CONCLUSION GÉNÉRALE
Tout au long de cette recherche, nous nous sommes posés
plusieurs questions, mais fondamentalement une : quel est l'effet de la
structure familiale sur l'abandon scolaire ? Pour répondre à
cette question, nous nous sommes fixés pour objectifs, de
vérifier l'existence d'un lien de causalité entre la structure
familiale et l'abandon scolaire, et ainsi, déterminer le type de
structure familiale qui favorise le plus la propension des élèves
à l'abandon scolaire.
L'encrage théorique de la question de l'abandon
scolaire présente généralement plusieurs approches
explicatives de l'abandon scolaire ; nous avons passé à la
revue les théories sociologiques, les théories psychologiques, et
les théories économiques de l'abandon scolaire. Cette revue
théorique a révélé que de nombreux facteurs sont
susceptibles d'expliquer le phénomène d'abandon scolaire,
à l'instar des facteurs sociodémographiques,
socioéconomiques, et socioculturels ; auxquels on associe
généralement, les facteurs scolaires et les
caractéristiques personnelles de l'élève.
Nous avons revisité les travaux de Charest
(1980), qui regroupe les facteurs qui déterminent l'abandon
scolaire sous quatre catégories : les caractéristiques
individuelles, le milieu socioéconomique, la carière scolaire et
le vécu scolaire. Aussi, nous nous sommes appuyés sur les travaux
de (Delisle, 1988), ceux de (Henripin et Proux, 1989), qui ont montrés
que des difficultés de communication avec la famille, des modèles
familiaux défavorables, les tensions entre les membres de la famille,
sont susceptibles d'influencer la complétude scolaire d'un enfant.
Nous avons également présenté les travaux
de certains auteurs de la psychologie comportementale, pour qui, plusieurs
facteurs tels que les crimes de rues, la pauvreté, les discriminations
ethniques ainsi que les croyances religieuses, sont susceptibles d'etre les
déterminants de l'abandon scolaire ; mais dans le cadre de ce
travail, nous avons voulu nous attarder sur la structure familiale, et voir
quel est son effet, son influence, sur l'abandon scolaire. L'hypothèse
qui a été faite ici, est celle de l'existence de plusieurs
facteurs familiaux qui influencent l'abandon scolaire ; nous avons
associés à cette hypothèse générale trois
hypothèses spécifiques ; la première : les
élèves issus des familles monoparentales ou recomposée
courent plus de risque d'abandonner l'école que ceux issus des autres
formes de famille ; la seconde hypothèse stipulait que :les
élèves issus des familles de petite taille courent moins de
risque d'abandonner l'école que ceux issus des familles de grande
taille ; enfin notre troisième hypothèse stipulait que les
élèves issus des familles à forte mobilté courent
plus de risque d'abandonner l' école que ceux issus des familles moins
mobiles
Pour vérifier ces hypothèses, nous avons
utilisé les données issues de la quatrième Enquête
Camerounaise sur les Ménages (ECAM 4). L'approche méthodologique,
a consisté d'une part à construire une variable binaire captant
l'abandon scolaire et d'autre part, à formuleret estimer un
modèle logistique sur cette variable.nous avons fait de la structure
familiale une variable composite, composée des indicateurs tels
que : le type de famille, la taille du ménage, le niveau de revenu
des parents, le niveau d'étude des parents, le statut professionnel de
l'enfant, la religion de la famille ; nous avons distingué deux
types de structures familiales en fonction de la qualité des
indicateurs, à savoir la structure familiale stable et la structure
familiale instable ; nous avons appréhender le fait que chaque
structure familiales a des caractéristiques socioculturelles,
sociodémographiques et socioéconomiques particulières.
Ensuite, nous avons testé empiriquement, la relation entre la structure
familiale et l'abandon scolaire par le biais d'un modèle logistique.
Les résultats suggèrent que les principaux
indicateurs de la structure familiale ont une influence sur la
probabilité d'abandon scolaire des enfants. En particulier,
cétérisparibus, la probabilité d'abandon scolaire est plus
élevée chez les enfants issus des structures familiales
instables, plus précisement ceux des enfants des familles
monoparentales, polygammes, ou recomposées, quitravaillent.Ces
résultats sonten droite ligne avec ceux de (Delisle,1988),ceux de
(HenripinetProux, 1989), qui ont montré que les difficultés de
communication avec la famille, des modèles familiaux
défavorables, les tensions entre les membres de la famille, sont
susceptibles d'influencer la complétude scolaire d'un enfant. Ces
résultats signifient que, la stabilité familiale réduit la
probabilité d'abandon scolaire des enfants. En d'autres termes, un
enfant issu d'une famille stable sur le plan socioéconomique,
sociodémographique et socioculturel, a plus de chance de poursuivre et
teminer ses études qu'un enfant issu d'un ménage monoparental,
polygamique ou recomposé présentant des insuffisances sur le plan
économique, ou des exagérations en termes de principes culturels
et religieux. Plus spécifiquement, le statut marital des parents
affecte la probabilité d'abandon scolaire aux cotés des
conditions socioéconomiques des parents (revenu, profession, statut
professionnel de l'enfant...) ainsi que leurs croyances (réligion,
culture) ont un impact sur la probabilité d'abandon scolaire.
Comme tout travail scientifique, ce travail comporte des
limites. L'une des principales limites de l'étude est la nature des
données. En effet, il aurait été beaucoup plus
intéressant d'avoir des données datant de cette année ou
de l'année précédente, mais compte tenue de la crise
sanitaire et de la suspension momentanée des cours à cause du
confinement, nous n'avons pas pu faire une descente sur le terrain, laquelle
descente aurait également demandé plus de ressources. A la
suite des resultats, nous avons suggéré aux autorités et
aux parents de poursuivre les efforts en encourageant les mariages
hétérosexuels monogamiques, en décourageant les divorses,
et les mariages homosexuels, en luttant contre le travail des enfants et les
discriminations liées au genre, et enfin en promeuvant la mise en place
des projets de lutte contre la vulnérabilité des familles et des
enfants.
Fort de ce qui précède, ilressort que, de
façon indubitable, la structure familaile influence la complétude
scolaire de l'élève ; cependant, la famille n'est pas le
seul environnement qui influence la complétude scolaire de
l'élève ; nous pouvons associer à l'environnement
familiale interne, l'environnement scolaire, ainsi que le lieu de
résidence (environnement externe de la famille) ; serait-il
intéressant de savoir lequel de ces envirronnement influence le plus la
complétude scolaire ? Au dela des types de familles existants, qui
déjà influencent indubitablement la complétude scolaire
des élèves, l'école Africaine, se prépare t-elle
à faire face à la venue probabiliste des nouveaux types de
familles en Afriques ? ou alors se campe t-elle sur la position de non
recevabilité de ces nouveaux types de famille, qui peuvent être
une grande antorce à l'idéologie Africaine de la famille ?
Mieux encore, lorsqu'on sait que de nombreux pays Africains ont
légalisés l'existence des familles nouvelles sur leurs
territoires, comment se préparent l'école Camerounaise face
à ce qui peut etre considéré par plusieurs comme
étant une menace tant vis-à-vis de la famille, que de
l'école.
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