CONCLUSION PARTIELLE DE LA PREMIERE PARTIE
L'aide internationale au développement est un moyen de
financement à des conditions privilégiées par rapport au
marché. Elle est exclusivement réservée aux pays pauvres
qui n'ont pas accès aux marchés internationaux privés de
capitaux, faute de garanties suffisantes. Elle provient des pays
développés qui l'octroient dans le cadre d'accords de
coopération bilatéraux, ou à travers des institutions
internationales spécialisées. L'aide au développement
bénéficie principalement aux pays africains.
Les principaux fondements de la politique d'aide au
développement, sont : l'altruisme des plus nantis, le besoin de justice,
la nécessité d'une politique de redistribution à
l'échelle planétaire, l'existence de biens publics internationaux
(santé, paix, environnement, ...) et la nécessité de
protéger de tels biens, la lutte contre la pauvreté. Les pays
pauvres étant à court de moyens, l'aide internationale constitue
une politique pouvant générer l'amélioration du
bien-être de tous (Pareto optimale).
La principale caractéristique de l'aide au
développement est le fait qu'elle est intrinsèquement liée
aux objectifs de politiques étrangères du donateur, notamment
pour les grandes puissances politiques. Cette caractéristique qui est en
quelque sorte l'une de ses principaux défauts ne permet pas souvent de
concilier les objectifs d'efficacité avec ceux directement ou
indirectement visés par le donateur. C'est ainsi que l'aide
internationale fait l'objet de vives critiques, de gauche comme de droite. Les
auteurs des critiques de droite considèrent que l'aide fausse les
règles du marché et crée des inefficiences ; tandis que
les auteurs des critiques de gauche considèrent l'aide comme une
nouvelle source d'exploitation des pays pauvres.
Néanmoins, la lutte contre la pauvreté est, et
demeure son objectif principal du moins à en croire les
déclarations officielles. L'aide internationale au développement
doit viser l'amélioration du bien-être des populations pauvres
dans les pays du Tiers-Monde. La réduction de la pauvreté dans le
monde permettra également de faire face à d'autres grands
défis mondiaux comme la migration, le terrorisme, ... Pour atteindre un
tel objectif (la réduction de la pauvreté), l'aide au
développement doit servir à promouvoir la croissance
économique dans les pays du Tiers-monde, notamment en finançant
l'investissement dans ces pays.
En promouvant la croissance du revenu dans les pays du Sud,
l'aide internationale va permettre aux populations pauvres d'avoir plus
facilement, l'accès à l'alimentation, aux soins de santé,
à l'éducation, ... En bref, l'aide extérieure permettra
l'amélioration des conditions de vie dans les pays pauvres. Elle devrait
conduire à terme, à l'élimination de la pauvreté
dans le monde. Malheureusement, après plus de cinquante ans d'aide au
développement, la pauvreté mondiale ne semble pas baisser
véritablement. Elle a même progressé dans plusieurs
régions du monde en développement.
L'Afrique sub-saharienne qui est la principale région
bénéficiaire de l'aide internationale, est aussi la région
où la pauvreté a le plus progressé ces dernières
années. La pauvreté en Afrique a surtout augmenté sur la
période 1980-1995, au moment même où l'aide à
l'Afrique augmentait. Après plus d'un demi-siècle de financement
extérieur, l'Afrique sub-saharienne ne présente aucun signe de
progrès. Au contraire, la situation se
détériore. Si les conditions de vie des populations en Europe
centrale et orientale se sont améliorées ces dernières
années, c'est surtout à cause de leur entrée dans l'Union
Européenne. En marge du miracle des « dragons » et «
bébé-dragons » d'Asie, la situation dans plusieurs pays
asiatiques semble aussi se détériorer (Cambodge, Myanmar,
Bangladesh, ...). L'Amérique Latine ne présente non plus
d'améliorations significatives. Ce qui introduit des interrogations sur
la capacité de l'aide internationale à promouvoir le
développement.
En Afrique sub-saharienne où la situation est plus
préoccupante, on a étudié dans cette première
partie, l'efficacité de l'aide au développement. Pour
apprécier l'effet de l'aide internationale sur le bien-être des
populations de la région, nous avons analysé de façon
empirique son effet vis-à-vis de l'objectif de croissance du revenu.
Dans notre estimation de l'effet que l'aide a produit sur la croissance
économique, on a abouti à un coefficient (impact de l'aide) non
significatif. La conclusion est donc que l'aide est inefficace en Afrique
sub-saharienne. L'aide au développement n'a pas aidé le
développement des pays de la région contrairement à ce
qu'on a initialement pensé.
Une question fondamentale se pose alors. Comment comprendre la
stérilité de l'aide extérieure en Afrique sub-saharienne ?
Comment comprendre que l'effet de l'aide internationale, qui est censée
combler le déficit en investissement des économies de la
région pour promouvoir leur décollage économique soit
indécelable, après plus de cinquante ans de politiques de
développement axées sur cette aide ? C'est ces interrogations que
nous examinons dans la deuxième partie.
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