Le choix d'un vendeur unique
Sur les 28 maraichers interrogés, 8 résident
à Cotonou, 5 à Sèmè-Kpodji et 15 sur le site de
VIMAS. Sur les 8 maraichers qui viennent de Cotonou, 4 ont un moyen de
déplacement. La quasi-totalité des maraichers qui viennent de
Cotonou ont des ouvriers et de ce fait, ils ne sont pas tenus d'être tout
le temps présents sur le site. Ils communiquent souvent avec leurs
ouvriers par téléphone et ne viennent que lorsque c'est
nécessaire. Par exemple pour apporter des engrais chimiques et
organiques, des semences ou des pesticides. En ce qui concerne ceux qui
résident à Sèmè-Kpodji et VIMAS, ils ont
respectivement 1 et 4 moyens de déplacement. Par ailleurs, sur 28
maraichers, seulement 2 affirment s'approvisionner à la boutique
« accueil paysans » de Sèmè-Kpodji. Le reste
s'approvisionne dans des boutiques à Cotonou. « C'est
contre notre volonté que nous allons à Cotonou, on n'a vraiment
pas le choix étant donné que c'est là-bas que nous
trouvons les produits dont on a besoin pour traiter nos plants. »
[Philippe, 28 ans maraicher à VIMAS]. On constate que
très peu de maraichers résidants dans la commune possèdent
un moyen de déplacement et doivent pourtant faire le déplacement
sur Cotonou pour s'approvisionner. Malgré ces contraintes, une fois
à Cotonou, comment le choix du fournisseur se fait-il ? 10 des
maraichers interrogés affirment faire toujours leurs achats chez le
même fournisseur depuis 7 ans. « ...moi, c'est patou
tô ou rien hein ! Il connait ce monsieur là ! Et il est
très humble. C'est un maraicher aussi donc il connait la souffrance du
maraicher, de plus nous sommes des amis de longue date... le plus souvent, je
prends les produits à crédit et je rembourse après mes
ventes » [Jean Didier, 37 ans, maraicher à VIMAS] ;
« Je vais le plus souvent m'approvisionner chez le fournisseur de
Godomey, lui c'est mon cousin et je préfère lui donner mon argent
qu'à un autre. Il vend certains produits en détails et ça
m'arrange beaucoup. Ce que beaucoup de fournisseurs ne font pas »
[Adolphe, 28 ans, maraicher à VIMAS] ; « Plusieurs
fois, j'ai été confronté à des problèmes de
ravageurs avec mes cultures. Par un coup de fil au vendeur de pesticides qui
est à Cadjèhoun, j'ai décrit ce qui se passait avec mes
cultures. A son tour, il m'a dit les produits que je devais utiliser et comment
je devais faire le dosage...trois jours après, mes cultures se portaient
bien » [Blandine, 30 ans, maraichère à
VIMAS]. « Je fais trop confiance à Patou tô.
Parfois je ne trouve pas le produit que je cherche chez lui ; mais cela ne
veut pas dire que le produit n'existe pas ailleurs. Néanmoins je prends
un produit de substitution qu'il me propose et jusque là, je ne suis pas
encore déçu. C'est le résultat qui compte »
[Florian, 32 ans, maraicher à VIMAS]. Ainsi, le choix du
vendeur, peut être délibéré et lié à
l'importance que le maraicher accorde aux relations personnelles et à
l'établissement de rapports de confiance. Nous avons noté le
rôle primordial que joue le vendeur dans le système d'information
et de conseil du maraicher. Les maraichers qui choisissent de n'acheter
qu'à un seul fournisseur estiment que l'important est d'établir
une relation de confiance avec un vendeur. La fidélité
résulte du service que le vendeur peut apporter : livraison sur le site,
possibilité de négociation des prix, vente à
crédit, conseil personnalisé etc. Ces maraichers estiment alors
que s'ils sont bien servis, ils n'ont pas de raison de changer.
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