Construction sociale des processus décisionnels en matière d'usage des pesticides par les maraichers de Sèmè-Kpodji( Télécharger le fichier original )par Daleb Abdoulaye Alfa Université d'Abomey-Calavi - DEA 2014 |
3. DESCRIPTION DE QUELQUES ACTIVITÉS A VIMASPréparation des planchesAvant que toute exploitation agricole n'ait lieu sur un terrain donné, et avant même que des planches n'aient été délimitées, il faut rendre le terrain cultivable. La préparation des planches est donc précédée d'un nettoyage préalable du terrain. Le terrain est débarrassé de son ancienne végétation. Cette opération est suivie d'un essouchage et d'un enlèvement d'objets pouvant constituer un obstacle au travail agricole, tel des cailloux, des détritus, etc. Une fois le terrain rendu cultivable, il faut délimiter les planches. Les planches sont habituellement distinguées selon trois caractéristiques : sa largeur, sa longueur et son orientation (voir photo 3). Interrogés sur la constitution de ces planches, les maraichers enquêtés évoquent tous, les mêmes règles. La largeur des planches est fixée par la portée d'un arrosage manuel par un travailleur marchant sur la diguette12(*) « si les planches sont trop larges, on a du mal à atteindre toutes les plantes » [Pierre, 38 ans, maraicher à Vimas].
Photo 3 : Quelques planches sur le site de VIMAS Source : ABDOULAYE La longueur des planches est déterminée surtout par un facteur commercial. Pour le comprendre, il faut effectuer une transposition temporelle vers une période ultérieure à celle que nous décrivons ici, lorsque les cultures, arrivées à maturation, sont vendues aux femmes exerçant une activité d'achat en gros des productions maraichères pour les revendre ensuite au détail aux vendeuses des marchés. Les prix sont négociés avec ces acheteuses en gros et à la planche disent les maraichers. En effet, ils vendent généralement toute la récolte issue d'une même planche en une seule fois. Dans leur langage quotidien, ils utilisent d'ailleurs une synecdoque pour désigner le produit de leur travail agricole sur une seule planche lorsqu'ils le vendent : ils disent qu'ils vendent une planche13(*). Selon les maraichers, il est plus difficile de vendre l'ensemble de la récolte issue de grandes planches. « Si les planches sont trop grandes, on a du mal à les vendre » [Karim, 28 ans, maraicher à VIMAS]. Aussi, ils disent qu'il n'est avantageux de faire de grandes planches car le prix négocié ne sera pas proportionnel à la surface de la planche : « si j'ai une planche de 10 mètres vendue par exemple à 2000 CFA, celle de 20 mètres sera vendue à 2500 CFA la planche ; ce n'est pas avantageux » [Baké, 38 ans, maraichère à VIMAS]. Des planches plus petites existent en bordures de terrain et servent généralement de pépinières. L'orientation des planches est choisie pour faciliter au mieux les déplacements pour leur arrosage. L'irrigation manuelle étant un travail long et pénible, les maraichers orientent les planches de façon à limiter lorsque cela est possible les difficultés de trajet entre la planche et le bassin servant à l'irriguer. Plus qu'une distance entre un bassin et une planche c'est le type de trajet qui joue : « il faut que le chemin, sur les diguettes, soit le plus court pour que ça prenne moins de temps » [Osséni, 30 ans, maraicher à VIMAS]. * 12 Espace surélevé séparant deux planches. * 13 Le terme planche utilisé dans ce sens spécifique et émique doit donc être considéré comme un terme vernaculaire du fait de sa sémantique spécifique et sera en conséquence écrit en italique pour le distinguer de la planche comme espace de culture. |
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