Mythe ou réalité des politiques publiques du régime politique issu des élections de 2006 et le redressement socio-économique de la province du sud - Kivu.( Télécharger le fichier original )par Alain de Georges SHUKURANI MUGENGERE Université Officielle de Bukavu (U.O.B) - Licence en Sciences politiques 2008 |
CHAPITRE IV : IMPACT SOCIO-ECONOMIQUE ET EVALUATION DES « CINQ CHANTIERS » AU SUD - KIVUIV.1. Impact socio-économique des « cinq chantiers » sur la vie du peuple auSud-KivuA première vue, rappelons - avec François Abibi - que la santé, l'habitat, l'alimentation et l'éducation sont des expressions infaillibles du bien-être social. Comme processus ayant pour objectif le recul de la pauvreté, le développement n'est pas naturel. On sait qu'il n'a pu se « réaliser » qu'au prix d'importants bouleversements sociaux dans d'autres sociétés. Le développement en appelle ainsi à la solidarité des capacités et des compétences pour rentabiliser les ressources disponibles ; une variable, pourrions-nous encore dire, difficilement observable au sein de la classe politique en RDC. La RDC est, en Afrique subsaharienne, classée troisième en termes de population et deuxième en termes d'étendues de terre arable. Au niveau mondial, elle est deuxième à posséder une grande forêt tropicale humide. Elle possède des terres fertiles, une pluviométrie suffisante, considérable et une variété des ressources minérales.68(*) Dans son histoire, ses exploitations du cuivre, du cobalt, de l'or, du zinc et d'autres métaux ainsi que celle du pétrole lui ont procuré 75% de revenus qui lui ont permis de contribuer, par ses exportations, au produit interne brut à hauteur de 25%.69(*) Malgré l'abondance des matières, l'économie du pays s'est pratiquement effondrée au cours de dernières décennies à cause principalement de la mauvaise gestion et des conflits armés. Force est alors de constater que la population vit dans des conditions précaires et une pauvreté absolue malgré les potentialités immenses dont dispose le pays. Ainsi, 16 millions de personnes souffre de faim, 73% de la population vit dans l'insécurité alimentaire d'après les estimations de la FAO. En effet, tout au long de ce travail, nous avons dit que les politiques publiques « cinq chantiers » mises en place par la première législature de la troisième République étaient à même de redresser la situation socio - économique du pays en général, particulièrement du Sud - Kivu, pour peu que les contraintes institutionnelles, financières, techniques et judiciaires soient d'application et que le programme lui - même ait été cohéremment conçu. Les routes, par exemple, pourraient faciliter les échanges de tout genre entre les différents territoires ou bien entre le chef - lieu de la province, et conséquemment contribuer au mieux - être de la population de telle ou telle autre manière. Il existe au Sud-Kivu des territoires enclavés et déconnectés de la réalité des évènements qui se passent dans d'autres coins de la province à cause du délabrement du réseau routier. Le territoire de Shabunda, pour ne citer que celui-là, demeure enclavé pourtant il détient des potentialités agricoles ou d'autres produits vivriers (riz, arachides, huiles de palme, ...) qui, si les routes étaient praticables, pourrait desservir d'autres parties de la province et ainsi réduire, tant soit peu, le déséquilibre ou la sous alimentation au Sud-Kivu. D'ailleurs, nous savons généralement que les sociétés démocratiques se fondent notamment sur le principe de la libre circulation des biens et des personnes. De même, perçu comme la croissance du bien - être, le développement est la conséquence d'une bonne production et distribution des biens. Ce qui nécessite de bonnes voies de communication. Le délabrement du réseau routier au Sud-Kivu même après plus de deux ans et demi de la législature renseigne d'ores et déjà sur le manque de volonté politique des dirigeants ainsi que sur le caractère illusoire de la réalisation des politiques publiques symbolisées par l'expression « cinq chantiers ». La création d'emplois, pour sa part, pourrait diminuer le niveau de chômage élevé au Sud-Kivu, et donc réduire tant soit peu la pauvreté dans laquelle la population Sud-kivutienne est en train de croupir. Les établissements scolaires et universitaires produisent chaque année des diplômés dont la majorité reste au chômage puisqu'il y a carence d'emplois au Sud-Kivu. La création d'emplois promise par le chef de l'Etat ne se remarque pas dans la province, bien au contraire. Le taux de chômage continue à accroître au Sud-Kivu depuis 2006. Le logement, quant à lui, pourrait permettre à une partie de la population, dont les besoins sont très ressentis à cet effet, d'abriter des maisons dans des conditions humaines. Par de là, l'Etat pourrait d'ailleurs construire des maisons qu'il ferait louer en vue de se procurer de l'argent à affecter à la réalisation de certains autres projets. Rien n'a non plus été déjà réalisé dans le cadre du chantier « logement » au Sud-Kivu, ni du moins, aucun projet n'est en cours d'exécution dans ce domaine. Cela nous porte à penser que la promesse tenue dans ce cadre ne sera pas respectée au bout de ces quelque deux ans qui restent à cette législature. L'eau et l'électricité sont très essentielles pour le développement d'un pays. L'eau, c'est la vie, dit - on. Disponibiliser de l'eau potable dans toute la province, ce serait contribuer à l'amélioration des conditions de vie de la population car, pour le moment, la pénurie en eau potable se fait sentir de plus en plus et a des conséquences défavorables sur la vie de cette population appauvrie depuis longtemps. Si cette population, qui a difficile de se procurer de quoi manger d'une manière équilibrée, demeure dans la situation d'allumer des lampes à huile, des bougies et même passer des nuits dans l'obscurité. Ceci enfonce de plus en plus la les conditions de vie de la population du Sud-Kivu dans un état de misère indescriptible. L'électricité pourrait alors réduire ces coûts, et plus loin, assurer, par pas progressifs, l'implantation d'une industrie relativement complète. La carence en eau et la rareté de l'électricité dans plusieurs coins de la province du Sud-Kivu contribuent au malaise socio-économique que subit la population. En dépit d'immenses potentialités du pays, et particulièrement le Sud-Kivu, dans le domaine des eaux et de l'énergie, ce chantier est loin de rencontrer les préoccupations de la population dont une partie ultra majoritaire n'est pas desservie en ces ressources. La construction des écoles et hôpitaux pourrait permettre à la population la scolarisation et l'accès facile aux soins de santé. Au Sud-Kivu surtout dans les territoires, on retrouve un nombre croissant de jeunes non scolarisés à cause d'une paupérisation généralisée et d'une misère grandissante. D'aucuns, même avec un diplôme de l'université, sont simplement au chômage. Il sied d'ailleurs de signaler à cet effet que même l'enseignement obligatoire et gratuit dans les établissements publics tel que prévu par l'art. 43 de la constitution pour l'école primaire n'est jusque là pas de mise, au contraire, les frais y ont été revus à la hausse. De façon générale, la population du Sud-Kivu est impatiente parce que fatiguée par la guerre, la pauvreté et la misère. Cette impatience se traduit aussi par des grèves, notamment des enseignants, du personnel soignant et des agents de la fonction publique. Dans cette optique, disons que ces politiques publiques n'ont pas encore d'impact positif sur la situation socio -économique de la population du Sud-Kivu pour autant qu'elles y demeurent, jusqu'à preuve du contraire, lettre morte sauf quelques exceptions près. Ainsi, la non réalisation des promesses par le régime élu du Président Joseph KABILA risquerait de plonger le pays dans une situation peu confortable. Cela étant dit, voyons à présent ce sur quoi renseignent nos enquêtes sur le terrain en vue de bien évaluer les « cinq chantiers » au Sud-Kivu. * 68MINANI, Rigobert. « la problématique des ressources minières en RDC : état de lieux et perspectives », In congaf, n°471, Kinshasa, CEPAS, 2007, p.501 * 69 Idem |
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