I.3. LA SECURITE ALIMENTAIRE AU
SUD-KIVU
Selon les enquêtes de WFP, Ministère du plan et
INS en 2007-2008 cités par Nathalie, (2010). Sur l'analyse globale de la
sécurité alimentaire et de la vulnérabilité en RD
Congo, sur 6% des ménages qui ont une consommation alimentaire, la
majorité d'entre eux est localisée dans le Katanga (11%) et le
Sud-Kivu (12%). Ces ménages constituent le socle de
l'insécurité alimentaire. Les ménages ayant une
consommation limite représentent 30% en RD Congo et sont
représentatifs à l'Est du pays avec 33% dans le Sud-Kivu.
La situation politique et sécuritaire dans les pays
voisins est restée globalement stable depuis l'élection rwandaise
et Ougandaise, respectivement en août 2010 et février 2011. Par
contre, l'on note un regain de tension à la frontière
burundaise.
Le tableau ci-dessous donne les estimations au Sud-Kivu des
populations rurales en insécurité alimentaire
sévère et modérée.
Tableau 2. Estimation des
populations rurales en insécurité alimentaire
sévère et modérée
Année
|
Effectif de la population
|
Nombre de ménage
|
Population en insécurité alimentaire
sévère
|
Population en insécurité alimentaire
modérée
|
2010
|
5 149 189
|
600
|
37%
|
34%
|
2011
|
5 303 664
|
600
|
19%
|
16%
|
Source : FAO et WFP, 2011
Selon les enquêtes de la FAO et WFP du février
2011 sur la sécurité alimentaire en RD Congo, on montre que
la situation alimentaire des ménages de la province du Sud Kivu s'est
détériorée entre octobre 2010 et février 2011. La
proportion de ménages qui a une consommation alimentaire pauvre et peu
diversifiée (pauvre + limite) a progressé de 17 points, passant
de 37% à 54% entre octobre 2010 et février 2011 soit une
variation de 46%. Les territoires de Fizi (64%), Uvira (66%), Shabunda (67%),
le Sud de Mwenga (57%) et les hauts plateaux de Kalehe (52%) sont les parties
de la province les plus touchées par l'insécurité
alimentaire.
La production agricole de la province du Sud Kivu n'a que peu
progressé au cours de la période 2009 à 2010. La
production de manioc stagne tandis que celle du haricot baisse de 11%. Seule la
production de maïs a augmenté de 34%. Globalement, la production
agricole est insuffisante pour couvrir les besoins alimentaires des
ménages.
I.3.1. Score de Consommation Alimentaire
La situation des ménages de la province du Sud Kivu
continue de se dégrader depuis l'année dernière.
Par contre, sur la même période, l'on note une
hausse de 22% de la proportion de ménages avec une consommation
alimentaire pauvre. En d'autres termes, l'enquête révèle
que 54% des ménages de la province sont en insécurité
alimentaire en février 2011 contre 37% en janvier et octobre 2010.
Figure 2. Classe de consommation alimentaire des
ménages au Sud-Kivu
Source : FAO, WFP, 2011
La situation actuelle de la province est fortement similaire
à celle qui prévalait en juillet 2009. A cette période, il
y eut des déplacements massifs de population du fait des
opérations militaires conjointes Rwanda-RD Congo.
La production agricole insuffisante renforce les
difficultés d'accès à la nourriture. De ce fait, en
février 2011, les adultes prennent en moyenne 1,7 repas contre 2,5 en
janvier 2009. De plus, l'enquête n'indique pas de différence dans
la fréquence des repas entre la soudure (octobre 2010) et la
période de récolte (janvier-février 2011). En effet, l'on
note que la fréquence des repas des adultes a stagné à 1,7
sur les deux périodes. Par contre, chez les enfants de moins de 12 ans,
la fréquence actuelle des repas est identique à janvier 2010,
environ 2,3. Par rapport à octobre 2009, l'on note un gain de 0,4 point.
L'irrégularité dans la prise des repas informe
sur les difficultés d'accès à la nourriture par les
ménages. De plus, l'alimentation est toujours dominée par le
manioc et les légumes (feuilles de manioc) au détriment des
protéines animales et/ou végétales. En effet,
l'enquête révèle qu'un ménage de la province du Sud
Kivu consomme des feuilles de manioc au moins cinq jours dans la semaine contre
un jour pour la viande et autres protéines animales.
1.3.2. Sources de la nourriture
Les enquêtes ont indiquées que la production
propre et l'achat sont les principales sources de nourriture des
ménages. Comparés à octobre 2010, période de
soudure, la part de la nourriture achetée a chuté tandis que la
part de la production propre dans les aliments consommés a
augmenté.
Par ailleurs, le travail contre vivres, les dons des voisins
constituent également des sources de nourritures pour les ménages
les plus pauvres de la province.
De loin, les récoltes en cours tendent à
réduire la dépendance des ménages vis-à-vis du
marché pour leur approvisionnement alimentaire.
I.3.3. Sources de revenu
Le manque de revenu stable et suffisant est un vecteur
important de l'insécurité alimentaire des ménages de la
province du Sud Kivu. L'enquête révèle que la vente de
produits agricoles, le petit commerce et le travail agricole journalier sont
les trois principales sources de revenu des ménages.
De ce fait, les revenus des ménages sont saisonniers et
fortement liés à l'agriculture. Aussi, l'enquête montre que
les ménages de la province ont toujours plus d'une source de revenu.
Pour obtenir ces revenus, les ménages doivent lever
plusieurs contraintes.
L'enquête indique que le manque de
financement/crédit, le manque d'opportunité de travail, la faible
production agricole et le manque de main d'oeuvre sont les principaux obstacles
à générer des revenus. Par ailleurs, le mauvais
état des marchés, la faiblesse des prix des produits agricoles et
les taxes élevées sont des contraintes au commerce,
identifiées par les ménages.
Aussi, l'enquête indique que les problèmes de
santé réduisent la productivité des ménages du Sud
Kivu. Dans bien des cas, l'insécurité est une contrainte
relativement important à la bonne marche des activités.
De plus, elles confirment que les difficultés
alimentaires des ménages viennent en partie des revenus faibles et
précaires. L'insécurité alimentaire dans ce cas est plus
liée à des problèmes d'accès.
Les résultats des analyses montrent que les principaux
déterminants de l'insécurité alimentaire sont: la
pauvreté, l'insuffisance des superficies cultivées,
précarité des activités génératrices de
revenus, le bas niveau d'éducation, le manque d'emploi, les pistes
rurales (enclavement), l'insécurité.
Parmi les facteurs limitant le développement de
l'agriculture, on peut les classer en quatre grands groupes.
- Facteurs déterminant la disponibilité des
produits vivriers: Les facteurs identifiés sont la quasi
inexistence du crédit agricole, le dysfonctionnement du système
de commercialisation et des prix agricoles, les lacunes du régime
foncier et l'absence de réforme agraire appropriée, la
désarticulation des infrastructures rurales, le manque de la
mécanisation agricole, l'insuffisance de moyens pour la recherche
agronomique et la vulgarisation agricole;
- Facteurs déterminant la stabilité des
approvisionnements: Insuffisance et inadéquation de la
capacité de stockage sur l'exploitation au niveau local et national,
incohérence des structures et du mode d'organisation des marchés,
insuffisance des disponibilités des ressources en devises pour
l'importation des produits alimentaires de base, taxation des intrants
agricoles, tracasseries au niveau de l'acheminement des produits agricoles sur
les grands centres urbains et enfin l'enclavement de grands centre de
production;
- Facteurs limitant l'accès aux services sociaux de
base et la création d'activités génératrices de
revenus: Absence de microcrédit, faible développement des
services sociaux de base (Education, Santé, eau, hygiène, voie de
communication), baisse de la qualité des services, absence de subvention
sur les secteurs clés de la santé, formation technique et
professionnelle insuffisante, réseaux sociaux limités et enfin
l'instabilité et l'insécurité constituent des facteurs
limitant toutes initiatives.
- Facteurs liés au caractère durable de la
production agricole et vivrière: Usage des techniques et pratiques
contraires aux principes de préservation des ressources et de
conservation de l'environnement. (WFP, INS, 2008).
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