2. Allocation de l'aide, l'anti--sélection et
l'efficience
Nous venons de voir dans la section précédente
à travers une analyse empirique des raisons de l'octroi de l'aide en
Afrique sub-saharienne que seules deux logiques sont déterminantes : le
niveau des besoins du receveur et l'intérêt ou encore la
proximité avec le donateur. L'aide pose dans ces conditions un certain
nombre de problèmes bien connus dont : la désincitation au
travail (déjà étudié), l'anti-sélection et
l'aléa de moralité.
La littérature qui utilise ces trois critères
d'octroi de l'aide (besoin, efficacité,
intérêt/proximité) ne s'est jamais demandée lequel
est le plus pertinent. Il semble a priori que le critère
d'efficacité soit le meilleur. Il est indispensable de comprendre
pourquoi. C'est ce que nous montrons ici. Pour analyser la pertinence des
principaux critères d'octroi, on fait l'hypothèse que l'aide vise
avant tout,
la réduction de la pauvreté. On suppose comme
dans notre analyse du chapitre précédent que le nombre de
personnes effectivement tirées de la pauvreté dépend de la
qualité de la gouvernance dans le pays aidé (corruption moindre,
Etat de droit, institutions saines, bonnes politiques économiques,
dépenses publiques pro-pauvres, ...), qui détermine la
productivité de l'investissement. Le nombre de personnes sauvées
dépend également du nombre total initial de pauvres dans le pays
considéré, ainsi que du niveau de l'investissement dans le pays.
On montre alors que seule une allocation de l'aide basée sur
l'efficacité est optimale.
2.1. Présentation du modèle
On suppose que pour un pays sous-développé
bénéficiaire d'aide donné, le nombre d'individus
tirés de la pauvreté grâce à l'aide, au cours d'une
période T donnée est
déterminée par:
?N = N.F(Z) (1)
Où ?N représente le
nombre de personnes sauvées de la pauvreté. N
supposé suffisamment grand, désigne le nombre total
de pauvres dans le pays considéré en début de
période. Z est le montant de l'aide
reçue au cours de la période T et
F(Z) une fonction de réduction de
pauvreté qui dépend du volume d'aide reçue au cours de la
période considérée (T), qui peut
être de 1, 2, 3, 5 ou 10 ans (ou même plus).
On supposera ensuite que:
(2)
Où désigne un indicateur de la qualité de la
gouvernance dans le pays considéré. Il
prend par hypothèse (comme précédemment),
deux valeurs possibles:
orsque le pays considéré a une qualité de
gouvernance faible et orsque la qualité de la gouvernance dans le
pays considéré est bonne; avec
On supposera en outre que:
et que: La productivité marginale de l'aide en terme de
réduction de la pauvreté est positive et décroissante.
Pour Z = 0 (sans aide), le nombre de
personnes tirées de la pauvreté grâce à l'aide est
nul (?N = 0 ). On aura donc Q(0) = 0
.
La figure ci-dessus représente le nombre de personnes
tirées de la pauvreté (?N ) en fonction
de l'aide reçue en supposant i (e) et
N donnés.
Fugure II-8 : Aide et reduction de la
pauvreté
A partir de ce modèle simple, on se propose
d'étudier comment les critères d'attribution de l'aide affectent
le résultat final, qui est la réduction de la pauvreté. On
montre que seule une allocation qui tient compte de la qualité de la
gouvernance dans le pays considéré est optimal.
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