Les conduites de
pépinières
La pépinière est l'endroit où certaines
plantes passent les premières semaines de leur vie. Elle sert à
la multiplication ou à la reproduction des plantes. Les maraichers lui
accordent le maximum de soins (ombrage léger, abris contre les vents
violents, épouvantails contre les oiseaux, etc.). En effet, de la
réussite de cette étape dépendent toutes les autres. En
fonction de la spéculation, les semences peuvent être produites
par eux-mêmes ou achetées. Les semences de carotte par exemple
sont importées alors que celles de l'amarante sont
récupérées grâce à leurs fruits. Les semis
sont réalisés manuellement. Les pépinières sont
arrosées quotidiennement, plusieurs fois par jour le plus souvent.
Le maraicher détermine la date à laquelle il
estime que la pépinière peut être repiquée en
fonction du stade de développement des plants de la
pépinière. Le moyen d'évaluer est visuel. Juste avant le
repiquage, la pépinière est arrosée pour faciliter le
prélèvement des jeunes plants. Seuls les plants les plus
vigoureux, sains et les mieux développés seront repiqués,
les autres étant laissés en pépinières afin qu'ils
continuent de se développer en vue des prochains repiquages. Il arrive
parfois que certains maraichers soient en pénurie de
pépinière et vont en chercher chez le collègue qui en
possède. Cette pratique est courante sur le site. Les maraichers
déclarent qu'ils donnent leurs pépinières dans l'espoir
d'en recevoir des autres quand ils seront dans le besoin.
Repiquage et arrosage
Le repiquage suit généralement de très
près la préparation des planches. Une fois prélevés
au niveau de la pépinière, les jeunes plants sont
immédiatement repiqués. La planche est généralement
arrosée juste avant le repiquage pour humidifier le sol et ainsi
faciliter l'activité en cours qui sera suivie presque
immédiatement par un second arrosage. Le repiquage s'effectue
manuellement à l'aide du pouce ; la racine et le bas de la tige
sont légèrement enfoncés de 2 à 3 cm dans le
sol ; les plantes sont disposées en ligne, rarement en quinconce.
Cette activité réalisée très souvent dans la
matinée, est menée par l'exploitant lui-même et les
ouvriers.
Par ailleurs, la majorité des arrosages est
réalisée manuellement. Deux options sont fréquemment
observées. D'abord, à l'aide d'une motopompe, l'eau est
recueillie dans un bassin préalablement construit à cet effet.
Ensuite, l'arrosoir est utilisé pour prendre l'eau du bassin. La seconde
option consiste à utiliser des pommettes (photo 4) fixées sur des
raccords pour faire l'arrosage. En fait, les raccords sont reliés
à des tuyaux qui sont à leur tour connectés à la
motopompe qui y distribue de l'eau.
![](Construction-sociale-des-processus-decisionnels-en-matiere-d-usage-des-pesticides-par-les-maraiche7.png)
Photo 4 : Arrosage
à l'aide d'une pommette sur le site de VIMAS
Source : ABDOULAYE
Néanmoins 2 maraichers de notre corpus, font usage du
tourniquet. Cette pratique qui est moins fastidieuse que l'utilisation de
l'arrosoir et de la pommette, permet aux maraichers de gagner du temps en
menant d'autres activités mais en contrepartie induit une consommation
régulière du carburant. En effet, le débit d'eau fourni
par les tourniquets est faible par rapport à celui de l'arrosoir ou la
pommette disent-ils. Ceci a pour conséquence une durée d'arrosage
plus élevé entraînant une augmentation de la
carburation ; ce qui amène les maraichers disposant de tourniquet
à associer l'arrosoir ou la pommette. « ...les tourniquets
n'arrosent pas autant que la main ; pendant que vous utilisez le
tourniquet pour arroser en deux heures d'horloge, vous obtenez le même
résultat avec l'arrosage à la pommette en 30 minutes ; les
tourniquets demandent plus de carburation... » [Sébastien, 25
ans, maraicher à VIMAS].
Par ailleurs, on observe qu'après que les maraichers
aient fini de faire l'épandage, les pulvérisateurs sont
nettoyés dans les bassins qui servent de rétention d'eau. Cette
eau est ensuite utilisée par les revendeuses des maraichers pour le
nettoyage des fruits, des tubercules et des feuilles (voir photo 5 et 6).
![](Construction-sociale-des-processus-decisionnels-en-matiere-d-usage-des-pesticides-par-les-maraiche8.png)
Photo 5 : Nettoyage de
carottes avec eau du bassin sur le site de VIMAS
Source : ABDOULAYE
![](Construction-sociale-des-processus-decisionnels-en-matiere-d-usage-des-pesticides-par-les-maraiche9.png)
Photo 6 : Nettoyage de
concombres et grande morelles avec eau du bassin sur le site de
VIMAS
Source : ABDOULAYE
L'arrosage est considéré par les producteurs
comme la tâche la plus exigeante en temps et la plus contraignante.
Réalisée au moins une fois par jour, voire plusieurs fois lors
des grandes chaleurs et les premiers jours après le repiquage, elle ne
peut être omise plus d'un jour sans endommager les cultures. Certains
maraichers s'entraident pour l'arrosage de leurs cultures. L'arrosage est la
première tâche réalisée chaque jour par les
maraichers, dès leur arrivée sur le site autour de 7 heures du
matin. Toutes les planches cultivées n'étant pas au même
stade de développement, elles ne réagissent pas de la même
façon au manque d'eau. C'est pourquoi les maraichers commencent en
général par arroser les cultures les plus fragiles, qui
supportent le moins le manque d'eau et le fort ensoleillement, à savoir
les pépinières et les planches nouvellement repiquées.
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