Mythe ou réalité des politiques publiques du régime politique issu des élections de 2006 et le redressement socio-économique de la province du sud - Kivu.( Télécharger le fichier original )par Alain de Georges SHUKURANI MUGENGERE Université Officielle de Bukavu (U.O.B) - Licence en Sciences politiques 2008 |
CHAPITRE I : CONSIDERATIONS GENERALES
Ce chapitre inaugural se propose d'examiner les concepts de base qui concourent à la systématisation de l'objet de notre étude et fait le déblayage théorique auquel nous nous sommes appuyé dans nos analyses tout au cours de la rédaction de ce travail. Section I. CADRE CONCEPTUELI.1. Politiques publiquesUne politique publique est définie par Yves Mény et Jean - Claude Théonig comme « le produit de l'activité d'une autorité investie de puissance publique et de légitimité gouvernementale », autorité considérée comme un organe public régulier.8(*) D'une manière générale, disons que les politiques publiques sont l'expression d'une volonté gouvernementale d'action (ou d'inaction). On peut les définir aussi comme des ensembles structurés, réputés cohérents, d'intentions, de décisions et de réalisations imputables à une autorité publique, qu'elle soit locale, nationale ou supranationale.9(*) Ainsi parlera - t - on de la politique publique de l'emploi, de santé publique, d'aménagement des infrastructures routières et scolaires et du logement dans le cadre de ce travail telle qu'inscrite sur l'agenda du pouvoir politique de la troisième République au Congo. Ces politiques publiques prennent des actes législatifs et réglementaires adoptés par des organes de décisions élus. Mais, l'important ici est souvent qu'il s'agit d'allocation des biens ou des ressources en vertu des procédures juridiquement contraignantes qui attestent la prérogative de puissance publique.10(*) Pour notre part, nous définissons les politiques publiques comme étant une expression d'une volonté gouvernementale, réputée cohérente, programmée d'actions selon la perception des besoins dans la société et susceptible d'être réalisée par l'allocation des biens ou des ressources en vertu de la prérogative de la puissance publique. I.2. DéveloppementD'entrée de jeu, notons d'abord que le développement est « un processus historique qui permet de sortir de l'état de sous - développement »11(*) Pendant que l'on peut parfaitement donner un bref aperçu sur les mouvements démocratiques du siècle de PERICLES à l'avènement des « démocraties des masse » (XXème S), il n'est pas de même du développement. Il s'agit ici, en fait, d'un néologisme forgé vers les années 1947, par les journalistes proches de la Maison Blanche, afin de justifier, auprès des contribuables américains, l'assistance que le président Harry Truman se proposait d'apporter à certains pays d'Europe dont l'économie venait d'être ravagée par les deux guerres mondiales.12(*) Tout cela était, en réalité, étroitement lié au conflit idéologique Est - Ouest. Il fallait mettre les alliés, l'Europe occidentale, à l'abri du péril rouge de l'URSS. La stratégie consistait donc à dénoncer la faim, la maladie ainsi que l'analphabétisme industriel de ce qui fut qualifié d' «Under developedcounrties » (pays sous - développés). Depuis, il s'est organisé toute une constellation de considérations culturelle, économique, politique et sociologique de ce concept de développement.13(*) La clarté étymologique du vocable « développement » pose quelques problèmes qui font de lui un terme indigeste. Du point de vue politique et sociologique, on peut soutenir qu'il vient du verbe latin « devellere », car ; il s'agit d'arracher sa liberté, se libérer des chaînes des us et pratiques surannées. Se développer, c'est s'émanciper.14(*) Du point de vue culturel et économique, on peut le faire venir du verbe latin « develare », dans la mesure où il s'agit de dévoiler son identité, de découvrir son propre chemin pour sortir du labyrinthe de la médiocrité, de la pauvreté.15(*) Etant donné que, d'une part « vellere » et « devellere » signifient tous deux « arracher » et que, d'autre part, il y a une certaine évolution entre « velare » (envelopper) et « develare » (désenvelopper) ; on peut s'accorder pour admettre que le verbe « développer » et partant du substantif »développement », vient du latin « develare » ce qui fait de son antithèse sous - développement un abus discursif. L'abus porte sur le préfixe « sous ».16(*) Certains pays sont effectivement en retard de croissance économique par rapport à d'autres (cas de la RDC), en raison de leur incapacité de se libérer, à surmonter les obstacles de la nature et à transformer les ressources insoupçonnables. Par delà, le sens qu'on accorde aujourd'hui au terme développement est celui d'un phénomène auto - excitateur dont le dynamisme est produit par l'agent développeur lui - même.17(*) Notons ainsi que le développement est à la fois un processus et un résultat. En tant que processus, le développement est un ensemble de combinaisons des structures de production et d'échange d'une société donnée, en vue d'obtenir la satisfaction de toutes ses aspirations aussi bien quantitatives que qualitatives. En tant que résultat, il se manifeste par des indicateurs sociaux dont les plus sensibles sont : la santé et le train de vie (l'habitat, l'alimentation et l'éducation) qui sont, d'ailleurs, des expressions infaillibles du bien - être social.18(*) Comme processus ayant pour objectif le recul de la pauvreté, le développement n'est pas naturel. On sait qu'il n'a pu se «réaliser » ailleurs qu'au prix d'importants bouleversements sociaux. Pour s'en convaincre, prenons le cas des pays les plus industrialisés de l'Europe occidentale dont la France et la grande - Bretagne, pour ne citer que ceux - là, avant les deux guerres mondiales. Aussi ne doit - il pas être envisagé uniquement en termes de performances chiffrées, mais être conçu comme interaction susceptible de procurer la satisfaction des besoins vitaux. C'est dire que le développement en appelle à la solidarité des capacités et des compétences pour rentabiliser les ressources disponibles ; une variable, pourrions - nous dire, difficilement observable au sein de la classe politique en RDC. Et cependant, la rentabilité étant un idéal absolu, elle est étroitement liée au travail et à la créativité. Cette façon de voir le développement le place à cheval entre la politique - qu'on peut définir avec François ABIBI comme la capacité des dirigeants à percevoir un signe de l'environnement humain et de l'interprétation pour ou contre une situation - 19(*) et l'économie, en tant qu'organisation des moyens de production et de gestion. Autrement - dit, le développement se construit sur un ensemble de solutions économiques aux problèmes politiques et sociaux. Une économie saine, estime ABIBI, est génératrice de la confiance, de la stabilité politique et de la sécurité sociale. Par contre, la misère, manifestation de la banqueroute de l'Etat, engendre non seulement l'insécurité dans la société, mais aussi la sédition politique.20(*) Le développement étant ainsi l'interaction de plusieurs paramètres générateurs du bien - être social, nous nous le présentons comme l'amélioration des conditions de vie, aussi bien quantitative (PNB) que qualitative (taux d'alphabétisme, logement, santé,...), des peuples dans une société donnée. Cela étant, voyons que recouvre la notion du « gouvernement »et les autres concepts qui lui sont étroitement liés. * 8ALCAUD, BOUVET et alii. Dictionnaire des sciences politiques et sociales, Paris, Dalloz, 2004,p.420 * 9MULLER, Pierre. Les politiques publiques, Paris, PUF, 1990, p.40 * 10GILLIS, Malcolm et alii. Economie du développement, Bruxelles, De Boeck, 2001, p.18 * 11 GILLIS, Malcolm et alii. Op. Cit, p.18 * 12ABIBI, François. Démocratie et développement, Lueurs et leurres (Cap sur l'ex - zaïre), Kinshasa, éd.Fued, 1998, p.50 * 13 Idem * 14 Idem * 15 Ibidem, p.51 * 16ABIBI, François. Op. Cit, p.51 * 17Idem * 18 Ibidem, p.52 * 19ABIBI, François. Op. Cit, p. 52 * 20 Idem |
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