X - METHODOLOGIE DE RECHERCHE
Notre travail porte sur la production du haricot sec sur les
hautes terres de l'Ouest Cameroun en prenant l'exemple de la Mifi.
1. Il s'agit d'analyser l'évolution des cultures
vivrières par rapport aux cultures de rente comme le café
arabica. Or, à l'heure actuelle tous s'accordent à penser que le
café a fait son temps et que pour insuffler une nouvelle dynamique
à nos campagnes, il serait important de repenser les bases de notre
agriculture. Autrement dit, quel type d'agriculture voulons-nous pour notre
région ? Une agriculture patrimoniale et/ou une agriculture
spéculative ?
2. Vu la place que la caféiculture a longtemps
occupé dans notre système de production et dans la vie des
populations de la région, pendant près de 70 ans (1913 - 1985),
remplacer une plante de cette envergure ne saurait se faire sans grincements de
dents. C'est ce explique la crise généralisée que nous
vivons depuis plus d'une décennie et pour la résorber, il
faudrait rechercher les causes tant au niveau structurel que conjoncturel.
3. C'est une option méthodologique pour nous que de
partir de la crise sus évoquée pour analyser la production du
haricot sec. Pour ce faire, il serait intéressant de voir et de
redéfinir le rôle des acteurs principaux de notre agriculture
à savoir l'Etat d'une part et les paysans d'autre part. A y regarder de
près, on se rend compte qu'avec la libéralisation
économique, c'est la fin de l'Etat providence pour les paysans notamment
qui n'ont pas été préparés à ce nouveau jeu
ou l'on parle de plus en plus de l'ouverture des marchés
(mondialisation). Ceci induit la fin des accords et des monopoles commerciaux.
Comment dans ce contexte, avec cette nouvelle donne où l'Etat est
absent, les paysans peuvent-ils se définir seuls par rapport aux
marchés ?
4. Désormais dans les campagnes, c'est le
désarroi et les paysans pour ne pas se laisser faire, entreprennent
spontanément des actions individuelles et collectives pour tenter de
survivre et de vivre ensuite. Là encore, l'incertitude est totale car,
tout le monde s'interroge : Quelle
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activité peut-elle permettre de résorber la
crise ambiante ? De plus, ces derniers moments, on assiste au
développement des petits métiers (commerce) et à la
conquête de nouvelles surfaces cultivables.
5. Au niveau des exploitations agricoles, on note une
intensification des activités agricoles avec le développement
de la production vivrière et l'adoption de nouvelles cultures
maraîchères, qui bénéficient en cela de la situation
démographique en pleine expansion et surtout de l'explosion urbaine. Par
exemple, Douala et Yaoundé avec 1,5 et 1,2 millions d'habitants ont
besoin de 2.500 tonnes de nourriture par jour. Les paysans recherchent une
culture multifonctionnelle qui peut non seulement assurer une alimentation
riche mais qui peut également générer des revenus
réguliers et importants dans des délais restreints.
6. Le haricot est une plante très importante dans le
système de production actuelle et il serait intéressant de
faire une présentation agronomique afin de mieux comprendre les atouts
dont il dispose. Bénéficiant aussi des conditions physiques de
production favorables, l'intérêt des hommes pour cette plante ne
peut que croître, ce d'autant plus que le haricot joue et pourrait jouer
davantage plusieurs fonctions. A ce titre, le haricot peut-il être
à la fois une culture de consommation courante, un vivrier
essentiellement marchand et une culture d'exportation ou de spéculation
?
7. Nous ne pouvons pas analyser cette situation du haricot
sans chercher à comprendre les facteurs d'une telle stimulation. Dans
un monde où les mobiles économiques déterminent presque
à eux seuls les actions et la hiérarchie des valeurs, nous nous
intéresserons d'abord aux prix et à la consommation pour
constater que le rayon de commercialisation du haricot ne cesse de s'allonger
au-delà des frontières nationales; l'influence sur la production
est directe et grande. D'après cette tendance d'évolution, le
haricot pourra-t-il à long terme satisfaire la demande extérieure
? Seule une analyse des conditions de productions actuelles pourrait nous
permettre de répondre à cette question si importante pour
l'avenir de cette culture.
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8. La production du haricot n'est pas un fait nouveau ou
récent pour
les populations des hautes terres de l'Ouest - Cameroun. Le
système et la technique de production sont traditionnels, ce qui induit
des rendements bas. En revanche, avec la crise et les mutations en cours, on
note des aménagements dans la production du haricot. N'est-ce pas la une
amorce d'innovation technique endogène ?
1. LA QUESTION CENTRALE
`' Le haricot, culture essentiellement vivrière,
peut-il également être une source importante de revenu pour les
paysans, comme l'était jadis le café ?»
2. HYPOTHÈSES DE RECHERCHE
a) HYPOTHÈSES PRINCIPALES
- La production du haricot peut jouer un rôle important
dans les mutations spatiales et sociales de la région
- Le système de production actuelle du haricot n'est
pas en mesure de satisfaire une demande externe croissante, d'où la
nécessité d'un processus d'innovation technique.
b) HYPOTHÈSES SECONDAIRES
? En complantation ou en monoculture, le haricot
s'insère facilement dans le calendrier agricole et s'adapte mieux
(convient) au nouveau paysage agraire.
? Les revenus tirés de la vente du haricot attirent de
nouveaux acteurs et permettent d'améliorer le niveau de vie des
producteurs / productrices.
? Une innovation endogène est possible grâce
à la remise en question du système de production actuel par les
paysans eux-mêmes.
? Le succès de l'innovation technique passe
également par l'appui extérieur de l'Etat et/ou des partenaires
économiques privés.
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3. ELABORATION DU GUIDE D'INTERVIEW
4 OBJECTIF DE L'ENQUÊTE.
- Faire une typologie des producteurs du haricot sur les
critères démographiques (âge, sexe, situation matrimoniale
...)
- Analyser l'influence de la structure foncière sur la
production du haricot et sa place dans le système agraire.
- Identifier les techniques traditionnelles de production et
les innovations apportées jusque-là.
- Tenter de comprendre la logique paysanne de production
- Recueillir leurs attentes pour améliorer la
production.
- Identifier les circuits et la place du haricot dans la
commercialisation des produits agricoles.
4 BASE DE SONDAGE
C'est l'ensemble des informations qui permettent le tirage de
l'échantillon ; c'est la liste des unités de l'ensemble à
étudier.
Dans le cas qui nous concerne à présent, la base
de sondage serait constituée par le nombre, la liste de tous les paysans
du département de la Mifi. On y compte 3 arrondissements (Bafoussam,
Baleng et Bamougoum). Nous prendrons 2 arrondissements sur les trois à
savoir Baleng et Bafoussam rural. Or une bonne partie de l'espace de ces deux
arrondissements dans leurs parties sud est occupée par le centre urbain
de Bafoussam qui ne cesse de grandir à leurs dépends ou
reçoivent une forte influence urbaine.
Ainsi, les principales zones agricoles demeurent la
vallée du Noun(rive droite) au Nord de ce département et la
vallée de la Mifi - Sud au Nord-Ouest. Ces zones sont effectivement
situées à Baleng et à Bafoussam rural.
4 TYPE DE SONDAGE
Contrairement au sondage probabiliste ou aléatoire,
nous construirons notre échantillon à partir du sondage
par choix raisonné ou sondage non probabiliste.
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? LE SONDAGE PAR CHOIX RAISONNÉ OU SONDAGE NON
PROBABILISTE.
Ce type de sondage désigne les différentes
techniques qui permettent de construire un échantillon à partir
d'informations à priori sur la population étudiée. Il est
préférable parce que nous disposons sur le milieu
étudié (Mifi) de connaissances qualitatives et quantitatives qui
permettent d'opérer un choix tel la population de la région et
les principales zones agricoles.
Néanmoins, nous savons que la désignation de cet
échantillon résulte d'un choix orienté, comportant une
part d'arbitraire dans le choix de tel élément ou pas. Pour
apporter un minimum de garantis scientifiques, nous allons construire notre
échantillon non probabiliste à partir de la méthode dite
`'par quotas».
? PRINCIPE DE LA MÉTHODE DES QUOTAS
La méthode des quotas est l'une des plus
utilisées dans les enquêtes agricoles et socio-économiques
tel le cas qui nous concerne actuellement.
Le sondage par quotas vise à améliorer le choix
raisonné en constituant un échantillon choisi de manière
à présenter une distribution statistique d'un ou de quelques
caractères connus, distribution identique à celle de la
population de référence. Un tel échantillon sera
très proche de la population en ce qui concerne les autres
caractères. Ce qui améliorera la validité de la
généralisation des conclusions à toute la population.
Les caractères à retenir doivent être
choisis de manière à garantir la conformité de
l'échantillon à l'ensemble de la population à
étudier. Ces caractères sont appelés «variables
de contrôle». La structure de l'échantillon entendue
comme la composition en pourcentage au regard des différentes variables
de contrôle, doit être conforme à la population.
? MISE EN OEUVRE DE LA MÉTHODE ET CHOIX DES VARIABLES
DE CONTRÔLE
Notre sujet de recherche est intitulé `'Les enjeux
de la production des vivriers marchands dans un système agraire en
mutation : le cas du haricot dans le département de la Mifi
(Ouest-Cameroun)''
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Nous avons précisé dans les paragraphes
précédents les objectifs de notre enquête et cette
méthode par quotas repose sur l'hypothèse qu'il existe une
corrélation entre les différents caractères d'une
population. Ainsi nous formulons les hypothèses selon lesquelles :
`'il existe une corrélation entre :
1- la structure démographique et la production du
haricot `' d'une part et entre
2- `'les conditions économiques et la production
du haricot`'
d'autre part.
A ce niveau, nous ne retiendrons comme variables de
contrôle que les caractères facilement observables et/ou
mesurables sur le terrain. A cet égard, on peut remarquer que parmi les
3 caractères énumérés ci-dessus la quantité
produite n'est pas aisée à obtenir surtout dans le contexte
africain en général et camerounais en particulier lorsque l'on
sait qu'à la suite des troubles socio-politiques du début de la
décennie 90, le départ de l'organisme américain USAID
principal financier des enquêtes agricoles au Cameroun a
sérieusement perturbé les recherches nationales et les
statistiques agricoles en ont pris un coup.
Nous ne retiendrons donc comme variable de contrôle que
la structure démographique et les conditions
économiques.
La structure démographique comprend :
- le sexe, - l'âge
- le statut matrimonial - la qualification scolaire
Dans les conditions économiques sont pris en compte :
- le mode d'accès à la terre (héritage,
achat, métayage)
- l'accès aux intrants (engrais, semences, outillage)
- le coût et le moyen de transport (entre la
résidence et le
champ et entre le champ et le marché )
- les objectifs de la production (pour vendre ou pour
consommer ou les deux à la fois)
- le confort matériel (état de la maison,
qualité du mobilier,
niveau de scolarisation des enfants etc... )
- la catégorie socioprofessionnelle
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? ORGANISATION PRATIQUE DU SONDAGE PAR QUOTAS
Compte tenu de notre situation d'étudiant et en
l'absence de bourse et de toute subvention, il s'avère difficile
(financièrement parlant) d'engager
d'autres enquêteurs autres que nous-même, pour
couvrir tout le département de la Mifi qui comporte 3 arrondissements
et 5 chefferies (Bafoussam, Baleng, Bamougoum, Bapi et Badeng).
Afin de contourner cette difficulté, nous allons
procéder à un sondage à 2 degrés.
- Au premier degré du sondage, nous allons choisir un
échantillon de village qu'on appelle «Unité
primaire» : ce sont les villages de Baleng et de Bafoussam.
- Au second degré de sondage, nous choisirons à
l'intérieur de chaque unité primaire un échantillon d'
« unités secondaires » (quartiers à
l'intérieur des villages par exemple). Les quartiers ciblés sont
ceux jouxtant la Mifi et le Noun.
Nos enquêtes se dérouleront dans les zones de
production particulièrement dans les champs avec les acteurs de la
production. Pour compléter notre enquête, nous interrogerons
quelques commerçants et intermédiaires sur les marchés
ruraux.
La méthode de sondage par quotas, malgré le
manque de fondements mathématiques suffisants qui la
caractérisent, présente des avantages certains, car en plus des
coûts bien réduits par rapport au sondage probabiliste, nous avons
retenu cette méthode parce que nous disposons déjà d'une
base de sondage obtenu auprès des services statistiques agricoles de la
Mifi.
De plus, notre enquête porte sur un échantillon
réduit du fait que nous serons le seul enquêteur sur le terrain et
les résultats de cette méthode sont très souvent meilleurs
que ceux obtenus par l'utilisation des autres méthodes de sondage
(probabiliste).
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A propos de sondage par quotas, la Commission Statistique des
Nations Unies écrit dans l'un de ses rapports :
`'La méthode de quotas employée avec
habileté peut donner des indications sur les préférences
du public et les changements d'opinions dans les enquêtes simples et
lorsqu'une haute précision nécessaire. Mais il n'est pas possible
d'évaluer la précision obtenue et les résultats du sondage
par quotas doivent donc être regardés comme subjectifs ; il ne
faut jamais s'y fier lorsqu'on a besoin de renseignements objectifs et exempts
de facteurs d'erreurs constantes».
4 - L'ADMINISTRATION DU QUESTIONNAIRE
L'administration du questionnaire comporte 3 opérations
essentielles
qui sont :
- la distribution
- le remplissage et
- la collecte.
Nous nous focaliserons sur le remplissage du questionnaire et
à ce propos, il sera rempli directement par nous-mêmes. Car, faute
de moyen matériel, nous serons le seul enquêteur sur le terrain et
nous poserons directement des questions à un répondant et nous
remplirons nous-mêmes nos fiches de guide d'interview prévu
à cet effet.
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