Section 3 : Coordination des donateurs et
efficacité de l'aide
Le problème fondamental ici est d'identifier l'impact
que le manque de coordination peut avoir sur l'efficacité de l'aide.
Ceci peut se faire à travers l'étude de l'impact de la
coordination sur la conditionnalité et les politiques économiques
des pays récipiendaires. En effet, nous avons montré plus haut
que la qualité des institutions et des politiques inappropriées
expliquent le sentier de croissance en Afrique. On peut alors se demander
comment le manque de coordination influencet-il les institutions et les
politiques économiques dans les pays receveurs. Comment la politique
d'aide peut-elle être plus efficiente à travers la coordination
des donateurs?
1. Coordination et gouvernance dans le pays receveur
Le terme « coordination » en matière de
l'aide au développement fait référence à «
l'harmonisation » des politiques d'aide, au niveau des donateurs. Selon
Balogun (2005), la coordination est caractérisée par trois
facteurs principaux:
> L'uniformisation des politiques en matière de
planification, de management et de déboursement de l'aide
> La simplification progressive des procédures en
vue de réduire leur fardeau excessif pour les gouvernements partenaires
(receveurs)
> Le partage des informations dans le souci de promouvoir
la transparence et d'améliorer l'organisation des projets et programmes
de développement.
Le problème de coordination de l'aide internationale
occupe une place de plus en plus importante dans le débat sur
l'efficacité de l'aide. Ceci à la suite du constat selon lequel,
la non harmonisation des pratiques au niveau des donateurs constitue une
explication importante de l'échec de la conditionnalité de l'aide
internationale. Nous avons montré plus haut qu'en allouant l'aide selon
la logique d'efficacité, l'aide peut inciter le receveur à
l'effort (améliorer la qualité de la gouvernance). Le manque de
coordination est donc une source d'inefficacité de l'aide
internationale.
En effet, selon Torsvik (2005), sans la coordination au niveau
des donateurs, l'aide n'exerce aucun effet sur la qualité des politiques
et institutions dans le pays receveur. Dans son modèle, la fonction
d'utilité du gouvernement receveur a deux composantes : la consommation
des riches, et celle des pauvres. Se pose alors la question de savoir si l'aide
permet dans cette situation d'augmenter l'incitation du gouvernement receveur
à utiliser les ressources domestiques pour aider ses pauvres. Il montre
que si le receveur n'a pas les mêmes priorités que les donateurs,
et si aucun contrat effectif ne permet d'aligner leurs intérêts,
on débouche sur un conflit. Il montre ensuite que si les donateurs
peuvent s'unir, un contrat d'aide conditionnelle qui influence les «
politiques économiques » du gouvernement receveur est toujours
souhaité avec la coordination. Quand un gouvernement receveur traite
à la fois avec plusieurs donateurs, avec des accords différents,
il peut se trouver en face de conditionnalités conflictuelles. Aucun
engagement ne sera dans ce cas honoré, et cela se solde par
l'échec de la conditionnalité et une bureaucratie excessive
(Knack et Rahman, 2004). L'aide extérieure sera alors utilisée
pour financer la consommation des riches; son efficacité sera dans ce
cas faible.
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