Paragraphe II. Les autres difficultés
Les problèmes rencontrés à ce niveau
peuvent être classés en deux catégories : il y a d'une
part, la difficulté de la connaissance des textes régissant la
décentralisation et d'autre part, la question de la pertinence du
contenu et de la méthodologie utilisée pour la formation des
élus.
La connaissance et l'assimilation des normes qui
régissent la gestion des affaires locales dans le cadre de la
décentralisation est un préalable si l'on ne veut pas naviguer
à vue. Cependant, les données du tableau 2 ne sont pas des plus
optimistes à ce sujet. En effet, ni la constitution, loi fondamentale
qui consacre le principe de la décentralisation (3,33 %), ni le code
général des collectivités territoriales (16,66 %),
référence incontournable du processus de décentralisation
ne sont pas connus des élus de la commune. Dans ces conditions, comment
peuvent-ils connaître leur rôle et leur responsabilité dans
ce nouveau mode de gestion locale étant entendu que ces conseillers
n'ont, pour la plupart, jamais participé à une oeuvre semblable
parce que vivant dans une société où l'organisation
sociopolitique n'est pas structurée de la même manière.
C'est pourquoi, des notions élémentaires tels
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22Extrait du budget communal de Kampti pour le compte
de 2013
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que budget primitif (33,33 %), budget supplémentaire
(33,33 %), compte administratif (40 %) et compte de gestion (30 %) qu'ils sont
censés utiliser couramment n'est pas pour autant assez bien comprises
par ces premiers acteurs du développement de la commune de Kampti. Cette
méconnaissance de ces concepts clé, et plus
particulièrement du budget par les conseillers ne permet pas à
ces derniers d'informer et de sensibiliser la population sur leur
responsabilité. Dès lors, doit-on s'étonner de la
passivité et du désintérêt de la population par
rapport aux activités des élus et de la décentralisation
de manière générale ? C'est ainsi que le paiement des
taxes, la participation aux sessions du conseil municipal et l'interpellation
des conseillers au sujet de leur préoccupation ne sont pas encore
ancrés dans les moeurs des habitants de la commune.
De même, les conseillers ne semblent pas préparer
les sessions du conseil en rapport avec leur base et ne sont pas toujours aptes
à restituer convenablement les délibérations aux citoyens.
Il est difficile dans ces conditions, que les élus puissent
maîtriser les réalités socio-économiques des
villages qu'ils représentent. Après les sessions, le
réflexe du compte rendu n'est pas non plus la chose la mieux
partagée par les conseillers.
S'agissant de la question de la formation des élus, il
est à relever que des efforts ont été faits. Les acteurs
qui sont intervenus dans ce domaine sont entre autres l'Etat, le Programme
national de gestion des terroirs (PNGT2), le Programme de développement
local (PDL) avec le soutien de la ville de Fosse (France) dans le cadre du
jumelage avec la commune de Kampti ; le Programme décentralisation/
développement communal (PDDC) etc. Les formations données par ces
structures sont essentiellement axées sur les notions de base de la
décentralisation notamment sur le rôle de l'élu local, ce
qui est louable.
Cependant, le nombre de ces formations n'est pas suffisant
pour permettre aux élus de maîtriser le contenu des modules
dispensés. En plus, les formations sont de type théorique, et par
conséquent ne permettent pas aux élus (qui sont des acteurs de
terrain par excellence) d'appréhender tous les contours des concepts
abordés par le formateur.
Par ailleurs, les membres des CVD qui doivent travailler en
collaboration avec les conseillers ne sont pas suffisamment pris en compte dans
les formations. Il en
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découle dès lors, des intrusions
fréquentes des membres du CVD dans les attributions des conseillers et
vis-versa.
En considération de l'ensemble de ces
difficultés, qu'est-ce-qui peut être fait pour résorber ou
tout au moins réduire ces écueils en vue d'une
compréhension plus accrue de la décentralisation par les
élus de Kampti ?
Section II. Suggestions pour une meilleure
appropriation des textes de la décentralisation
Au regard de la complexité de la gestion d'un
territoire même à l'échelle communale, et de l'importance
du nombre de textes élaborés dans le but d'encadrer la
décentralisation, l'idéal aurait été d'avoir
affaire à des élus locaux qui savent lire et écrire.
Malheureusement, la faiblesse du taux d'alphabétisation qui est de 28,3
% au plan national et 18,1 %23 dans la province du Poni rend
utopique pour l'instant cette option prônée par certains auteurs
comme Laurent BADO.24 Aussi, cette option traduirait l'idée
selon laquelle les analphabètes ne peuvent pas concevoir leur propre
développement. Ce qui est discutable. Enfin, exclure les personnes
analphabètes de la gestion des communes est, par-dessus tout
discriminatoire et porte atteinte aux droits de l'homme. C'est pourquoi, nous
partirons de la situation actuelle d'analphabétisme de la majeure partie
des élus locaux pour suggérer des voies et moyens qui pourraient
aider à améliorer leur compréhension, leur implication,
donc leur appropriation du processus de décentralisation.
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