Chapitre 3 :
Discussion et recommandations
3.1-Discussion
3.1.1-Situation actuelle de la
profession vétérinaire au Cameroun et quelle est la place des
diplômés de l'EISMV dans cette profession
3.1.1.1-Docteurs vétérinaires au
Cameroun
Le Cameroun compte actuellement 273 Docteurs
vétérinaires inscrits à l'ordre national
vétérinaire. Le secteur public compte 45.4% des docteurs
vétérinaires camerounais. Le secteur privé compte 16.8%
des vétérinaires camerounais. Dans l'enseignement et la recherche
on compte 5.5% de docteurs vétérinaires et dans d'autres
secteurs non vétérinaires on compte 1.5%. Le total est de
69.2% ; les 30.8% sont soit expatriés, soit retraités. Ces
chiffres montrent que la fonction publique occupe plus de docteurs
vétérinaires que d'autres secteurs. Mais cela ne traduit pas le
fait que les docteurs vétérinaires ont beaucoup plus un faible
pour le secteur public. Cela peut être dû soit au manque de moyens
pour s'installer en privé car les 100% des vétérinaires
privés n'ont pas bénéficié d'une subvention
d'après notre enquête. En outre, le nombre des
vétérinaires du privé est passé de 23(9.6%) en 2002
à 47(12.3%) en 2006 donc une augmentation de 2.7%. Le manque
d'application de la législation qui entraîne la concurrence
déloyale, l'absence du mandat sanitaire sont autant d'argument qui
explique ce pourcentage du public. Les diplômés de l'EISMV sont
majoritaires à la fonction publique soit 52.4%. Ceci est sans doute
dû au fait qu'après la création de l'EISMV les docteurs
camerounais étaient plus formés à Dakar. En plus ces
diplômés sont en majorité sortis avant la mise en place du
PAS. Les diplômés questionnés ont pour la plupart eu
à faire des formations post doctorale surtout dans leur domaine
d'exercice.
Le privé représente 20.8% et ceux de l'EISMV
représentent 25% des 20.8% et 5.6% de ces diplômes ayant
participé à l'enquête; ce qui se justifie par le fait que
la privatisation de la profession vétérinaire intervient au
moment ou le Cameroun n'avait presque plus d'étudiant a l'EISMV.
L'augmentation du nombre des vétérinaires du privé entre
2000 et 2007 sont des signes qui montrent que ce secteur est encore
exploitable. Cependant il souffre d'une inorganisation et d'une concurrence
déloyale. L'intérêt est d'autant plus grand malgré
les problèmes. Les questionnés disent à 80% que si cela
était à refaire ils n'hésiteront pas. Mais ce qui reste
déplorable, c'est que tous sont dans le secteur des médicaments
vétérinaires (pharmacie-clinique ; grossiste ;
représentant de firme) reconnus par tous comme étant le plus
rentable actuellement au Cameroun. Ainsi donc, les autres domaines où le
docteur vétérinaire est appelé à faire valoir ses
compétences sont occupées par les para-professionnels en
occurrence les ingénieurs agronomes.
Dans d'autres secteurs les vétérinaires ont du
mal à s'imposer ce qui se justifie par un taux faible qui est de l'ordre
de 2.6%. Ceux issus de l'EISMV représentent 50% des 2.6%.
Les para vétérinaires n'ont pas le droit
d'ouvrir un cabinet vétérinaire ou une pharmacie dans une zone
ou est installé un docteur vétérinaire privé. On
les rencontre dans les zones très reculés. Ils ne constituent pas
une menace pour les vétérinaires du privé à l'heure
actuelle.
Comparaison avec les résultats des enquêtes
antérieures. En 2006, une étude conduite par l'EISMV a
porté sur 24 de ses diplômés ressortissants de huit pays
membres (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, Côte
d'Ivoire, Niger, Sénégal et Togo). Parmi ces 24
vétérinaires, 14 sont sortis avant la libéralisation de la
profession vétérinaire dans leur pays. Il ressort que :
Ø 60% sont dans le public ;
Ø 96% ont fait une formation
complémentaire ;
Ø 77% ont rencontré diverses difficultés
pour leur insertion professionnelle ;
Ø 79% jugent la formation satisfaisante ;
Ø les secteurs d'avenir sont :
développement (ONG, bureau d'étude, projet), environnement et
faune sauvage, productions animales.
Une autre étude a été
réalisée en 2007 (Janvier-Mai) par NDUNGUTSE
[14] au Rwanda. Elle a porté sur 62
vétérinaires exerçant au Rwanda dont 17 sortis de
l'EISMV parmi lesquels :
Ø 50% sont dans le public ;
Ø 65% ont fait une formation
complémentaire ;
Ø 63% ont rencontré diverses difficultés
pour leur insertion professionnelle ;
Ø 65% jugent la formation satisfaisante ;
Ø les secteurs d'avenir sont : la clientèle
privée avec la vulgarisation et l'encadrement des éleveurs, la
gestion des grandes fermes, l'enseignement et la recherche, la consultance, les
ONG, l'environnement et la faune sauvage, l'importation et la commercialisation
des produits agricoles.
Une autre étude a été
réalisée en 2007 au Benin par NOUDEKE Nestor
[15]. Elle a porté sur 32 vétérinaires
exerçant au Benin dont 12 sortis de l'EISMV parmi lesquels :
Ø 41.7% sont dans la fonction publique ;
Ø 58.3% sont dans le privé ;
Ø 75% ont rencontré des difficultés pour
leur insertion professionnelle ;
Ø Les secteurs d'avenir sont : de la vente de
médicaments vétérinaires et des productions animales.
Ces deux résultats sont presque similaires à ce
que nous avons obtenu sur l'analyse des 34 vétérinaires sortis de
l'EISMV rencontrés sur le terrain. Excepté le pourcentage des
difficultés qui est élevé aussi bien au Rwanda qu'au
Benin.
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