Le choix de plusieurs
vendeurs
12 maraichers sur les 28 interrogés choisissent
à l'inverse de travailler avec plusieurs vendeurs pour divers raisons.
« C'est vrai que généralement, je m'approvisionne
à Cadjèhoun ; mais si je ne trouve pas le produit que
recherche à Cadjèhoun, je vais jusqu'à Godomey pour
m'approvisionner. L'important pour moi c'est de trouver le produit que je
recherche. » [Pierre, 38 ans, maraicher à VIMAS].
« Quand je constate au lieu d'achat que le propriétaire
même de la boutique n'est pas présent, je me retourne pour aller
à un autre endroit. Je me retourne très souvent quand c'est un
produit de substitution que celui qu'il a engagé dans la boutique me
propose. Le problème, c'est que, ces gens que les vendeurs
(propriétaire de la boutique) engagent dans les boutiques ne sont pas
compétents en conseil. Déjà trois fois de suite, j'ai
suivi les conseils d'un de ces agents et toutes mes cultures ont
brûlé. Depuis ce temps je me méfie beaucoup
d'eux » [Alfred, 30 ans, maraicher à VIMAS].
« Il faut être très habile dans ce métier pour
pouvoir s'en sortir. Quand tu es un client fidèle, certains vendeurs te
comprennent et peuvent te laisser les produits à crédit. Mais si
tu n'as pas soldé la dette précédente, tu ne peux plus
avoir de produits à crédit chez celui là ! Et quand
la situation se présente comme ça, nous sommes obligés
d'aller chez un autre vendeur » [Narcisse, 29 ans, maraicher
à VIMAS]. « Je réside sur le site et je n'ai pas un
moyen de déplacement. Prendre « zémidjan »
pour me rendre à Cotonou va me revenir très cher, alors je
profite de l'occasion de ceux qui vont acheter pour faire aussi ma commande.
Donc, c'est celui qui fait le déplacement qui décide d'où
acheter les produits. Je n'ai vraiment pas le choix... » [Natacha, 27
ans, maraichère à VIMAS]. « Si les vendeurs
étaient au même endroit, comme dans un marché par exemple,
on pouvait nous amuser à faire des comparaisons de prix, ils sont
malheureusement tous très distants l'un de l'autre. Quand tu regardes ce
que le déplacement avec « Zémidjan » va te
coûter d'un vendeur à un autre, finalement tu n'a pas le choix...
seuls, ceux qui ont un moyen de déplacement le font
souvent... » [Sèna, 35 ans maraicher à VIMAS]. On
constate à travers ces extraits d'entretiens que plusieurs facteurs
peuvent expliquer la variation du lieu d'achat des pesticides. Certains
maraichers sont attachés aux produits qu'ils ont l'habitude d'utiliser.
Ceci pourrait s'expliquer par le fait qu'ils ont une maîtrise du mode
d'utilisation et une preuve d'efficacité du produit. Pour cette
catégorie, le coût de déplacement importe peu.
La relation de confiance que le maraicher accorde au vendeur
(propriétaire même de la boutique) est capitale dans le choix du
lieu. En effet, les vendeurs de pesticides jouent également le
rôle de conseil, ils ne se contentent pas seulement de la vente de leurs
produits. Une observation des lieux d'achat nous a permis de constater que le
maraicher pose son problème. C'est-à-dire qu'il décrit
l'aspect physique de la plante qu'il veut traiter ; parfois amène
une plante avec lui pour la présenter au vendeur. Ce dernier à
son tour lui fait des recommandations. Généralement ces
recommandations marchent affirment les maraichers. Nous avons constaté
que plusieurs fois le vendeur a été félicité par
des maraichers. Alors, qu'avec l'agent recruté par le vendeur, on n'a
pas observé cette relation de proximité et de
complicité.
Le manque de moyens financiers explique également la
variation des lieux d'achats. Certains maraichers ne décident pas
délibérément de changer de vendeurs. Ces derniers offrent
des possibilités d'achat à crédit. Mais le principe est
qu'il faille rembourser la dette précédente avant pouvoir
bénéficier d'un autre crédit. On ne saurait dire si c'est
par mauvaise foi ou véritablement un manque de moyen, mais on observe
une stratégie de contournement qui consiste à aller chez un autre
vendeur.
Par ailleurs, la possession d'un moyen de déplacement
aide à la variation du lieu d'achat des produits. Il est plus rentable
pour un maraicher de faire usage de sa moto que de prendre du
Zémidjan. De ce fait, 6 maraichers parmi les 9 qui disposent
d'un moyen de déplacement varient régulièrement les lieux.
Néanmoins ces maraichers ont un vendeur qu'ils
fréquentent de façon privilégiée. Ils sont plus
attentifs à ne pas être captifs, et ont un comportement plus
autonome dans la recherche d'informations. L'analyse des lieux d'achat
après plusieurs heures d'observations réaffirme l'importance des
relations personnelles dans le processus de décision des maraichers.
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