VII.2.4.2. La théorie stochastique de Gleason
26
chacune des réactions individuelles face à
l'environnement. L'évolution de la végétation est le fait
des seuls individus qui se déploient plus ou moins rapidement en
fonction du niveau de leur accommodation aux conditions du milieu.
Notre étude s'inscrit dans ces différentes
théories.
VIII- OBJECTIFS DE RECHERCHE VIII-1-Objectif
principal
L'objectif principal consiste à déterminer les
impacts écologiques et socio-économiques à court et
à long termes de la mise en place des haies vives du village
Yambassa.
VIII-2-Objectifs spécifiques
> Dresser un état des lieux du paysage agraire de la
localité de Yambassa.
> Caractériser le contexte historique de l'implantation
des haies vives.
> Déterminer la distribution régionale et locale
et la composition floristique des haies vives de la localité de
Yambassa.
> Déterminer les implications écologiques et
socio-économiques des haies vives à l'échelle locale en
précisant les mécanismes et les modèles d'évolution
des contacts forêt-savane.
IX. HYPOTHESES DE RECHERCHE
IX-1-Hypothèse principale
Les haies vives de la localité de yambassa favorisent
le développement d'un couvert végétal forestier dans les
savanes et constituent une source de richesse pour les populations locales.
IX.2. Hypothèses spécifiques
> Le paysage agraire yambassa présente une
mosaïque forêt-savane conditionnée par le milieu physique et
humain.
> Les haies vives yambassa ont été
implantées dans un contexte de guerres tribales pour constituer des
systèmes de défense et de délimitation du territoire.
> Les haies vives sont reparties sur l'ensemble du «
pays» Yambassa, formant une couronne visible dans le village Yambassa et
composées principalement de Ceiba pentandra et de Bombax
buonopozense.
Pour les images et les cartes nécessaires, nous avons
eu recours à deux types de documents:
27
Ø Les haies vives favorisent le recrutement des
espèces pionnières de la forêt en savane permettant une
expansion de la forêt sur la savane; elles fournissent des produits
divers et favorisent la culture du cacao dans la localité.
X- METHODOLOGIE DE RECHERCHE
Les techniques d'investigations s'appuient sur la recherche
documentaire, les enquêtes de terrain sur la base d'un questionnaire, les
relevés botaniques sur transects et placettes, ainsi que sur les
traitements statistiques et cartographiques :
X.1. Le matériel de terrain
Sur le terrain, nous avons eu recours à une petite
batterie de matériel devant faciliter le parcours du site et le travail
de collecte des données en forêt. Il a ainsi été
nécessaire d'utiliser:
- Une machette pour se frayer le chemin en forêt, pour
délimiter les placettes et écorcher les arbres identifiés
;
- un mètre ruban pour mesurer la circonférence des
arbres à 1,30 cm du sol ;
- un décamètre utilisé pour mesurer les
distances entre les pieds d'arbres et d'arbustes et pour dimensionner les
placettes élémentaires de 5x20 m ;
- Un GPS pour trouver les coordonnées
géographiques et les altitudes des sites d'expérimentation (les
placettes botaniques).
- Un herbier et des sacs plastiques pour collecter les
échantillons botaniques en vue de les identifier à l'Herbier
National du Cameroun.
- Nous nous sommes servis également d'une boussole
pour nous orienter par rapport aux tracés des layons botaniques. De la
craie a été utilisée pour marquer les arbres
relevés afin d'éviter de compter les mêmes plusieurs fois.
Des sacs plastiques et un herbier portatifs nous ont servi à la collecte
des échantillons botaniques sur le terrain. C'est plus tard nous avons
consulté les archives de référence de l'Herbier
National.
X.2. Les documents cartographiques
28
- Les cartes topographiques de l'IGN : il s'agit
respectivement de la carte de Bafoussam feuille NB-32/33-SO au 1/500 000, deux
types de cartes de Bafia, c'est-à-dire la feuille NA-32-VI au 1/200 000
et les feuilles NB-32-XI 3b et 3a au 1/50 000.
- Les photographies aériennes n° 172 et 186 de
l'IGN mission 016 de l'AEF de 1950-1951 au 1/50 000.
- Une image satellitale Landsat du 10/04/2013.
X.3. La collecte des données secondaires : la
recherche documentaire
La recherche documentaire et bibliographique s'est
déroulée dans les bibliothèques de l'université de
Yaoundé 1 (la bibliothèque centrale, celle de la Faculté
des Lettres et Sciences Humaines, celle du Département de
Géographie et celle du cercle d'histoire et géographie), la
bibliothèque du Ministère de la recherche scientifique ainsi que
celle de l'Herbier National. Les recherches dans les centres de documentation
ont été complétées par la consultation des sites
spécialisés suivants sur Internet: Banque Mondiale, COMIFAC, FAO,
ONF international, PNUD, CIFOR, GIEC, IUCN, WWF. Nous avons aussi
consulté les archives de la commune d'arrondissement d'Ombessa, ainsi
que celles de la commune urbaine de Bafia.
Nous avons eu recours aux centres de documentation
spécialisés : bibliothèque de l'Institut de Recherche
Agronomique et de Développement (IRAD) de Nkolbisson,
bibliothèque de l'Herbier National. La consultation des documents a
été également faite sur des sites
spécialisés sur internet.
X.4. La collecte des données primaires : les
enquêtes humaines
Il s'agit des données collectées au cours des
entretiens et enquêtes de terrain. Les questions posées lors des
entretiens auprès d'agriculteurs et de chefs de ménages du
village Yambassa portent principalement sur l'histoire de l'occupation des
terres d'habitation et de cultures.
Les enquêtes de terrain se sont basées sur un
questionnaire. Elles ont ciblé en priorité les paysans
(cultivatrices, planteurs) et les chefs de ménages. Nous avons aussi
ciblé les agents et responsables des mairies et des services
d'arrondissement et départementaux des eaux et forêts, de
l'agriculture, de la faune et de l'environnement, des industries animales. Les
planteurs en particulier nous ont aidés à identifier les haies
déjà bien visibles sur les photographies aériennes
consultées. A l'aide d'un GPS ces haies ont été
localisées avec précision sur les cartes et les images. Au cours
des discussions et des entretiens, les questions ont porté sur les
raisons de l'implantation et de la conservation des haies, ainsi que les
29
conséquences et les impacts de leur implantation sur le
plan écologique (la biodiversité floristique, la qualité
physique des sols et de leurs rôle dans l'affectation des sols), mais
aussi sur le plan social (l'appropriation des terres, les investissements
nécessaires, le coût en temps de travail, en matériels et
en argent) et sur les retombés.
Nous avons eu recours aux questions semi-fermées, ce
qui donne une plus grande flexibilité des réponses. Les
entretiens ont permis de retracer l'histoire agraire et les modes de mises en
valeurs qui sont à la base de l'évolution de ce territoire.
L'analyse du fonctionnement des systèmes de production agricole issue
des enquêtes auprès de chefs d'exploitation permet de comprendre
les stratégies paysannes et les logiques de mise en valeur des
terres.
Les enquêtes humaines vont se baser sur la
méthode déductive, qui consiste à émettre des
hypothèses sur la base d'un raisonnement considéré comme
vraisemblable, mais qui doit toutefois être vérifié
à postériori sur le terrain. Un questionnaire sera bâti
dans cette perspective et visera à comprendre les logiques paysannes
d'appropriation et de gestion des terres agricoles, des espaces de savanes et
des peuplements forestiers.
X.5. Les traitements d'images
Ils ont consisté aux analyses diachroniques
basées sur des données de télédétection
comme les photographies aériennes et les images satellitales. Les cartes
ont servi, d'une part, à délimiter les arrondissements et les
cantons du site d'étude. D'autre part, elles ont servi comme
repère pour le géoréférencement et le redressement
géométriques des photos et des images. Au bout de ces
traitements, les images sont converties à une même échelle
et sont donc superposables. Les formes d'affectation des sols peuvent donc
être décrites et quantifier. En comparant les images
rectifiées géométriquement, nous avons
détecté les formes d'évolutions des contacts
forêt-savane. La même démarche a permis de déterminer
les mécanismes d'évolution, d'une part, et de quantifier les
évolutions de la végétation entre deux ou plusieurs dates
en s'appuyant sur la comparaison d'images prises à différentes
dates.
X.6. Les relevés botaniques sur transect et
placettes
Les relevés ont été
réalisés sur un transect long de 2660 m et de 5 m de large,
représentant en tout 13 300 m2. N'ont été pris
en compte que les arbustes et arbres qui se situaient sur l'axe de l'alignement
de la haie vive. Par ailleurs, les cacaoyers implantés sous l'ombre des
ligneux n'ont pas été pris en compte. Cependant, la
présence des peuplements occupant l'environnement immédiat de la
haie a été précisée. Un enregistrement de points
GPS a été
30
fait tous les 100 m. Des points supplémentaires ont
été précisés chaque fois que la haie
décrivait une courbe ou une bifurcation.
Ainsi, les mesures de terrain ont permis de décrire les
unités d'occupation de sol et de valider les données issues de la
photo-interprétation. Les relevés de terrain ont permis de
mesurer la longueur de la haie vive, de recenser et de déterminer les
espèces constitutives de la haie. D'autre part, les mesures des
circonférences des arbres et des arbustes ont conduit à la
description des structures horizontales et verticales par l'évaluation
de la densité et de l'abondance des individus.
Le choix des parcelles d'expérimentation s'est
porté sur un transect représentatif des haies vives en termes de
conservation et d'accessibilité. Il s'agit du village Yambassa
situé sur la route nationale n04 qui relie Yaoundé
à Bafoussam en passant par Bafia. Sur le transect le mètre ruban
a été utilisé pour mesurer les circonférences des
futs à 1,30 m du sol. Le décamètre a permis de
délimiter le périmètre et de mesurer les distances entre
les individus et les associations de végétations. La machette a
servi à éclaircir le passage et à prélever les
piquets destinés à la délimitation des placettes.
Nous avons aussi utilisé une grille
millimétrée pour préciser la position de chaque individu
sur le transect. Les particularités de la structure et des haies ont
également été précisées en restituant les
étendus sur la même grille (cacaoyer, jachère, bosquet,
arbres mort sur pied, arbre prélevés etc.). Le transect a
été divisé en parcelle élémentaire
(placette) de 5 m de large et 20 m de long. Dans chacune des placettes, les
relevés portent sur tous les individus appartenant aux plantes ligneuses
(individus de taille 5 m).
PRESENTATION DU MEMOIRE
Le mémoire comporte deux parties divisées
respectivement en deux chapitres; soit quatre chapitres au total. Le premier
chapitre présente les conditions écologiques du site
caractérisées par un climat humide, un relief de plateau peu
accidenté, des sols ferralitiques en association avec des sols
hydromorphes, ainsi qu'une occupation humaine marquée par de faibles
densités relatives de la population rurale. Le chapitre deux
évoque le contexte historique qui a favorisé l'aménagement
des haies défensives végétales autour des
établissements humains. Le chapitre trois décrit la
répartition et la structure des haies à l'échelle
régionale grâce aux données de la
télédétection et à l'échelle locale sur
transects et placettes. Le chapitre quatre décrit les implications de
l'aménagement des haies défensives sur le triple plan social,
économique et écologique. Il précise en particulier le
rôle de ces
31
boisements dans le contexte défensif, dans le cadre de
la mise en valeur agricole et dans la dynamique des contacts forêt-savane
sur le site.
32
PREMIERE PARTIE : LE CONTEXTE ECOLOGIQUE ET HISTORIQUE
DE LA MISE EN PLACE DES HAIES VIVES
33
CHAPITRE I : LE CONTEXTE ECOLOGIQUE DU PAYSAGE AGRAIRE
YAMBASSA
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