B- SUR LE PLAN ÉCONOMIQUE
Pour une zone essentiellement agricole, la chute vertigineuse
des cours du café et du cacao sur le marché mondial
hypothèque largement les ambitions paysannes. Leurs revenus gui
abaissé de 70% risquent de s'accentuer. La majorité du paysan s
pour principale activité, l'agriculture basée sur la production
de café et de cacao essentiellement. 11 leur faut développer des
secteurs d'activité jusque-là négligés.
La dissolution de la SODENKAM a plutôt empiré la
situation de la région, créant de nouveaux problèmes
économiques.
La monnaie se fait de plus en plus rare et circule
difficilement; ceci s'explique par le fait que chaque mois la SODENKAM
dépense plusieurs millions de francs CFA pour la paie de ses 400
employés et agents. Cette masse monétaire qui entre ainsi dans la
zone se réparti de façon indirecte aux paysans," producteurs des
produits vivriers qu'on écoule sur le marché local. Le
départ massif des salariés, principaux consommateurs de ces
produits agricoles, a réduit la demande sur le marché, et les
dépenses qu'ils faisaient sur les autres services. Cela limite les
échanges internes dans la région.
Le manque d'activité de transport, l'absence de petites
et moyennes entreprises (boulangerie par exemple), place la région dans
une situation de dépendance totale vis-à-vis de
l'extérieur pour son approvisionnement en produits de première
nécessité. Les infrastructures de communication sont
insuffisantes; celles qui existent sont détériorées. Avec
une économie fortement extravertie, la région de Nkondjock doit
trouver des solutions endogènes, par un développement
autocentré.
C -DU POINT DE VUE SOCIO-CULTUREL
La région de Nkondjock, avec la création de
l'Opération Yabassi-Bafang, a conduit à la formation d'une
société bicéphale: d'un côté le
sous-préfet clé l'arrondissement de Nkondjock et de l'autre le
Directeur Général de la SODENKAM. Cependant les paysans n'ont pas
la même attitude à l'égard de ceux-ci.
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Cliche auteur 07/04/91 9h
Photo 5 et 6: Abandon des infrastructures
socioculturelles.
Ci-dessus le centre de santé (CSD) de la SODENKAM
fermé lors de la dissolution alors qu'il ya une insuffisance des
équipements sanitaires.
Le loisir souffre également du manque
d'infrastructure comme l'atteste le snack bar envahi par les broussailles
(ci-dessous)
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Avec le départ du Directeur Général, les
villages pionniers sont désormais sous l'autorité du
sous-préfet. Le dossier pionnier lui est confié, et dans ce
cadre, i1 est chargé d'installer les nouveaux venus, de régler
les différends entre les paysans. C'est cette transition d'une
société bicéphale vers un acéphalisme qui marque
actuellement ta région.
Ce changement d'autorité au sommet de la
hiérarchie se traduit dans les villages par la faible influence des
dirigeants. On constate un laisser-aller des paysans qui accordent très
peu d'attention aux réunions et aux décisions des chefs
(présidents du comité de direction)
Les associations culturelles et sportives sont de moins en
moins actives, faute d'infrastructures pour stabiliser les jeunes, la
région perd progressivement son ambiance populaire. Les
équipements existants, sont inopérants, paralysant du même
coup, tout le système de loisir de la région.
La population de l'Opération est une mosaïque
ethnique (cf . 1 partie, chap. 2) . Les éléments
culturels qui en découlent, n'ont aucune identité définie;
ni de celles des autochtones, encore moins de celle des Bamiléké
qui sont, majoritaires dans fa zone. OUI pis l'enclavement de la zone, la
maintient à l'écart de la mode populaire dans les villes.
La colonisation agricole rurale de l'Opération
Yabassi-Bafang, motivée par l'Etat a attiré de nombreuses
ethnies; les plus éloignées du département du Nkam et
même des expatriés. Elles sont venues mettre en valeur la
région de Nkondjock contre un encadrement étatique. 22ans
après le lancement de l'Opération Yabassi-Bafang, les
succès sont encourageants. C'est
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à ce moment que le gouvernement décide de
résilier le contrat passé entre lui et les immigrants, Ces
derniers sont abandonnés, sans avis et ne possèdent aucune
garantie sur la propriété foncière. Or depuis 3ans que la
société d'encadrement est dissoute, aucune solution de rechange
n'est encore proposé. En attendant les pionniers s'organisent selon leur
propre logique, en dépit des difficultés que traverse la
région.
Dans ce contexte, quel sort sera réservé
à ces paysans d'origine diverse qui assument des structures sociales
imposées et qui n'ont plus aujourd'hui que de lointains rapports avec
les structures traditionnelles de départ. De quelle
société sera faite 1'Opération Yabassi- Bafang de demain ?
C'est 1 'inéluctable question du devenir, d'une zone longtemps
assistée qui est ainsi posée.
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