3.2 Un aménagement scientifique et technique du
territoire
Dans l'esprit de Malouet, le développement de
l'activité en Guyane est corrélée avec
l'aménagement d'infrastructures nouvelles. Mais il reste prudent et
préconise au préalable une expertise scientifique et
technique.
3.2.1 « Entretenus » et missions
scientifiques
En relation avec les secteurs à développer,
Malouet estime qu'il faut augmenter le nombre de ce qu'il appelle des «
entretenus », c'est-à-dire des personnels scientifiques
pensionnés par l'État. Dans le cadre des missions
installées sur le Marroni, le Canoupi et l'Oyapock, il suggère
d'engager un botaniste et un ingénieur, chargés de repérer
et aménager les chemins et les canaux entre les trois
établissements724. Il faut ensuite embaucher « deux
professeurs en hydraulique et mécanique [...] [ainsi que] deux ou trois
artistes capables pour les dessèchements » des zones humides, des
pinotières, en vue d'établir des cultures sur les terres
basses725. Enfin, il faut engager un chimiste et un naturaliste pour
examiner les gommes, les résines, les herbes et le bois de teinture,
secondé par « deux bons indigotiers726. »
En soit, l'idée de développer la culture de
l'indigo n'a rien de nouveau et Bessner relate les précédents
essais entrepris en 1750, sur les recommandations du ministère de la
Marine qui « la faisoit envisager comme une source prochaine des plus
grandes richesses. » Malgré l'envoi d'un indigotier pour enseigner
la façon aux habitants, c'est un échec cinglant. Bessner
dénonce un empressement du ministère par un manque de
connaissances, qui conduit les habitants à la ruine727. Cette
plante est introduite en 1698 en Guyane. C'est une culture secondaire qui ne
connaît qu'un fort développement en 1704 avec l'introduction de
plants de la variété guatimalo. En 1711, on
dénombre 22 indigoteries en Guyane, dont 2 appartiennent aux
Jésuites. En 1748, pourtant, ils abandonnent cette industrie du fait de
la mauvaise qualité de la production, en rapport avec la qualité
des sols.
723 ANOM C14/35 F° 270
724 Pierre Victor MALOUET, Collection de mémoires,
tome 1, op. cit., p. 84.
725 Ibid., p. 87-88.
726 Ibid., p. 89.
727 ANOM C14/35 F°248
168
C'est une activité peu, voire pas du tout rentable.
Elle ne se pratique pas selon les règles de l'art car elle est soumise
aux contraintes naturelles, auxquelles les Jésuites répondent en
construisant des bâtiments couverts pour se protéger de la pluie.
Une nouvelle tentative lancée en 1753 échoue de la même
façon. La culture de l'indigo fonctionne très mal et
périclite rapidement, si bien qu'en 1762, il ne reste que 3
indigoteries, situées à Macouria, Rémire et
Matoury728.
|