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Les haies vives dans la dynamique des contacts foret-savane a Yambassa, région du centre Cameroun

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par Cyrille LEMOUPA FOTIO
Université de Yaoundé 1 - Master 2 2015
  

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Introduction

Le bassin versant de la rivière Mbam fait partie de la vaste zone de mosaïque forêt-savane qui occupe tout le centre Cameroun. Ici s'imbrique très étroitement les savanes et la forêt dense. Les savanes du site se partagent entre des savanes herbeuses et des savanes arbustives. La forêt de la zone appartient au domaine de la forêt dense humide semi-décidue. L'ensemble baigne dans un climat tropical humide de type guinéen caractérisé par une longue saison des pluies de 9 mois et une courte saison sèche de 3 mois. Le relief est celui d'un plateau peu accidenté qui marque d'avantage les sols que la végétation. Sur les versants et les interfluves se rencontrent des sols ferralitiques tandis que les bas fonds et les plaines d'inondation sont recouverts dans l'ensemble par des sols hydromorphes. Les densités des populations varient d'un canton à l'autre entre 15 et plus de 60 habitants/km2.

I.1. Un climat marqué par une chaleur et une humidité constantes

Nous avons choisi la ville de Bafia comme station de référence en raison de la disponibilité des données statistiques. Cette ville est proche des sites de relevés botaniques à seulement 20 km d'Ombessa et de 30 km du village Yambassa. Elle partage avec toute la zone les mêmes caractéristiques topographiques, hydrologiques, pédologiques et phytogéographiques.

La zone est caractérisée par un climat équatorial de transition qui évolue vers un climat subéquatorial car elle connait des nuances tropicales (Suchel, 1988) en raison de sa position d'abris. La moyenne annuelle des précipitations est de 1493 mm pour la station de Bafia, mais seulement de 1423 pour Ombessa, soit un peu moins que sur l'ensemble du plateau Sud Camerounais qui connaît des précipitations moyennes de l'ordre de 1500 à 1600 mm (figures 5 et 6).

La saison de pluies qui s'étend sur 9 à 10 mois (P mensuellee 50 mm) consécutifs coïncide avec les maxima pluviométriques (figure 3). 2 fois sur 3 elle va de mars à novembre et 1 fois sur 3, de février à novembre. Par conséquent, la courte saison sèche de 2 à 3 mois s'étend généralement de décembre à janvier ou de décembre à février. Cette période coïncide avec la domination des Alizés du NE, vents chauds et secs en provenance de l'anticyclone du Sahara (Suchel, 1988).

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La moyenne annuelle des températures est de 25,1° C (Tableau 1). Ces températures varient au cours de l'année entre 23,9°C pour les minima de juillet et août et 26,6°C pour le maximum de février. Cela donne une faible amplitude thermique annuelle de 2,7°C (figure 5).

Figure 5 : Abaque hydrothermique de la station de Bafia

L'humidité relative reste importante au cours de l'année. Le strict minima est enregistré au cours du mois de février, soit un taux d'humidité de 69%. Les mois de janvier et de mars connaissent aussi de faibles taux, soit 76% pour chacun. Le taux d'humidité des autres mois tourne autour de 80% sauf juillet et août qui connaissent le maxima avec un taux de 86% pour chacun d'eux. Le caractère humide est affirmé aussi par une moyenne annuelle d'évaporation de 934 mm. Si on fait le bilan des pluies enregistrées et de l'évaporation justement, cela donne un gain de précipitations de 559 mm qui sont conservée en moyenne par an dans la zone (tableau 1).

Le relief joue un rôle d'atténuation pour les pluies et constitue un facteur d'amplification par rapport aux moyennes des températures. En effet, la zone est située derrière la chaine de montagnes de Bapé qui fait écran aux vents de mousson du sud-ouest en provenance de l'Atlantique (figure 6). La quantité de pluies se trouve donc réduite par rapport aux autres

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régions situées à la même latitude comme Yaoundé qui enregistre en moyenne 1600 mm de pluies par an.

Tableau 1 : Les données climatiques de la station de Bafia (1951-2013)

Mois

P mm

T° C

H %

Evaporation

J

12

25,3

74

107,1

F

33

26,6

69

124,3

M

117

26,5

74

110,6

A

163

25,9

80

78,9

M

182

25,4

82

69,5

J

140

24,7

84

60,6

J

102

23,9

86

53,8

A

136

23,9

86

54,4

S

231

24,4

85

57,7

O

280

24,5

84

62,8

N

86

24,9

81

69,2

D

11

25,3

79

85,4

Moy. annuelle

1493

25,1

80

934

Figure 6 : Les moyennes annuelles des pluies dans la zone du confluent Mbam et Sanaga

La position de la zone en situation de cuvette située à environ 480 m d'altitude aboutit à une augmentation des moyennes de températures de l'ordre de 1,6°C par rapport aux autres régions situées sur le même plateau sud camerounais, mais plus en hauteur. Par exemple, la région autour de Yaoundé, située à 750 m d'altitude, enregistre une moyenne annuelle des

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températures de 23,5°C contre 25,1° C pour le secteur autour de Bafia qui est situé à 500 m en moyenne (figure 7).

I.2. Le relief et les sols

I.2.1. Un relief de plateau peu accidenté

La zone du confluent entre la rivière Mbam et le fleuve Sanaga présente une sorte de cuvette à environ 480 m d'altitude moyenne. Cette surface est bordée à l'ouest par de petites chaînes de montagnes comme c'est le cas de la chaîne de Bapé qui culmine à 750 m. A l'est, la zone de dépression est bordée par une unité topographique située à 600 m d'altitude moyenne dont les villes de Saa, Obala et Okola font partie (figure 4). Le fleuve Sanaga et la rivière Mbam sont les principaux cours d'eau de la région. La Sanaga est par ailleurs le plus grand cours d'eau du Cameroun autant par son débit que par la superficie de son bassin versant. Couvrant une superficie de 133 000 km2, ce fleuve draine près de 25% du territoire camerounais (Olivry, 1986). La Sanaga et le Mbam coulent d'abord dans le sens opposé, l'un du SE vers le NO et l'autre du NO vers le SE avant de se croiser au centre de la zone.

Dans le détail, le secteur autour de Yambassa présente une succession de collines surbaissées séparées par des vallées profondes de 30 à 40 m. Dans ces différentes vallées, les cours d'eau coulent paresseusement dans des vallées à fond plat. Ils débordent localement en saison de pluies pour constituer ici et là des zones marécageuses comme c'est le cas au nord-est de la zone (figures 7 et 8). Ces débordements réguliers ont favorisé l'établissement des sols hydromorphes dans l'ensemble des plaines d'inondation de la région.

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Figure 7 : Carte hypsométrique de la zone du confluent Mbam et Sanaga

I.2.2. Un réseau hydrographique dense dominé par la rivière Ofoué

Le secteur situé entre le confluent Mbam et Sanaga présente en particulier un plateau incliné dans le sens nord-sud. C'est d'ailleurs le sens de l'écoulement des principaux cours d'eau qui vont plus loin au sud se jeter dans la Sanaga. La rivière Ofoué est le principal cours d'eau de la région et draine les 3/5e de la zone. Elle s'écoule d'abord dans la direction NO-SE, puis

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dans le sens N-S jusqu'à sa confluence avec la Sanaga. Il est grossi tout au long de son parcours par de nombreuses rivières. Il s'agit notamment de Pontcha et de Guissiné au nord-ouest de la zone, de Poundji et Abéma au nord, et d'Inguélou au sud-ouest. La partie sud-est est quant à elle drainée par les rivières Bikao et Eto qui sont également des affluents de la Sanaga. Le seul affluent important du Mbam dans la région est la rivière Biguélé qui s'oriente essentiellement dans le sens ouest-est (figures 7 et 8).

I.3. Des formations superficielles partagées entre les sols ferralitiques et les sols hydromorphes

Le sous bassement de la zone est essentiellement composé de roches métamorphiques. Il s'agit des gneiss, des micaschistes et des quartzites (figure 7). Il semble qu'il n'y a pas cependant de relations apparentes entre la nature du substratum et les sols en question. Par contre, la topographie exerce une influence significative. Dans la zone, on distingue deux principaux types de sols: les sols ferralitiques sur les collines et les sols hydromorphes dans les bas fonds.

I.3.1. Les sols ferralitiques.

D'après Valerie (1973), en dehors des fonds de vallées plats et marécageux abritant des sols hydromorphes, le reste de la région soit 90% du territoire, est recouvert de sols ferralitiques. Sur les montagnes cependant, les sols ferralitiques sont associés aux lithosols comme c'est le cas par exemple sur la chaine de Bapé. Les sols ferralitiques recouvrent invariablement les gneiss, les migmatites et les micaschistes. Sur le site, ces sols sont indifféremment couverts par la forêt et la savane (figures 7, 8, 9 et 10). Ces sols sont profonds de plus de 3 m, et comportent par endroits des horizons indurés.

Tous les sols de la zone sont acides (Martin, 1967). Les horizons supérieurs sont dans l'ensemble plus riches en matières organiques en savane qu'en forêt. En outre, les travaux de Martin (1973) montrent que dans l'ensemble, la proportion des limons est faible (moins de 10 %) et varie peu des horizons supérieurs vers la profondeur. Entre 0 et 40 cm de profondeur les sables dominent dans l'ensemble avec une proportion de 40 % de la fraction totale. Plus loin en profondeur, la fraction diminue au profit des argiles qui constituent à partir de 40 cm près de 60 % de la fraction totale.

La combinaison des facteurs climatiques, géologiques et géomorphologiques a contribué à la formation des sols ferralitiques rouges, jaunes et ocre (Valerie, 1973). Dans l'ensemble, ces sols se caractérisent par une grande épaisseur des profils car le climat est constamment chaud

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et humide, ce qui favorise l'altération. On y distingue classiquement six horizons de la surface vers les profondeurs : A0, peu épais et constitué par la litière; A1 qui a environ 20 cm de profondeur, est humifère, grumeleux et présente une activité biologique intense ; A2 d'environ 1m d'épaisseur. Cet horizon est limoneux et de couleur ocre-beige, appauvri en argile; B0, d'une épaisseur d'environ 80 cm, cet horizon est argileux, compact imprégné d'eau et de couleur rouge-brique. C'est ici que l'on retrouve les argiles accumulés ; B1 est épais d'environ 1 m ; c'est un horizon tacheté, argileux, imprégné d'eau et de couleur rouge-brique; C est un horizon d'altération qui est parfois épais de 3 m ; au-delà de 6 m de profondeur, se trouve la roche-mère non altérée. Avec un pH faible compris entre 4,5 et 5,5, ces sols sont très acides. Les sols ferralitiques rouges sont les plus représentés (Valerie, 1973). Ils occupent les interfluves ou les collines.

I.3.2. Les sols hydromorphes

L'hydromorphie est la saturation des pores d'un sol en eau sur une période plus ou moins longue de l'année. Ainsi, à l'approche des principaux cours d'eau, mais aussi dans les bas fonds, les sols ferralitiques typiques de la région cèdent la place à une association de sols ferralitiques et de sols hydromorphes. Les sols hydromorphes se caractérisent ici par leur localisation dans les bas fonds inondables.

Leur présence et leur extension s'expliquent par l'importance des zones de dépression. Les sols hydromorphes se rencontrent principalement dans les plaines d'inondation de l'Ofoué et de ses principaux affluents, mais aussi localement sur les rives du Mbam et de la Sanaga. Ces sols sont pauvres en éléments minéraux comme c'est aussi le cas des sols ferralitiques, mais en revanche, ils ont l'avantage dans la région de garder une humidité importante en saison sèche et de favoriser ainsi le développement des cultures de contre saison. Là où ils sont installés, seule une végétation naturelle de savane les occupe la plupart du temps (photo1 et figure 10).

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Sources :Cartes topographiques de f7GN de Bafia NB-32-V1-3a erN8-32-Vf-3b

11 °

12 E

 

Vers Momie 111 17 E

Figure 8 : Carte topographique de la région entre Yambassa et Ombessa

Figure 9 : Carte hypsométrique de la région entre Yambassa et Ombessa

41

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En effet, au dessus de ces sols, la topographie plane y favorise des conditions de stagnation saisonnière des eaux, conditions très contraignantes pour une grande majorité des espèces ligneuses.

Cependant, invariablement, les différents sols du site portent soit la forêt, soit les savanes. Les sols ne semblent donc pas constituer un facteur déterminant de la distribution de la forêt et de la savane.

I .4. Une végétation de mosaïque forêt-savane

La région autour du confluent du Mbam et de la Sanaga appartient au domaine de la mosaïque forêt-savane du Centre Cameroun. Il s'agit d'une part, de la « forêt dense humide semi-décidue» encore appelée « forêt semi-caducifoliée guinéo-congolaise » par Letouzey (1968) ou « forêt semi-sempervirente» selon White (1986). Les savanes de la région qualifiées de formations périforestières guinéo-soudaniennes par Aubreville (1948).

I.4.1. Les savanes préforestières ou périforestières

Sur le territoire, se distinguent divers faciès de savanes dont les principaux sont des savanes arbustives et des savanes herbeuses.

I.4.1.1. Les savanes herbeuses

Les savanes herbeuses sont dominées par Imperata cylindrica, Peinnisetum purpureum (Gramineae) et Aframomum latifolium (Zingiberaceae). Les rares arbustes qui parsement ces savanes sont: Terminalia glaucescens (Combretaceae), Annona senegalensis (Annonaceae) et Bridelia ferruginea (Euphorbiaceae). On les retrouve généralement sur les marges des habitations où elles caractérisent le plus souvent les friches, mais aussi dans les bas fonds marécageux où elles sont piquetées de Borassus aethiopum ou rônier (Palmaceae) (photo 1).

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Figure 10 : La distribution des sols dans la zone du confluent Mbam et Sanaga

44

Photo Lemoupa, 2013

Photo 1 : La savane herbeuse à Pennisetum purpeurum et Imperata cylindrica

I.4.1.2.Les savanes arbustives

Les savanes arbustives sont dominées par Terminalia glaucescens et Bridelia ferruginea. Ces deux espèces sont accompagnées par endroits de Annona senegalensis, Psorospermum febrifiga, Crossopteryx sp et Hymenocardia acida. Localement, les savanes s'enrichissent de Borassus aethiopum (Rônier), Lophira lanceolata et Vitex sp. Le couvert herbacé de ces savanes est dominé par Andropogon sp, Pennisetum sp, Imperata cylindrica (Gramineae) et Aframomum latifolium (Zingiberaceae). Ce couvert herbacé reste le même lorsqu'on se retrouve face aux savanes arborées dans certains secteurs. La seule différence remarquable ici est la présence de grands Terminalia glaucescens associée aux autres arbres typiques de savanes comme Lannea kerstingii (photo 2).

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Photo Lemoupa, 2013

Photo 2 : La savane arbustive à Terminalia glaucescens et Bridelia ferruginea I.4.2. La forêt dense humide semi décidue

Dans la région, la forêt dans son ensemble est dominée par deux grandes familles : celles des Ulmaceae et des Sterculiaceae (Letouzey, 1968). La première famille est surtout composée de Celtis (C. philippensis, C. adolfi-friderici, C. milbraedii, C. tessmanii, C. zenkeri et C. africana) alors que la seconde connaît une richesse importante des genres Cola (C. cordifolia, C. grandifolia, C. altissima, C. gigantea) et Sterculia (S. rhinopetala, S. tragacantha). Des espèces comme Triplochiton scleroxylon (Sterculiaceae) et Terminalia superba (Combretaceae) sont aussi caractéristiques de la formation, mais uniquement du fait de leur grande taille et de leur volume important en bois. D'autres arbres émergents comme Entandrophragma cylindricum (Meliaceae), Milicia excelsa (Tiliaceae), Pycnanthus angolensis (Myristaceae), Bombax buonopozense et Ceiba pentandra (Bombacaceae) sont localement abondantes. La flore de cette forêt varie sensiblement au contact direct des savanes préforestières où elle est beaucoup plus riche en Euphorbiaceae (Funtumia elastica, Antidesma venosum) et en Mimosaceae (Albizia adianthifolia, Albizia glaberrima et Albizia zygia) (Youta Happi, 1998) (photo 3).

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Photo Lemoupa, 2013

Photo 3 : La forêt dense semi décidue à Sterculiaceae et Ulmaceae

Notes : En saison sèche, certains grands arbres perdent entièrement leurs feuilles. Ici les couleurs flamboyantes caractérisent les jeunes feuilles (rouge, orange et jaune pour les différents stades de repousse de Lophira alata). Les jeunes feuilles de Ceiba Pentandra et de Bombax buonopozense virent d'abord au vert olive et deviennent vert foncées au bout de quelques mois.

I.5. Les aménagements agricoles

Dans le département du Mbam et Inoubou, la région des haies vives est constituée de deux arrondissements à savoir Bokito et Ombessa. Cet espace se caractérise par une apparente faiblesse des densités de la population, soit environ 27 à 30 habitants au km2 selon le dernier recensement de 2005 (INS, 2010) (figures 12 et 13). Pour certains auteurs, ce territoire représente un espace « vide » entre deux réservoirs de migration que sont le pays bamiléké sur les hautes terres de l'ouest et le pays Eton à l'est (Filipski et al., 2007). On explique cela par la solide réputation de pratiques occultes qu'ont acquis les Yambassa depuis la période précoloniale (Filipski et al., op.cit.), mais aussi par le caractère peu hospitalier du milieu

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naturel. Le site renferme une forte densité de mouches tsé tsé agents vecteurs de la maladie du sommeil et de simulies, vecteur de la transmission de l'onchocercose ou maladie de la cécité de l'Sil. Ces auteurs concluent que contrairement à de nombreuses situations en Afrique rurale, le pays Yambassa n'est soumis qu'à une très faible pression d'immigrations.

La population est composée du groupe ethnique Yambassa et des allogènes tels que les Bafia, les peuls, les bamiléké, les éton, les éwondo, les sanaga et des étrangers originaires du Nigeria et du Mali pour les pays les plus représentés. Les autochtones sont regroupés en familles, soit neuf au total: Bongolo, Guessele, Bouyongo, Boudigue, Ndaga, Bogann, Botombo, Bogoum et Bolomann. Rappelons que le village Yambassa fait partie des dix villages que compte le groupement Elip. Il s'agit de : Yambassa, Balamba 1, Balamba 2, Botatango, Boalondo, Bassolo, Botombo, Bogando, Kananga et Kilikoto.

C'est une population essentiellement rurale et acquise à la pratique de l'agriculture. Une agriculture vivrière semi-itinérante est pratiquée en zone de savane. La production vivrière est du domaine des femmes qui cultivent chaque année une dizaine de « parterres » chacune2. Les espaces de savane défrichés et labourés à la houe servent à la culture du taro et de l'igname la première année, du maïs et de l'arachide l'année suivante (photos 4, 5 et 6). Du manioc est toujours planté sur les bords du parterre. L'agriculture vivrière reste fondée sur un système à jachère de longue durée : à un cycle de cultures de deux à trois ans succède une jachère de plusieurs années (cinq au minimum). Depuis quelques années pourtant, les agriculteurs yambassa se lancent dans des cultures de rente de savane, notamment les agrumes. Les bosquets du pays Yambassa ont été mis à profit pour devenir des espaces de cacaoculture, principale ressource du pays Yambassa, avec une forte perception de saturation foncière. La culture du cacao nécessite un couvert végétal et doit être installée en forêt. Les exploitations sont tenues sur le mode familial. Elles sont petites (de 0,2 à 2 hectares) et souvent anciennes. Les yambassa préférant en général chercher un nouvel espace pour installer des jeunes plants plutôt que de renouveler leurs plantations (Filipski et al., 2007).

2 Larges buttes rectangulaires de terre labourée d'environ 200 m2

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Photo Lemoupa, 2013

Photo 4 : Plantation de cacaoyer aménagée dans un système agroforestier

Notes: un peu partout dans la région, les cacaoyers sont implantés dans des bosquets. Les enquêtes révèlent que ces taches de forêt ont remplacé des parcelles de savanes anciennement occupées par les cultures vivrières.

Un autre aspect important à relever au sujet de la région est la forte proportion d'agriculteurs anciennement citadins parmi les villageois. La quasi-totalité des agriculteurs interrogés ont vécu en ville quelques années avant de revenir, déçus par le manque d'opportunités en ville. Ce mouvement, qui débute dans les années 1980, se poursuit de nos jours en partie grâce au développement des transports.

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Photo Lemoupa, 2013

Photo 5 : Champs d'arachide et de manioc dans un bas fond

Notes: au premier plan, le champ aménagé sur un parterre. Il porte des arachides et du manioc. Les deux hommes avancent dans un drain aménagé pour favoriser artificiellement l'évacuation de l'eau gravitaire présente dans la macroporosité du sol à la suite de précipitation, mais qui stagnent longtemps à cause de la platitude de la topographie.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway