1.1.3.2. Méthodes chimiques
De nombreuses méthodes sont utilisables pour la lutte
chimique :
- Les pulvérisations au sol de produits insecticides
rémanents dont la durée d'action doit être
supérieure à celle de la pupaison ont été les
moyens les plus employés de 1945 jusqu'aux années 1970. Cette
méthode est lente et peut entraîner des problèmes de
pollution temporaire (Cuisance, 1992). De plus, le coût d'une telle
méthode est élevé et les molécules utilisées
(dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT), dieldrine) ont
été condamnées par les bailleurs de fonds du fait de leur
rémanence et donc de leur accumulation possible dans les chaînes
trophiques ; ce qui fait que les traitements rémanents, que ce soit par
voie terrestre ou aérienne, ont presque totalement disparu.
- Les traitements séquentiels en nappe
d'aérosols non rémanents ont été utilisés
sur les zones de savanes plates et ouvertes. De vastes territoires ont
été assainis (Nigéria, Zimbabwe, Cameroun), mais peu ont
été sauvegardés à cause des réinvasions. Ils
consistent en cinq à six traitements nocturnes espacés de dix
à quinze jours. Ils ne sont possibles que sur des zones à
végétation ouverte, non accidentées et où il y a
une inversion des températures suffisante la nuit pour permettre aux
gouttelettes d'insecticide de pénétrer la
végétation au niveau des lieux de repos nocturne des glossines.
Malgré leur grande efficacité, les conditions d'application de
ces méthodes font qu'elles sont peu employées aujourd'hui.
- Les pièges et écrans imprégnés :
à partir de 1974, l'abandon des insecticides rémanents et les
progrès dans la connaissance sur la biologie des glossines, notamment
des facteurs attractifs visuels et olfactifs, ont donné au
piégeage une place de premier plan renforcée par
l'avènement des pyréthrinoïdes de synthèse (effet par
contact foudroyant). Ces méthodes sont aujourd'hui largement
utilisées et toute une panoplie de pièges et d'écrans en
tissu (bleu/noir) plus ou moins spécifiques sont disponibles. Les
pièges peuvent être imprégnés de molécules
insecticides ou stérilisantes (mimétiques de l'hormone
juvénile ou inhibiteurs de la mue). Ils ont apporté un grand
progrès (méthode simple, rapide, non polluante) mais sont soumis
à de fortes contraintes d'implantation et d'entretien. Plusieurs auteurs
ont décrit les bons résultats obtenus avec ces méthodes de
pièges et d'écrans imprégnés (Laveissière et
al., 1980; Dagnogo et Gouteux, 1983; Mérot et al.,
1984; Mawuena et Yacnambe, 1988; Lancien, 1991; Cuisance et al.,
1994). Cependant, elles ne permettent pas d'aboutir en général
à une véritable éradication des glossines mais à
leur contrôle et il faudra donc maintenir une action à très
long terme. L'efficacité de telles méthodes n'est pas la
même selon les espèces de glossines ; les imprégnations
doivent être renouvelées et le matériel est
vulnérable : vols, usure, destruction par les intempéries ou
les
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animaux. En outre, l'attractivité des pièges
envers les glossines reste bien inférieure à celle du
bétail. Ainsi, si les glossines sont fortement attirées par le
bétail, celui-ci peut jouer le rôle de « pièges
vivants ».
- L'imprégnation insecticide : dans le
domaine vétérinaire, l'imprégnation insecticide
du pelage du bétail transforme le cheptel en «pièges
vivants» (par bains, par pulvérisations, ou par application
pour-on ou traitement épicutané). Cette méthode,
très efficace contre la plupart des arthropodes piqueurs, est
très prisée des éleveurs africains.
Pour la lutte contre les glossines, les applications
pour-on sont un bon complément aux autres modes de lutte que
sont la pose d'écrans et/ou de pièges imprégnés
d'insecticides. Elles bénéficient d'une bonne perception par les
éleveurs qui peuvent rapidement constater leur efficacité, ce qui
facilite leur adoption (Bouyer et al., 2004).
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