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Mise en oeuvre du changement organisationnel: enjeux et défis de la transformation d'une organisation à  but non lucratif

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par Zakaria Traoré
Université Aube Nouvelle - Master Recherche 2013
  

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IV.2.4/ Les contraintes et problèmes perçus

Le montage juridique de la société a fait l'objet de critique par un acteur :

Interview n°12 :

« Les observations du Ministère de l'Economie et des Finances devait être examinée avec la plus grande attention. Ils ont suggéré une autre forme juridique que la Société anonyme. De toute façon, ils peuvent nous avoir à tout moment, ne serait-ce qu'à travers l'administration fiscale. »

Il convient de signaler que le Ministère de l'Economie et des Finances a attiré l'attention des administrateurs sur la nécessité de distinguer les organes dirigeants de l'association de ceux de la société anonyme.

Il est noté que la société dispose d'un conseil d'administration pendant qu'il s'agit d'un actionnaire unique qu'est l'association. Dans une telle situation, selon le SYSCOHADA, il devrait s'agir d'une société anonyme avec administrateur général.

Il se trouve que les administrateurs de l'association se retrouvent au niveau de la société, ce qui crée donc la confusion des rôles.

La non séparation est également constatée sur le plan opérationnel, comme l'illustre cette intervention :

Interview n°6 :

« Il aurait fallu faire l'état des lieux de tous les projets et l'attester par un acte pour marquer la séparation avec l'association. Il en est de même du matériel cédé par l'association à la société pour lequel aucune base d'amortissement n'a été établie ».

Le défaut d'implication du personnel constitue également les contraintes ou les problèmes éventuels qui peuvent miner le processus de transformation. Les problèmes évoqués ont également trait aux blocages constatés dans la satisfaction des doléances du personnel qui se présentent comme suit telles qu'elles ressortent des documents :

- l'arrêt des contrats de travail du personnel à durée déterminée avec l'Association Faso Baara, la liquidation des droits légaux et le règlement d'indemnités pour services rendus ;

- la reconduction de l'ensemble du personnel de l'Association dans la nouvelle société anonyme Faso Baara S.A pour préserver les emplois et assurer une dynamique de continuité et d'efficacité de la structure ;

- la participation du personnel au capital de la S.A pour impliquer davantage ce personnel dans la gestion et dans les défis du privé.

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TRAORE Zakaria, Master Recherche en Sciences de gestion (2ème promotion), ISIG International

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Cette préoccupation fondamentale des travailleurs a constitué un point focal des différents échanges avec les dirigeants, de sorte que toute idée de non satisfaction absolue semblait créer un malaise en leur sein. Des attitudes de démotivation étaient perceptibles. Le rendement individuel et collectif baissait, tel qu'il ressortait des évaluations des activités réalisées.

Interview n°3 :

« Je ne vois pas de problème majeur ou de frustration quelconque, en dehors de bruit où on parle de droits négociés *...+ Quand je regarde l'environnement, je vois que les gens ne sont pas motivés comme avant. Quand on vient à 07h30, maintenant tout le parking est vide. Avant le weekend, quand tu arrivais à l'Agence, tu avais l'impression que c'était un jour ouvrable. »

Cette observation s'est vérifiée. En effet, de la Note d'observation n°1, il ressort que les parkings du personnel étaient quasiment vides jusqu'à 09h, les journées du 19 et 20 juillet 2012, constats faits en présence de deux (2) cadres.

Le rappel au respect des horaires a été effectué à plusieurs reprises par le Directeur Général lors de réunions, avec à la clef une note de service en date du 23 novembre 2012.

Les principales contraintes relevées ont trait au montage juridique, au défaut d'implication du personnel, à la non satisfaction de certaines doléances du personnel et à la démotivation au sein du personnel. Cependant, certaines préoccupations ont été partiellement prises en compte par la suite. En effet, les contrats du personnel ont été rompus avec l'association et signés à nouveau avec la société anonyme. Les droits ont été liquidés et payés au personnel. De même, l'ouverture du capital à d'autres parties prenantes, validée par le conseil d'administration en sa séance du 21 décembre 2012, permettra de solutionner les insuffisances liées à la composition de cet organe.

IV.2.5/ La perception de la position concurrentielle et des opportunités IV.2.5.1/ L'environnement concurrentiel

La transformation juridique se justifie par le besoin des autorités gouvernementales de créer un environnement concurrentiel, par conséquent un environnement économiquement efficace, dans le secteur de la maîtrise d'ouvrage déléguée.

L'étude préliminaire réalisée par l'Agence a fait un état des lieux des entreprises évoluant dans le secteur. Elles se regroupent en trois catégories : les sociétés de droit public, les sociétés de droit privé et les ONG et associations.

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Les sociétés de droit public

Il s'agit des sociétés d'Etat et des établissements publics à caractère administratif : - l'Agence d'Exécution des Travaux Eau et Equipement Rural (AGETEER) ;

- l'Agence de Conseil et de Maîtrise d'ouvrage déléguée en bâtiment et aménagement urbain (ACOMOD-BURKINA) ;

- l'Agence des travaux d'infrastructures du Burkina (AGETIB) ; - Le Fonds de l'Eau et de l'Equipement Rural (FEER).

Les sociétés de droit privé

Il s'agit principalement de deux sociétés : AGEM-Développement, Boutique du Développement et CEIA/2I-CI. D'autres sociétés étaient en cours de constitution.

Les ONG et associations

Il s'agit d'ONG travaillant principalement avec le Ministère en charge de l'éducation nationale pour la construction de salles de classes. Ce sont essentiellement de :

- Plan Burkina ;

- OEuvre Suisse d'Entraide Ouvrière ; - Catholic Relief Service/CATHLWEL ; - Aide et Action.

Au regard de cette situation concurrentielle composée essentiellement d'entreprises jeunes et insuffisamment dotées, l'Agence Faso Baara ne devrait pas avoir du mal à conserver sa position de leader. Cependant, elle rencontre déjà des difficultés dans la participation à la concurrence. En effet, à l'issue d'une consultation lancée par un maître d'ouvrage pour la réalisation d'une importante infrastructure, d'un coût prévisionnel dépassant six (6) milliards de FCFA, l'Agence a été écartée parce qu'elle n'avait pas produit de document justifiant de son statut de société anonyme.

Après introduction d'une plainte auprès du Comité de Règlement des Différends (CRD), elle a été sollicitée par demande de proposition n°2012-000017/MENA/SG/DMP à participer à la consultation.

Il est de coutume de requérir aux éventuels candidats des conditions rigoureuses en fonction du coût prévisionnel et de la complexité de l'ouvrage (par exemples au minimum trois (3) références techniques, un chiffre d'affaires élevé, cautions plus importantes). Dans le cas

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présent, une seule référence technique était demandée aux postulants. Est-ce dans le souci de ne pas éliminer dès le départ la plupart des sociétés ?

Les résultats publiés dans la revue des marchés publics en son numéro 882 du lundi 19 novembre 2012 se présentaient comme suit :

Agences

Total

Rang

AGEM-

Développement

97,65

1er

Boutique de

Développement

91,82

2ème

Faso Baara

90,82

3ème

CEIA/2I-CI

58,82

4ème

De l'examen du détail des notes demandées par l'Agence, il ressort que des rubriques importantes telles que l'expérience de l'entreprise (notée sur 30 points), la qualification et l'expérience du personnel (notée sur 40 points) n'ont pas départagé les trois premiers candidats. Il en était de même de la présentation de l'offre notée sur 5 points. La différence s'est située au niveau de la compréhension des termes de références et, de la compréhension du chronogramme proposé avec la mission, notées respectivement sur 10 et 15 points. Ces résultats ont suscité à nouveau un recours de l'Agence Faso Baara S.A auprès du CRD.

Ce cas a laissé une forte impression de corruption dans l'esprit de la plupart des agents de Faso Baara S.A.

Cet exemple vient montrer que l'expérience de la structure, la qualification et l'expérience du personnel qui semblaient des atouts essentiels ne suffisent pas. D'autres mécanismes peuvent constituer des obstacles importants au maintien de leadership de la structure. Ils pourraient s'expliquer par des facteurs comme l'imperfection du marché et l'opportunisme de certains acteurs.

Cependant, des espoirs restent permis puisque certains partenaires institutionnels et privés continuent de faire confiance à l'Agence. Il s'agit notamment de l'Union Economique et Monétaire ouest Africaine qui a signé avec elles de nouvelles conventions portant sur d'importants projets. C'est le cas également de la BOA-Burkina pour la construction de son siège.

Une autre problématique liée à la maîtrise d'ouvrage déléguée est le développement des sociétés d'Etat alors que la logique de départ était de faire exécuter les grands travaux par des structures autonomes et suffisamment indépendantes de l'Etat.

Pourtant, la réglementation (article 17 du décret 2008-174 portant règlementation de la MOD) interdit la mise en compétition des sociétés publiques et des sociétés privées. Elle consent cependant qu'à titre dérogatoire, les personnes morales de droit public peuvent

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demander aux directions techniques d'exécuter des missions de maîtrise d'ouvrage déléguée sans avoir recours aux procédures de sélection compétitive.

Dans la mesure où le portefeuille des projets confiés par le biais de la MOD est en grande partie dû par l'Etat, il se pose le problème l'importance de la part de marché qui pourrait être mise en concurrence entre les sociétés privées, en imaginant que l'Etat va confier dans la mesure du possible ses projets aux agences publiques. Va-t-il respecter la limite de 5% des projets confiés par la procédure de gré à gré à ses sociétés d'Etat ? Si oui, c'est la viabilité à terme des sociétés d'Etat qui peut se poser.

En tout état de cause, cet aspect peut constituer un des enjeux cruciaux de l'environnement de concurrence établie. En effet, comment assurer le jeu de parfaite concurrence entre les acteurs ? Le renforcement de la réglementation peut en être une solution.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo