TROISIÈME PARTIE :
LE DEVENIR D'UNE ZONE LONGTEMPS ASSISTÉE
Au regard des multiples mutations des paysanneries de
l'Opération Yabassi-Bafang, le devenir de cette zone est
problématique, pour une région grande productrice de café
et de cacao et qui a été longtemps assistée par l'Etat.
Cette assise prolongée a placé les paysanneries dans une
situation de dépendance totale vis-à-vis de celui-ci. Au moment
où les prix des matières premières agricoles chutent, 1 '
Etat quitte en même temps la région aggravant ainsi les
difficultés socio-économique
Compte tenu de l'évolution particulière de
chaque village, le devenir global de la région est difficile à
envisager, à moins que des solutions soient apportées aux
problèmes de fonds. Ainsi, pour chaque village nous allons analyser son
avenir est fonction des acquis sur le Terrain, notamment sur lys plans
géographiques et démographique. L'influence extérieure qui
s'annonce
peut à long terme, résoudre certaines
difficultés surtout dans les villages qui bénéficient
déjà de certaines conditions favorables.
CHAPITRE I ;
UN AVENIR FONDE SUR LA STRUCTURE INTERNE DE CHAQUE
VILLAGE
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A - DES VILLAGES DÉMOGRAPHIQUEMENT OPPOSES.
L'élément démographique est une
composante essentielle dans 1'élaboration de tout projet de
développement. Ses incidences sur le milieu sont directes et
nécessitent des prévisions à long terme. Les villages de
l'Opération Yabassi-Bafang n'ont pas le même poids
démographique. Ainsi, l'effectif de la population varie parfois du
simple au double; N'jingang compte un habitant, alors que Ndock-samba en compte
689 et Malé, 725. Une population nombreuse est un atout
économique, car la région nécessite davantage de bras de
travail. Les villages ayant une population élevée sont aussi ceux
gui disposent d'un plus grand nombre d'exploitants : M'jingang compte 63
exploitants ou chef d'exploitation contre 107 Malé.
La situation matrimoniale est loin d'être uniforme.
Didipé est le village qui a le plus fort taux de célibataires
(45,3%). Ceci est la conséquence d'une forte proportion des jeunes ; 28%
ont moins de 30 ans qui, même mariés, arrivent d'abord seuls dans
la région, ce qui se traduit
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par un nombre réduit de femmes et d'enfants. Dans les
autres villages par contre, plus de 70% des hommes sont mariés. Et pour
ce qui est de N'jingang, la tendance est au vieillissement des
paysans, car 44,7% ont plus de 60 ans. Malgré le pourcentage
élevé des mariés, ce village a très peu d'enfants
par rapport à N' dock-samba, gui avec une situation matrimoniale
comparable, est plus favorisé et dispose d 'une école primaire
à cycle complet et d ' une école maternelle.
L'installation des sociétés privées de
commercialisation de café à Male et à N'dock-samba ne
relève pas du hasard: l'environnement humain de ces villages en est
favorable.
Le niveau d'instruction des paysans présente de grands
écarts, mais est très appréciable dans l'ensemble pour une
zone rurale. À Didipé 14,1% de paysans ont abordé le
second cycle de l'enseignement secondaire et parmi eux, 4,5% ont obtenu le
Probatoire et le Baccalauréat.
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Figure.. : Répartition par âge des
pionniers
Source : Enquête directe
Compte tenu de cette, situation démographique en
déséquilibre dans les villages, leur avenir augure de grandes
distorsions. N'dock-Samba a une structure démographique quelque peu
favorable, a lors que celle de N' j:ingang pourrait compromettre son avenir.
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