doit régner
conformément selon la volonté des ancêtres. Car de son
choix jusqu'à son intronisation, il se fiait à la volonté
des ancêtres. Il règle les litiges, juge et condamne selon la
gravité des fautes. Il se fait entourer des notables qui sont des
représentants directs du chef de village et exécutent les ordres
qui émanent de lui. La particularité de ces notables, à
Vo-Koutimé, est que compte tenu de l'extension du pays, dans le village
matriciel, tous les six (6) quartiers mères ont à leur tête
un notable « Tchami » auprès du chef de village, mais
qui sont encore considérés comme des chefs de quartier dans
certaines circonstances. À la tête des quartiers d' «
Agblédi », se trouvent encore des « Tchami
» travaillant à la fois avec le chef du village, mais aussi
avec le « Tchami » de leur quartier d'origine. Avec
l'évolution que connurent les « Agblédi »,
certains obtiennent une large indépendance vis-à-vis du chef
de
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village mère en devenant un village entier avec
à leur tête un chef et seul le culte vodou les
réunissait à l'occasion.
À la tête de chaque lignage ou famille, se trouve
un chef appelé le « foméfia ». Celui-ci se
charge des libations et des sacrifices aux ancêtres. Souvent, il tient
à ce que les problèmes du lignage ou de la famille se
règlent à l'interne.
Pour ce qui concerne l'économie, la principale
activité repose sur l'agriculture. Même si l'ancêtre
fondateur, Kotokou, s'adonnait à la chasse, les siens, par contre, sont
de véritables laboureurs. À l'instar de tout le peuple ouatchi,
la production du maïs et du manioc sont les produits de
référence. Au sein de la société, on ne
mérite des réputations qu'en fonction de l'espace cultivé
et du rendement de ses moissons. Quant au commerce, les Ouatchi de
Vo-Koutimé n'atteignent pas la renommée des Guin. Toutefois,
à Vo-Koutimé, se trouvait, dans le passé, un important
marché situé au bord de la rivière Boko dans l'actuel
village d'Atchandomé. Ce marché, selon nos informations, aurait
autrefois servi d'un lieu de traite où les négriers venaient en
pirogue en passant par le lac Togo pour atteindre la rivière Boko. Des
études pourraient nous en apporter plus de
détails17.
En dépit de la présence de cette rivière,
la pêche est quasi inexistante due à l'absence de
véritables produits halieutiques.
En dehors de l'organisation sociopolitique et
économique, le panthéon des Ouatchi de Vo-Koutimé
renfermerait des dieux, « vodou » caractérisant leur
pratique cultuelle.
17 Miwonunyi Hubert Abotsi, 70 ans, ingénieur
retraité. Entretien du 24/07/2020 à son domicile à
Vo-Koutimé.
Carte n°2 : Itinéraire migratoire des Ouatchi
de Vo-Koutimé
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Source : E. E. Bodjro, 2020
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