3.1.5 CONCLUSION INTERMÉDIAIRE
Les analyses sur les formes urbaines ont permis de constater
que la variabilité de l'offre en espaces verts est très grande,
très pour les espaces verts agricoles que non-agricoles. Les
cités qui avaient un développement radioconcentrique par le
passé ont un avantage en matière de surface d'espace vert, celles
qui ont adopté une forme polynucléaire récente
intègrent plus d'espaces agricoles en leur sein, fréquemment
aidées par un maillage des systèmes de transports en
périphérie. Néanmoins, aucune forme urbaine actuelle
n'empêche une bonne répartition des espaces verts, ainsi nous ne
préférons à ce stade de l'analyse aucun modèle.
Seule l'hyper compacité semble un frein important à l'existence
d'espaces verts au sein des métropoles, toutefois cette constatation ne
repose que sur un seul cas. Le climat est certainement une variable majeure,
tant pour la surface des espaces verts que du type d'espace vert.
Indéniablement, il faut relier le dialogue analytique entre les
indicateurs, en effet les cartographies démontrent que les indicateurs
qui viennent d'être analysés un par un sont fortement liés.
Afin que l'analyse soit efficace et s'opère avec les meilleurs
indicateurs, sans souffrir de l'inutilité de la présence de
certains, nous allons analyser comparativement Londres et Paris, à
l'aide du tableau chiffré et de toutes les données dont nous
disposons. Ce travail est trop important à faire pour toutes les villes
entre elles, d'où l'intérêt, justement, d'un futur tableau
synthétique réduit.
3.2 VERS UNE SYNTHÈSE, À PARTIR DES CAS
DE LONDRES ET PARIS
Nous avons remarqué que la capitale anglaise
présente une forte homogénéité. Celle-ci peut
réduire l'impact de ses faibles chiffres ou augmenter celui des bons
chiffres. Il faut donc différencier l'homogénéité
des espaces agricoles de celles des espaces non-agricoles. A l'aide des cartes
nous remarquons que les deux types sont bien répartis. L'offre en
espaces verts passe donc de mauvaise (2.1% contre une moyenne de 4.5% pour
toutes les villes) à acceptable. Celle des espaces agricoles de moyenne
(2.6% contre une moyenne de 2.9%) à bonne. Les avantages d'une bonne
répartition des espaces verts sont plus faibles que celle des espaces
verts non-agricoles, en effet, bien que l'aspect paysager joue un rôle
dans sa localisation, la potentielle proximité consommateur-producteur
trouve déjà son compte lorsqu'elle est urbaine (l'on parle encore
de produit locaux à des échelles plus vastes), de plus les
conséquences d'une mauvaise répartition des parcs, squares et
bois intraurbains sont plus importantes que celles des espaces agricoles.
Ainsi, nous sommes d'avis que l'indicateur surface en espaces verts dont
agricoles soit retenu, de même que celui de
l'homogénéité de la répartition des espaces
verts non-agricoles.
87
Il a aussi été avancé que les espaces
verts intraurbains ne suffisent plus par rapport à la demande de nature
en ville, dès lors ce sont plutôt de grands espaces qui sont
nécessaires à l'habitant d'aujourd'hui, afin d'éviter sa
fuite régulière vers la campagne. C'est ainsi que Paris atteint
des chiffres excellent en matière d'apport de nature en ville. En effet,
le fait que les espaces interstitiels soient massivement présents,
renforce la qualité de l'offre dans la cité francilienne. Ce
n'est pas du tout le cas à Londres. Ainsi il nous faut développer
un nouvel indicateur, traitant de la présence de grandes surfaces
d'espaces verts interstitiels. Son intensité est évaluée
à partir des cartographies.
Les pourtours urbains jouent également un rôle,
en effet la compacité de Londres (0.52) péjore l'accès
à la campagne, alors que les habitants de Paris (0.31) sont en moyenne
spatialement plus proche de la limite urbaine. Cela augmente la
disponibilité des surfaces vertes, et minimise le besoin de
déplacement. Bien évidemment, la petitesse d'une ville maximise
l'accès à la périphérie verte. Il avait
été relevé au moment de choisir les villes de
l'échantillon, que les problématiques étaient d'autant
plus importantes que les cités sont vastes. De plus, le type d'espace
au-delà de la délimitation urbaine est fondamental : lorsque le
franchissement donne sur un espace bleu ou agricoles, la fonctionnalité
de ce dernier et bien moindre que lorsqu'il s'agit de forêts ou de bois.
Londres ne présente que 10% de contours de type ville-agriculture contre
environ 25% pour Paris. Nous désirons un indicateur pour rendre compte
de ces phénomènes, et trois facteurs entrent donc en jeu dans sa
constitution. Dès lors, la compacité qui déjà
mesurée est utilisée comme base chiffrée, nous la
pondérons en fonction de la taille des métropoles (augmentation
d'une classe pour les plus petites villes, diminution d'une classe pour les
plus grandes). Lorsque les pourtours urbains sont fortement verts
(d'après les images satellitales), la note augmente d'un cran,
lorsqu'ils sont majoritairement agricoles ou bleus nous la diminuons. Simple,
cette pondération rend bien compte de l'accès à la nature
extra-urbaine.
Dès lors, ce sont les quatre indicateurs suivants,
regroupant sept variables qui entrent en jeu dans notre analyse de la
localisation des espaces verts urbains :
? Surface en espaces verts et agricole ;
? Homogénéité de la répartition des
espaces verts non-agricoles ;
? Présence d'espaces interstitiels de type forêt
dans le champ bâti ; ? Accès à la nature extra-urbaine.
L'analyse globale entre deux villes, à l'instar de Londres
et Paris est opérable à l'aide de chiffres brut, néanmoins
pour une vision plus comparative, entre les dix métropoles de
l'échantillon, il convient de dresser le nouveau tableau uniquement
à l'aide de notes qualitatives.
3.3 ANALYSE SYNTHÉTIQUE
Nous recourons à la notation, avec des couleurs
classiques, dont un passage en revue est toujours utile à la
compréhension de tels tableaux. Soit le vert foncé
Très bien, le vert clair Bien, le jaune Moyen,
l'orange Mauvais, le rouge Très mauvais. Les
résultats synthétiques sont donc les suivants :
Id
|
|
% de la surface en espaces verts et agricoles
|
|
Homogénéité de la répartition des
espaces verts
|
|
Intensité de la présence de grandes surfaces
d'espaces verts interstitiels
|
|
Accès à la nature extra-urbaine
|
PAR
ION
MAD
BER
ATH
ROM
BUC
STO
COP
ZUR
88
Tableau 26 Données comparatives V Y.Schneeberger, 2011
(c)
Ce tableau résume l'ensemble des considérations
que nous avons jusqu'à présent portées, à partir
des cartes créées. Analyse chiffrée à l'appui
effectuée quelques lignes en amont pour Paris et Londres, nous
remarquons sans surprise que la capitale française obtient des notes
bonnes, sa richesse en vastes espaces verts interstitiels est relevée,
sa grande taille et sa compacité élevée lui
confèrent une accessibilité à la nature médiocre.
Sa rivale outre Manche obtient sans surprise une note négative pour la
surface, mais présente de surcroît un accès à la
nature extra-urbaine très mauvais, fruit de la taille de la ville, de sa
compacité et du faible taux de surface boisées au-delà de
sa délimitation. La répartition exemplaire des espaces verts
urbains vient tempérer ces résultats.
89
Les meilleurs élèves sont clairement Copenhague,
Zürich et Paris. La ville suisse présente la meilleure
accessibilité à la nature extra-urbaine, elle se fait toutefois
largement devancer par Paris et Copenhague quant aux surfaces d'espaces verts
urbains. La ville danoise atteint des niveaux exceptionnels d'offre de nature
en ville, sans que sa structure compacte ne l'y invite. En effet, ce sont bien
des politiques urbaines novatrices qui ont façonné cette
ville-verte depuis plusieurs décennies. En mètre carrés
par habitants, l'on obtient un chiffre exceptionnel de 112 mètres
carrés par habitants. Pour ces trois villes leader,
l'homogénéité de la répartition des espaces verts
non-agricoles est très bonne, d'ailleurs cette dernière l'est
pour toutes les métropoles occidentales
non-méditerranéennes. Les raisons sont historiques. Des
différences existent dans les couronnes suburbaines et
périurbaines, certaines villes ont englobés des aires
forestières dans leurs contours, d'autres pas. Les trois seules
métropoles où ce fait est remarquable sont justement Paris,
Copenhague et Zürich, ce qui leur permet de se positionner en tête
quant à l'offre en espaces verts urbains.
A l'inverse des métropoles cumulent les notes
négatives en la matière, à l'instar d'Athènes et
Londres, chacune ont trois notes sur quatre négatives. Aucune ne
présente d'espaces verts interstitiels, ni de bons taux de surface en
espaces verts. Leur excellente répartition déjà
relevée dans la métropole anglaise évite le rouge total,
de même que l'accès à la nature aisé pour les
Athéniens. En effet, petite ville, Athènes est faiblement
bordée par la mer, mais bien plus par des parcs naturels montagneux
parfois végétalisées.
Les autres métropoles naviguent dans des eaux moins
franches, tel Berlin, dont les 2,7 % d'espaces verts et 1,7% d'espaces
agricoles sont bien faibles au regard de l'offre des autres métropoles
d'Europe. L'excellente répartition de ces derniers compense cela sans
toutefois que la présence de grands espaces non-urbanisés ne
permettent de réduire l'attrait de l'extra-urbain, dont celui bordant
directement la ville est moyennement fréquentable car très
agricole. Malgré la tendance polynucléaire de la forme de Berlin,
peu d'espaces interstitiels en forme d'espaces verts ou agricoles ont
été incorporé par la croissance de la ville, à
l'inverse de Rome et de Madrid.
Cette dernière ville comporte également des
notes négatives ou neutres, malgré le fait relevé plus en
amont que Madrid ait pu incorporer de larges espaces agricoles dans la
métropole. En effet, tout comme Rome, ces deux villes
polynucléaires qui n'ont pas réussi à intégrer de
grands espaces verts dans leurs couronnes, comme à Paris, Copenhague ou
Zürich. Alors que la note moyenne sanctionne la ville espagnole, Rome s'en
sort mieux grâce à des surfaces tant agricoles que non-agricole
plus importantes. Il a été relevé que la forme
polycentrique était en cause, à ce stade de l'analyse, il semble
que le climat définisse largement quel type d'espaces (entres verts et
agricoles) est présent,
90
et que la forme urbaine permette ou non leur
développement. Ainsi des espaces agricoles composent tout le sud
madrilène et les couronnes de Rome. Ceci ce traduit par des
répartition des espaces verts très mauvais dans le deux cas. Par
ailleurs leurs limites villes-campagnes ne permettent pas de compenser ce fait,
puisque ces villes communiquent avec soit des espaces dénudés en
raison du climat, ou des zones presque intégralement agricoles.
Quant à Stockholm, elle présente de bonnes
notes. Il lui manque des espaces verts interstitiels pour en faire une ville
leader. Finalement Bucarest n'obtient pas une seule note positive, sans
toutefois être très mauvaise dans un secteur. De forme
polycentrique, nous remarquions dans l'analyse cartographique par
métropole que 100% des espaces agricoles intraurbains se situent en
couronne, au détriment des parcs et squares.
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