II.1.4 Le développement comme le
résultat d'une action collective
L'intégration de la femme à la vie
communautaire nécessite une attention particulière de la part de
tous les Etats du monde. Le développement communautaire pour qu'il soit
efficace et durable, nécessite l'implication de tous les acteurs
sociaux. La bataille contre l'exclusion des femmes est loin d'être
gagnée. Puisque toutes les tentatives d'intégration de la femme
rencontrent de sérieux problèmes tant structurels
qu'institutionnels.
Dans ce contexte E. Boserup (1983) dans son
ouvrage les femmes face au développement
économique soutient que bien que les femmes du tiers monde
soient exclues du secteur moderne, elles n'ont cessé de jouer un
rôle essentiel dans l'économie de leur Etat. il faut que la
planification dans les pays en voies de développement tout comme les
organismes internationaux, prennent compte désormais de la force de
travail que constitue la femme rurale ou citadine dont la formation et l'emploi
à tous les niveaux seuls peuvent garantir une augmentation de
l'épargne et de la croissance. La cause du statu quo est que le
rôle des femmes dans la production a été jusqu'alors sous
estimé dans la théorie du développement. Pour cause la
contribution non négligeable pourquoi pas indispensable des femmes au
processus de développement n'est pas prise en compte dans
l'évaluation des ressources impliquées dans le processus de
production.
I. Droy
(1980) renchérit en affirmant que l'oubli des
femmes est sans doute l'une des raisons de la faillite de certains programmes
de développement, puisque les activités productives des femmes
sont diversifiées et couvrent presque tous les domaines de la vie
sociale. Si l'on apporte un soutient aux femmes et à leurs
organisations, on participe plus sûrement à la restauration des
paysanneries base d'un véritable développement
communautaire. « La prise en compte du dynamisme et des
intérêts des femmes constituent la clé de tout processus de
développement communautaire » (Droy, 1980 :166)
A ce propos elle a le mérite d'avoir mis en
exergue le rôle fondamental de la femme dans la vie sociale. Mais elle a
tout de même négligé le facteur éducatif qui se
trouve être le facteur limitant pour la plupart des femmes des pays sous
développés.
Dans leur ouvrage intitulé, les femmes
et le développement W.Vogluani et B Grossat (1980) font
ressortir les caractéristiques et les aspects généraux de
l'intégration des femmes au développement. Les femmes constituent
un élément essentiel du processus de développement qui ne
peut exister que si elles y sont intégrées comme les hommes. Il
ne s'agit point là d'égalité mais tout bonnement d'une
nécessité. La dispersion des efforts qu'elles tiennent à
la discrimination sociale où à l'irrationalité d'ordre
économique n'entre certainement pas dans les intentions des
planificateurs de développement. Or, tel sera pourtant bien le
résultat des programmes ou cet aspect du problème ne sera pas
suffisamment pris en considération. Intégrer les femmes au
développement n'est pas seulement une affaire de bienveillance. Il
s'agit essentiellement d'un problème d'ordre technique et analytique qui
exige qu'on soit à même de démêler l'écheveau
des destinées humaines. Si l'on veut que les femmes participent au
développement social, il faut selon ces auteurs les encourager à
se marier aux bons âges et pour les bonnes raisons.
Certes, le mariage précoce est l'une des
raisons de l'invisibilité des femmes dans la sphère externe mais
il ne saurait être déterminant dans les pays
sous-développés du fait que la femme une fois mariée
précocement ou pas devient très active pour pouvoir survivre.
Ainsi se lance-t-elle aussitôt dans les activités
génératrices de revenus (AGR). Mais n'ayant aucune formation dans
la gestion des petites entreprises, elle n'arrive pas à faire fortune et
reste pour la plupart du temps dépendante de son mari. C'est dire que le
mariage en soi ne constitue pas un blocage au sens du terme mais au contraire
le manque de compétence académique.
Selon le Centre Africain de Recherche et de Formation
pour les Femmes (1990), les micros crédits permettent aux femmes
africaines d'occuper tout le secteur du commerce intérieur et de
s'impliquer dans les activités économiques locales. Bien que les
crédits soient des facteurs indispensables pour la promotion des femmes
celles-ci utilisent d'autres stratégies pour compléter le seul
facteur « crédit ». Ainsi, à travers sa
série de recherche, il découvre qu'il existe plusieurs obstacles
qui empêchent aux femmes de bien gérer les crédits.
Après avoir défini le premier obstacle lié à la
tradition du milieu, le centre énumère trois points dont les
femmes font recoure dans la bonne gestion des crédits. Le premier point
est le niveau d'instruction qui est généralement faible,
obligeant les femmes à se contenter d'emplois de qualification
médiocre, ceci compromet leur chance d'obtenir un prêt classique
car elles ne peuvent pas satisfaire aux conditions des banques. Le
deuxième point est la connaissance des règles de
comptabilité et de gestion tandis que le dernier point est la formation
qui leur permet de recourir à des formes modernes d'exploitations
commerciales.
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