IV.2. Evaluation de
« cinq chantiers »
Avant de procéder à l'analyse des
résultats obtenus relatifs aux enquêtes menées
auprès des personnes avec lesquelles nous nous sommes entretenu en
fonction de leurs statuts sociaux et des territoires où elles habitent,
nous traçons ci-dessous le tableau d'identification des
enquêtés.
IV.2.1. Tableau d'identification des enquêtés
N°
|
Entités territoriales
|
Catégories professionnelles en
nombre
|
Agents de l'Etat
|
Etudiants
|
Autres fonctionnaires
|
Sans fonction
|
Total/entité
|
1
|
Bukavu
|
8
|
4
|
4
|
4
|
20
|
2
|
Kabare
|
3
|
4
|
3
|
4
|
14
|
3
|
Kaleha
|
2
|
3
|
1
|
2
|
8
|
4
|
Shabunda
|
1
|
2
|
-
|
2
|
5
|
5
|
Mwenga
|
-
|
3
|
-
|
2
|
5
|
6
|
Uvira
|
5
|
4
|
3
|
3
|
15
|
7
|
Fizi
|
2
|
2
|
-
|
1
|
5
|
8
|
Idjwi
|
3
|
4
|
2
|
1
|
10
|
9
|
Walungu
|
2
|
4
|
1
|
1
|
8
|
TOTAL GENERAL
|
90
|
Source : Nos investigations
IV.2.2. Commentaire et analyse des résultats.
Le tableau ci-dessus renseigne sur les personnes avec qui
nous nous sommes entretenu en rapport avec les réalisations dans le
cadre des « cinq chantiers » dans les différents
territoires de la province du Sud-Kivu et sur l'appréhension ou la
perception de la population relative aux modes de gouvernance de cette
première législature de la troisième République au
Congo. Signalons aussi, avant l'analyse des résultats, ce fait que dans
la catégorie « agents de l'Etat » nous avons pris
les fonctionnaires de l'Etat et les agents politiques. Dans la catégorie
« étudiants », nous ne nous sommes entretenu qu'avec
ceux-là qui étudient à Bukavu mais qui se rendent
régulièrement dans leurs territoires. Dans la catégorie
« autres fonctionnaires », nous avons interviewé les
personnes qui exercent autres fonctions que celles des agents de l'Etat. La
catégorie « sans fonction », enfin, concerne les
gens qui n'exercent rien dans la société, entre autres
chômeurs.
De prime abord, rappelons ceci que les « cinq
chantiers » sont restés lettre morte dans la ville tout comme
dans les différents territoires au Sud-Kivu hormis la
réhabilitation de la route « place du 24 » qui
atteint déjà quelques territoires et la construction de quelque
trois écoles. Ainsi, la plupart de nos enquêtés, en termes
même de plus de 86% , soit 78 personnes, ont penché la balance en
faveur du leadership pour la réalisation des politiques publiques mises
en place ; et plus de 78%, soit 71 personnes ne croient pas à la
réalisation de ces « cinq chantiers » à la
fin de ce mandat. Ils justifient leurs positions de diverses raisons mais dont
les plus saillantes et conciliables sont les suivantes :
1. Dans la ville de Bukavu, nous avons interviewé 20
personnes dont les avis sont : A la question « qu'est - ce qui
explique le non démarrage effectif descinq chantiers au Sud-Kivu,
particulièrement dans la ville de Bukavu, 17 ont stigmatisé la
mégestion du Gouvernement, le manque de volonté politique et
l'incompétence de certains dirigeants, 3 seulement ont fait allusion
à la guerre qui perturbe le Gouvernement dans la réalisation de
ces chantiers ».
A la question de savoir si « les dirigeants
actuels, à tous les niveaux, ont des profiles des gens qui promeuvent
la bonne gouvernance pour le redressement socio-économique de la
province en particulier et du pays en général ? »,
17 ont évoqué le primat des intérêts personnels sur
l'intérêt général, la corruption, le
détournement qui sont des pratiques contraires à la bonne
gouvernance, 3 ont abondé dans l'affirmative de cette question.
A la troisième question « croyez - vous
à la réalisation des cinq chantiers dans la ville de Bukavu pour
ce mandat ? », 15 enquêtés n'y croient plus et 5
ont affirmé que ne serait-ce qu'à 20% certains travaux seront
réalisés.
2. Dans le territoire de Kabare, nous nous sommes entretenu
avec 14 personnes pour savoir quelles réalisations y ont
été déjà faites dans le cadre de cinq chantiers. A
part la route « place du 24 » qui y est déjà
arrivée, nos enquêtés n'ont cité rien d'autre.
Pour savoir combien de projets sont en cours
d'exécution, ils nous ont révélé la construction
d'une école primaire et d'un institut, et la réhabilitation de
l'électricité par la SNEL.
« Qu'est-ce qui explique le non démarrage
effectif de cinq chantiers au Sud-Kivu, particulièrement dans votre
territoire?. 11 enquêtés ont stigmatisé la mauvaise
volonté, la mégestion dans la chose publique, 3 ont
soulevé le problème lié à la guerre.
« Les dirigeants actuels, ont-ils des profiles des
gens qui promeuvent la bonne gouvernance pour le redressement
socio-économique de la province en particulier et du pays en
général? », 12 ont répondu que les pratiques dans
lesquelles les dirigeants se lancent sont loin de rencontrer les
préoccupations de la population. Parmi ces pratiques, ils ont fait
allusion à la corruption, aux primats des intérêts
personnels et à l'irresponsabilité, deux de ces
enquêtés ont répondu affirmativement à cette
question et ont estimé que les dirigeants s''y mettaient.
« Croyez-vous à la réalisation de cinq chantiers dans
la province du Sud-Kivu et particulièrement dans votre territoire?
» 11 de nos enquêtés n'y croient plus à deux ans de la
fin du mandat. 3 estiment que le Gouvernement réalisera son programme
dans ce cadre à hauteur de 15%.
3 Dans le territoire de Kalehe, rien n'est jusque là
réalisé à en croire nos huit enquêtés.
Cependant, seulement trois écoles primaires sont en train d'être
construites. Le non démarrage de cinq chantiers dans ce territoire est
expliqué, selon nos 6 enquêtés, par la mégestion de
la classe dirigeante, le manque de volonté politique, 2 ont
relevé le problème des moyens suffisants pour le Gouvernement en
vue de l'exécution des travaux. Par rapport à la perception des
modes de gouvernance, 6 ont soulevé la mauvaise gouvernance pour autant
que les dirigeants ne travaillent que pour leurs propres comptes, 2 ont
émis des avis favorables en disant que d'une manière ou d'une
autre le Gouvernement essaie de restaurer la bonne gouvernance. 6 n'ont pas cru
à la réalisation de « cinq chantiers« dans leur
territoire et deux estiment qu'à plus de 10 % le Gouvernement pourra
faire quelque chose à l'issu du mandat.
4 Dans le territoire de Shabunda, les cinq chantiers sont
également restés lettre morte jusqu'à preuve du contraire
et aucun projet n'est en cours d'exécution à en croire nos
enquêtés. Comme les précédents, tous nos
enquêtés ressortissants de Shabunda, en visite à Bukavu,
ont expliqué le non démarrage de cinq chantiers de la
République par les mêmes raisons. Notamment la mégestion,
le manque de volonté politique. Cependant, ils perçoivent les
modes de gouvernement comme ne permettant pas au pays en
général, et à la province en particulier d'aller brouter
plus loin que là où ils sont attachés en ce qui concerne
la situation socio-économique. Ils stigmatisent ainsi la mauvaise
gouvernance, la corruption,...Tous nos cinq enquêtés ici ne
croient plus à la réalisation de ces cinq chantiers.
5 Dans le territoire de Mwenga, la réalisation de cinq
chantiers est également non perceptible. Comme projet en cours
d'exécution, c'est la réhabilitation de la route par les
contingents chinois qui s'observe. Nos cinq enquêtés disent aussi
que le non démarrage de ces chantiers est expliqué par le manque
de volonté politique, l'incompétence et
l'irresponsabilité du Gouvernement. Tous ont affirmé que les
dirigeants actuels n'ont pas de profiles de la bonne gouvernance d'autant plu
qu'ils ne travaillent que pour leurs propres comptes en oubliant les
préoccupations de la population. 4 n'ont pas cru à la
réalisation de cinq chantiers, 1 a pensé qu'ils pourront
être réalisés à 10%.
6 Dans le territoire d'Uvira, les cinq chantiers n'ont pas,
non plus, commencé et la population les aperçoit comme un slogan.
13 ont expliqué la non matérialisation effective de ces
politiques publiques par des maux qui rongent le sol politique congolais dont
la mauvaise gestion des dirigeants, l'irresponsabilité,
l'incompétence, l'immobilisme et surtout le manque de volonté
politique. 2 ont relevé le problème des moyens adéquats vu
la guerre qui continue à secouer l'Est du pays. 12 ont avoué que
les dirigeants actuels ne disposent pas des profils appropriés pour
insuffler l'air du redressement socio-économique dans la province pour
autant que la mauvaise gouvernance continue à s'observer et le primat
des intérêts privés sur l'intérêt
général bat le record à travers la corruption et le
détournement des deniers publics, 3 ont affirmé que le
régime en place essaie de travailler selon le modèle de la bonne
gouvernance et qu'il lutte pour le redressement socio - économique
seulement les défis de l'heure au pays sont immenses. Les 12
enquêtés n'ont pas cru à la réalisation de cinq
chantiers dans ce territoire vu l'allure dans laquelle vont les choses
actuellement, 3 ont pensé que certains travaux seront
réalisés à hauteur de 10%.
7 Dans le territoire de Fizi, c'est la même situation
qu'à Uvira où rien n'est fait dans le cadre de cinq chantiers, et
rien n'est en cours d'exécution sauf les projets dont les initiatives
sont prises par les organisations non gouvernementales. Les cinq
enquêtés ont abondé, en ce qui concerne le non
démarrage de cinq chantiers dans leur territoire dans le même sens
que ceux-là qui ont pensé que la mauvaise gestion, le manque de
volonté, l'incompétence, la léthargie retardent le
démarrage desdits projets. Ils ont encore estimé que la mauvaise
gouvernance, le primat des intérêts privés des dirigeants,
la corruption ne permettent pas au Gouvernement de réaliser son
programme dans leur territoire et pourquoi pas dans la province. 4 de ces cinq
enquêtés ne croient pas à l'heure actuelle à la
réalisation de cinq chantiers qu'ils considèrent maintenant comme
une utopie, un chapelet de bonnes intentions.
8 Dans le territoire d'Idjwi, nos enquêtes renseignent
qu'aucune réalisation, comme dans les précédents
territoires n'a été faite, ni aucun projet n'est en cours
d'exécution. 9 de nos enquêtés ont expliqué cela par
la mégestion des dirigeants actuels et le manque de volonté
politique. 1 a penché la balance en faveur des évènements
des guérillas à l'Est du pays. Tous ont battu en brèche
les modes de Gouvernement dont les membres ne travaillent que pour leurs
propres intérêts, et donc la mauvaise gouvernance ne leur permet
pas de redorer l'image socio - économique du territoire. 8 ne croient
pas à la réalisation de cinq chantiers pour le temps du mandat
qui reste, et 2 pensent que même à plus de 10% le programme du
Gouvernement pourrait s'exécuter dans leur territoire.
9 Dans le territoire de Walungu, enfin, grand - chose n'est
jusque là pas réalisé à part
l'électricité dans le centre du territoire par des
transformateurs donnés par le chef de l'Etat, et aucun projet n'est en
cours d'exécution. Nos 7 enquêtés pensent que ceci est
expliqué par la mauvaise gestion, le manque de volonté politique
et l'irresponsabilité des dirigeants. 1 a stigmatisé le fait
lié à la guerre. Ils ont estimétous, cependant, que les
notions de la bonne gouvernance ne sont pas observées par les dirigeants
qui font prévaloir la corruption, le détournement des deniers
publics et les intérêts personnels. 6 pensent que les cinq
chantiers ne se réaliseront plus à quelque temps de la fin du
mandat et 2 relèvent que ceux - ci pourront être
exécutés à hauteur de 15%.
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