E- SUR LA SCENE DES MUSIQUES DU MONDE
Les Musiques du Monde ont gagné leur droit de
cité grâce à des initiatives qui ont émergé
en province à travers des festivals comme le festival des arts
traditionnels de Rennes ou le festival des musiques métisses
d'Angoulême.
Grâce au dynamique des promoteurs de ces manifestations
dont la passion était de faire découvrir les musiques les plus
rarissimes. Plusieurs artistes étrangers qui rencontrent aujourd'hui du
succès en France le doivent à ces militants de la
diversité qui sauront gagner peu à peu le public à leur
cause.
Christain Mousset, le directeur du festival des musiques
métisses d'Angoulême, l'un des principaux festivals
spécialisés, appartient à cette catégorie de
militants, à qui l'on doit l'explosion des musiques sud-africaines en
France, ainsi que la renaissance de plusieurs grandes voix de la chanson
africaine comme WENDO KOLOSOY de la République démocratique du
Congo, 75 ans ou Anne-Marie NZIE l'inusable voix de la chanson camerounaise qui
vient d'enregistrer son premier CD après 45 ans de carrière.
Actuellement, les Musiques du Monde sont programmées
par nombre de festivals, qu'ils soient pluridisciplinaires ou
thématiques. Cependant, les données statistiques en la
matière sont loin d'être satisfaisantes. Les seuls disponibles et
qui laissent apparaître la part des Musiques du Monde sont celles
communiquées par le fond de soutien d'après les perceptions de la
taxe parafiscale sur les billetteries de spectacles.
Elles ne prennent donc pas en compte des spectacles non soumis
à cette taxe comme ceux organisés dans les scènes
nationales et les théâtres subventionnés. Sortent
également de cette comptabilité, les festivals dont une partie
seulement de la programmation concerne ce genre musical.
Outre les festivals qui ont essaimé en province
notamment en période estivale, les musiques du monde se sont
développées à travers les réseaux communautaires
sur lesquels se sont appuyés des festivals comme AFRICOLOR
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à Saint-Denis. En dix années d'existences, cette
manifestation a familiarisé de milliers de Franciliens à
l'écoute des musiques africaines.
Les principaux réseaux communautaires sont notamment
les réseaux africain, maghrébin et d'Amérique du Sud.
Plusieurs programmateurs de festivals ont investi de champ illimité que
leur ouvraient les Musiques du Monde. Pour bâtir une programmation
attrayante, généralement l'opération la plus
délicate, les programmateurs ont besoin d'artistes capables de toucher
un public très large en rassemblant à la fois
génération et couches sociales.
Or cette catégorie n'est pas légion. Très
sollicitées, elles réclament des cachets à hauteur de leur
notoriété fédératrice. De même, une
programmation ne saurait se bâtir qu'autour des têtes
d'affiches.
Aussi, pour diversifier l'offre, faire varier les
émotions, toucher les différentes sensibilités, les
festivals ont-ils progressivement ouvert leur scène aux Musiques du
Monde. Et les spectateurs apprécient ce voyage de continent en
continent, au cours duquel ils découvrent l'autre, sa différence,
recherchent des émotions et des sensations inconnues d'eux. Face
à l'engouement des publics pour cette couverture qui a touché des
festivals aussi spécialisées que le festival de jazz «
Banlieues bleues » à Saint-Dennis qui a reçu à sa
dernière édition un prince authentique de l'Afro-Beat, Femi Kuti
ou encore la nouvelle icône de la chanson malienne Rokia Traoré-
les festivals mettent tout en oeuvre pour retenir l'intérêt du
public. Et c'est à ce point qu'interviennent les réseaux.
Quelques-uns se sont développés autour des musiques du monde et
aujourd'hui un maillage solide permet aux programmateurs de partager des
idées et des projets.
Et surtout, c'est dans ces réseaux affinitaires qu'ils
s'efforcent de défendre un présent et préserver un avenir
commun, tant sur le plan des esthétiques que le rôle culturel de
ces musiques face au rouleau compresseur de l'industrie du divertissement.
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