VIII- Discussion générale :
Nous avons essayé de comparer l'efficacité de
deux méthodes d'échauffement dynamique ou actif sur une
population de jeunes élèves d'une école de Bruxelles. Et
pour cela nous avons avancé deux hypothèses qui stipulent que
l'échauffement classique est meilleur immédiatement avant des
exercices intenses de courte durée ou explosifs que nous avons
vérifiés sur le terrain par le biais des expériences et
avec des moyens classiques comme le chronomètre manuel et le
mètre.
Nous savons tous que plusieurs facteurs influencent les
résultats d'un échauffement comme : l'intensité,
la durée, la température ambiante, etc. Lors de notre
expérience nous avons tenu compte de ces facteurs sauf un seul
lié à la nature des deux méthodes d'échauffement,
il s'agit du facteur intensité.
D'une part et d'après plusieurs chercheurs nous savons
que des exercices de force épuisants produisent une fatigue au niveau
musculaire. Cette fatigue se caractérise par une impossibilité de
maintenir la force maximale, la diminution de la précision du mouvement
... cette fatigue peut être locale ou générale, elle peut
être due aussi à un épuisement des réserves
énergétiques (Pilardeau P., 1987). Selon Weineck J. (1990), il
n'est pas possible d'obtenir une vitesse maximale en état de fatigue,
car les processus de guidage du système nerveux sont affectés et
voient leur capacité de coordination, nécessaire au
développement de la vitesse, diminuer sensiblement. Une baisse des
réserves musculaires d'ATP, après un effort épuisant,
conduit inexorablement à une diminution de la mobilité. En raison
de cette diminution d'ATP, les ponts d'actine et de myosine dans les
sarcomères ne peuvent plus se libérer aussi rapidement que dans
des conditions de repos. Cette diminution d'ATP est le résultat d'un
manque de récupération. Comme disait Cometti C. (2012), il existe
un lien fort entre la fatigue et la récupération. Cette
dernière est différente selon le type et la durée de
l'effort physique ou l'exercice. Pour un exercice, selon le même auteur,
composé de 5 séries de 10 répétitions, l'amplitude
de la récupération de la force est significativement
supérieure à 15 minutes après l'exercice. En revanche pour
ces types d'exercices, les sujets n'ont pas récupéré leur
capacité de force maximale, 30 minutes après l'arrêt de
l'effort (Walker et coll., 2012). D'autres chercheurs ont montré que la
récupération de la force maximale est différente selon la
durée et les caractéristiques de l'exercice (Baker AJ., et coll.,
1993 ; Vøllestad NK. et coll., 1997 ; Linnamo V. et coll.,
1998). Le processus de récupération est très complexe, il
est plus long après un exercice prolongé (15 à 20 minutes
de contractions concentriques intermittentes) qui ressemble un peu à la
forme de l'échauffement russe. La diminution de la force maximale de
plus de 50% observée suite à la répétition de ces
contractions maximales peut nécessiter une récupération
supérieure à 1 heure voire 48 heures pour une séance
réalisée à 100% de la force maximale volontaire. Ces
délais sont différents, selon Cometti C. (2012), en fonction de
la nature de la fatigue induite. Ce processus de récupération
à la suite d'un exercice intense et fatiguant passe par deux phases
principales dont la première est liée à la
resynthèse de la phosphocréatine qui met plus ou moins 5 min pour
une resynthèse totale des phosphagènes et la seconde phase
correspond à la restauration des paramètres en relation directe
avec les mécanismes de la contraction musculaire (le couplage
excitation-contraction ; CEC). Ce processus beaucoup plus long, peut aller
jusqu'à plusieurs jours (Miller et coll., 1987 ; Linnamo V. et
coll., 1998). Il s'agit généralement de la réparation des
dommages structuraux et/ou des facteurs non métaboliques (Sahlin K. et
Seger JY., 1995). D'autres chercheurs ont constaté exactement les
mêmes effets de la fatigue sur la performance sportive (Horita T. et
coll., 1996 et Nicola et coll., 1991). Ce dernier a constaté que la
fatigue chez les débutants, comme c'est le cas de la majorité de
nos sujets, présente une diminution de la tolérance à
l'étirement, des flexions plus grandes et un travail plus important dans
la poussée donc le sujet met plus de temps pour agir dans ses actions et
il déduit que la fatigue est défavorable aux exercices
pliomètriques comme le cas d'une course de vitesse de 20m ou le CMJ.
Bishop D., (2003b) conclut que l'échauffement actif agit de
façon positive et favorable sur la performance intense et
inférieure à 10sec à condition que le protocole
d'échauffement ne soit pas très intense et permet une
récupération suffisante afin de ne pas débuter l'exercice
avec une diminution des phosphates à haute énergie.
D'autre part la majorité des chercheurs confirment que
les exercices de type excentriques sont épuisants et très long
à récupérer, ils entraînent des lésions
profondes dans le muscle et c'est pour cette raison qu'il ne faut pas
l'utiliser lors de la période de compétition (Cometti G. et
coll., 1999). Dellal A. et coll. (2008), évoquent les
inconvénients des exercices excentriques tels que la destruction d'un
grand nombre de fibres musculaires. Certains auteurs relatent même que ce
type d'exercices excentriques provoquerait des micro-déchirures qui
seraient à l'origine des courbatures (Schwane J.A. et coll., 1987).
Proske U. et Morgan DL. (2001) ont noté que ce type de travail
entrainait une altération structurale et fonctionnelle des muscles
utilisés. Les sollicitations excentriques génèrent
principalement une fatigue au niveau du matériel contractile (Kay D., et
coll., 2001 ; Babault N. et coll., 2006). Ce travail entraine des
courbatures 12h à 48h à la suite de l'exercice (Coudreuse JM., et
coll., 2007 et Talag T., 1973).
Les courbatures suite à un effort excentrique (Talag
T., 1973)
Il faut donc faire très attention, d'après
Dellal A. et coll. (2008), à la récupération
inhérente à ce type de travail et c'est pourquoi, on l'utilise
très rarement en période de compétition. Ce type de
travail doit être placé dans des périodes assez
éloignées de la période de compétition.
Et nous savons tous que l'échauffement russe est
composé de deux phases, une phase d'exercices concentriques puis une
deuxième avec laquelle on termine composée d'exercices
excentriques et c'est ces derniers qui, à notre avis, nuisent à
la performance puisqu'ils se retrouvent à la fin d'un
échauffement intense et fatiguant et qui entraînent une baisse de
la performance sur des exercices de vitesse rectiligne de courte distance et
des exercices explosifs ce qui peut justifier nos résultats. Il est
vrais que nous n'avons pas le matériel nécessaire ni les
compétences pour évaluer la température musculaire ou
interne afin de vérifier l'effet de chaque méthode
d'échauffement sur la température et ce n'est pas notre but non
plus. Notre objectif en tant que préparateur physique est de voir
laquelle des méthodes de préparation pour tel ou tel exercice est
la plus efficace et c'est ce que nous avons essayé de vérifier
par le moyen du matériel dont nous disposons.
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