2. Problème du passager clandestin en l'absence de
coordination
d'institutions qui opèrent à la fois dans ce
domaine notamment à travers l'aide, les responsabilités en
matière de succès ou d'échec sont diffuses, et aucun
donateur isolé ne se sent en situation d'obligation de résultat
dans le pays receveur. Aucun donateur ne se sent responsable des
réussites ou de l'échec de l'aide. Se pose alors le
problème du « passager clandestin ». Les donateurs s'attachent
plutôt dans ce cas à leurs propres intérêts
(politiques, stratégiques, commerciaux, énergétiques,
sécurité, ...). Chaque donateur cherche à marquer sa
présence sur le terrain, et les actions en matière de
développement sont plutôt diffuses, avec des objectifs de
développement différents selon les donateurs. Il en
résulte un résultat moindre en matière de
développement global (Knack et Rahman, 2004).
3. Multiplicité des coûts et alourdissement de
la bureaucratie
Lorsque plusieurs donateurs financent à la fois un
même projet ou programme dans un pays donné (financement
conjoint), le manque ou une insuffisance de coordination engendre une
augmentation des coûts de transactions ; définis selon Brown et
al. (2000) comme les coûts de préparation, de négociation,
du monitoring et d'applications des accords. La multiplicité des
donateurs qui opèrent dans un même pays receveur est un facteur
qui influence négativement la bureaucratie de l'aide (Knack et Rahman,
2004). Le receveur doit faire face à une répétition de
procédures avec différents donateurs. Il en résulte une
multiplicité des Plusieurs autres auteurs (comme Easterly 2003 ; Alkali
1989)68 considèrent le fonctionnement de la bureaucratie de
l'aide comme trop lourd, excessif. Ce qui expliquerait une bonne partie de
l'échec de plusieurs projets de développement. En effet, la
complexité et la lourdeur de la bureaucratie de l'aide fait que les
décideurs sont parfois coupés, ou mieux n'ont pas de contact
direct, avec les populations pauvres qu'ils prétendent aider. Ce qui
fait que les réalisations ne répondent pas toujours aux attentes
des populations bénéficiaires. Les contradictions
enregistrées au Mali en 1995, où les meneurs des projets ont
estimé les résultats satisfaisants, alors qu'une enquête
menée auprès des populations pauvres quelques années plus
tard a révélé carrément le contraire illustre bien
cette situation.
En cas de financement conjoint, chaque donateur envoie des
représentants sur place, qui sont souvent des expatriés. Leur
prise en charge, incluse dans le budget représente de véritables
manques à gagner. Alkali (1989) décrit comment la bureaucratie de
l'aide a fonctionné au Nigeria entre 1981 et 1984. L'Etat de
`'Baiuchi»a bénéficié du financement d'un projet de
développement agricole, d'un montant de 132 millions de dollars US. Les
principaux experts étaient tous des expatriés; et en tout, 64
personnes ont été expatriées et installées dans
l'Etat de `'Baiuchi»durant quatre ans (1981-1984). Leurs traitements ont
coûté 27 millions de dollars sur les 132 du budget d'aide
(Easterly, 2003). Un autre cas très frappant est celui du Mozambique,
où sur 405 projets de développement du Ministère de la
Santé, les coûts administratifs avaient absorbé 30 à
40 pour cent des fonds alloués à ces projets (Wuyts 1996).
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