2. L'efficience et l'aide internationale
Du point de vue de l'efficience, si l'on cherche dans la
théorie économique ce qui peut justifier l'aide internationale,
on est amené à considérer l'existence de biens publics
mondiaux (paix, environnement, santé),de certains défis
planétaires (pauvreté, migration) et des externalités
interétatiques. L'aide internationale est dans ce cas la politique
à mener pour améliorer le bien-être de tous : il s'agit
donc d'une politique Pareto optimale, et donc efficiente.
2.1. Les biens publics mondiaux, l'aide internationale
et l'efficience
Un ensemble de justifications de l'aide internationale se
fonde sur la nécessité de préserver les biens publics
mondiaux. Le bien public le plus important est peut-être la paix. Il est
évident que, les pays voisins des Etats en guerre civile supportent une
partie des coûts de ces conflits. Cela justifie une action publique
internationale pour les prévenir. En effet, les conflits armés
sont souvent considérés comme une recherche de rente. Le
gouvernement contrôle les rentes engendrées par l'Etat et un
mouvement rebelle tente de s'emparer de cette capacité de
contrôle. Dans cette approche, l'aide augmente les ressources de l'Etat.
Le gouvernement ayant plus de moyens, peut investir dans sa capacité de
défense. Il augmente les dépenses militaires : si vis pacem para
bellum. Ce qui augmente le coût pour les rebelles de s'approprier l'Etat.
L'aide peut ainsi prévenir une rébellion par dissuasion. En
outre, avec les ressources d'aide, le gouvernement peut augmenter les
dépenses sociales ; il en résulte une baisse de la tension de
révolte, et donc une baisse de l'incitation à se rebeller.
Collier (2004) estime que les bénéfices tirés d'une
situation de sécurité représentent à eux seuls 40%
du coût de l'aide.
Le second bien public international important est
l'environnement. Le défi environnemental est un grand enjeu de notre
époque. L'émission de gaz à effets de serre détruit
progressivement la couche d'ozone pourtant indispensable à la vie sur la
terre. Le réchauffement planétaire et la fonte des glaciers
polaires qui s'en suit augmentent les risques de catastrophes naturelles
(inondations, sécheresse, raz de marée, ...). Les
sécheresses se prolongent rendant difficiles les activités
agricoles. Les problèmes environnementaux génèrent des
coûts énormes auxquels aucun pays ne peut à lui seul faire
face. Seule une action internationale commune peut permettre d'endiguer ses
maux. Dans ce cadre, le financement des projets écologiques ou
l'assainissement de l'environnement à partir de l'aide internationale
est une politique efficiente.
Un autre domaine concerné par la question des biens
publics internationaux est la santé. Certaines maladies comme le
VIH/SIDA, la tuberculose, la poliomyélite, le paludisme, ... bien que
plus préoccupantes dans les pays du Sud, entraînent des
externalités internationales dont les coûts sont très
élevés. Les traitements et préventions encore loin de la
portée des pays du Sud, nécessitent une action collective
(recherche par exemple) et une prise en charge sur le plan mondial. Lorsque par
exemple la grippe aviaire (le virus H5N1) frappe la Turquie, il est de
l'intérêt des pays riches d'Europe d'aider la Turquie à
combattre cette maladie, au risque d'être aussi contaminés. L'aide
internationale améliore ainsi le bien-être de tous. Dans ces
conditions, l'aide est une politique générant des
améliorations au sens de Pareto. Une autre justification de l'aide est
l'existence d'externalités interétatiques qu'il faut
internaliser.
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