Dans un travail remarquable, Firmin Koto Ey'Olanga a
montré que la crise bancaire au Congo procédait de plusieurs
causes : les distorsions structurelles, les comportements pervers des groupes
sociaux ainsi que « l'inorthodoxie » des politiques gouvernementales,
qui ont provoqué la crise économique. Celle-ci a pris la forme
d'une grave baisse d'activité qui a amené les banques à
réduire progressivement leurs propres activités. D'où,
apparition
des ruptures dans le processus d'intermédiation.
Un point important à souligner est que les politiques
gouvernementales mises en oeuvre n'ont pas seulement provoqué des
perturbations des prix et de la production, elles ont également
entraîné un changement dans l'évolution de certaines
variables monétaires comme les réserves obligatoires et les taux
d'intérêt. Le phénomène de décote de la
monnaie scripturale par rapport à la monnaie fiduciaire trouve
également ses causes premières dans ces politiques.
Parmi les causes immédiates de la crise bancaire, il y
a lieu de relever l'interaction de plusieurs comportements dont celui de :
- l'Etat en matière de politique budgétaire
;
- la Banque Centrale en matière de financement des
opérations financières du Trésor public ;
- les banques commerciales dans leurs politiques d'octroi des
crédits ;
- le public en matière de détention de richesses
sous forme de dépôts.
Le schéma ci-dessous en résume la chaîne
de causalité :
- le déficit budgétaire de l'Etat est
financé dans une très large mesure (plus de 95%) par
création monétaire;
- la création monétaire entraîne
l'éviction du crédit à l'économie au profit du
crédit à l'Etat ;
- l'expansion monétaire et une forte circulation
fiduciaire hors banque génèrent l'hyperinflation et la
dollarisation ainsi que la baisse des activités productive ;
- tandis que la forte circulation fiduciaire hors banque et
la réduction du crédit à l'économie amènent
les banques au rationnement des liquidités ;
- les perturbations macroéconomiques
précédentes conduisent à une contraction des
dépôts et des crédits bancaires ;
- par ailleurs, la hausse du coefficient de réserve
obligatoire et du taux de réescompte a contribué à la
réduction des crédits bancaires ;
- les crédits faisant les dépôts, la
réduction des premiers a entraîné la baisse des
seconds ;
- finalement, la contraction simultanée de ces deux
variables d'intermédiation bancaire fait apparaître les conditions
nécessaires de crise bancaire.