CONCLUSION PARTIELLE
L'aide au développement ne favorise pas le
développement en Afrique subsaharienne.
Elle devient même perverse dès lors qu'on prend
en compte la gouvernance dans les pays récipiendaires. Ce qui est tout
à fait paradoxal dans la mesure où l'aide est
considérée comme nécessaire pour le décollage
économique des pays pauvres. Une explication à ce paradoxe est le
régime d'incitation. L'activité économique dans la
région serait entravée par l'action des gouvernements
aidés, qui adoptent des politiques néfastes à la
croissance économique et la réduction de la pauvreté.
Malheureusement, l'aide internationale encouragerait de telles politiques. En
effet, comme nous venons de le voir, sous l'hypothèse qu'il existe un
seuil minimal de rentabilité du capital en deçà duquel les
agents n'accepteront pas d'investir, l'aide internationale peut créer
une incitation à consommer davantage au détriment de
l'investissement.
Un fait préoccupant est qu'en Afrique sub-saharienne,
l'augmentation de la consommation liée à l'aide ne se ferait pas
au profit des couches défavorisées de la population, mais celui
d'une classe de « privilégiés ». Pire encore, nous
venons devoir que l'aide peut créer une incitation au niveau des
gouvernements aidés à ne pas faire d'effort. L'effort
étant assimilable dans notre analyse à la bonne gouvernance
(bonnes politiques économiques, corruption moindre, environnement
institutionnel sain, ...), l'aide encouragerait l'adoption de politiques
inappropriées, une gouvernance de mauvaise qualité. Ceci
expliquerait pourquoi l'aide a un impact négatif sur l'activité
économique lorsqu'on prend en compte la gouvernance dans le pays
aidé.
Doit-on alors cesser d'aider les pays en développement?
Dans la mesure où le développement est une question de moyens,
supprimer l'aide au développement ne va pas résoudre le
problème; il n'est pas souhaitable. Une alternative est alors de
conditionner l'aide internationale aux pays pauvres à l'adoption de
« politiques appropriées » : l'aide conditionnelle.
Revenons à notre analyse sur les effets d'incitation de
l'aide extérieure abordés dans ce chapitre. Une hypothèse
principale est que le donateur octroie l'aide selon le niveau des besoins du
pays receveur. Le comportement du receveur serait tout autre si nous
relâchons cette hypothèse. La politique d'aide du donateur
pourrait ainsi influencer l'incitation et donc l'attitude optimale du
gouvernement récipiendaire. Dès lors, la politique d'aide du
donateur devient un élément clef dans l'explication de
l'inefficacité de l'aide au développement. La question qu'on doit
bien évidemment se poser est donc de savoir en quoi les pratiques des
donateurs favorisent-t-elles ou annihilent-elles l'efficacité de l'aide
au développement en Afrique sub-saharienne ? C'est ce que nous examinons
dans le chapitre suivant.
La dette des économies africaines a
été surtout accumulée dans les années 1970. La
bonne tenue des cours des produits de base à cette époque faisait
valoir que l'Afrique regorgeait de possibilités
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