1.1.1 Relief et hydrographie
Tout d'abord, on trouve une zone côtière, qui
couvre 6 % de la superficie totale du territoire, au relief relativement plat.
À l'ouest de Cayenne s'étendent des savanes sèches, sur
environ 1500 km2, tandis qu'à l'est, des marécages
côtiers (les terres basses) qui séparent les plaines de la mer,
s'étendent sur 3700 km2. Ensuite vient la chaîne
septentrionale, qui s'étend entre la zone côtière et le
massif central guyanais, qui forme une chaîne de collines abruptes, aux
sommets plats, ne dépassant pas 350 m d'altitude. Le massif central
guyanais est quant à lui une formation de collines aux parois abruptes,
dont les sommets tabulaires culminent à 600-700 mètres
d'altitude, interrompus çà et là par de très
anciennes coulées volcaniques. Enfin, la pénéplaine
méridionale forme un relief monotone, peu élevé (250 m en
moyenne)405.
L'abondance des précipitations et la présence de
terrains pour la plupart imperméables, à faible pente, offrent
à la Guyane un réseau hydrographique extrêmement dense,
avec des cours d'eau puissants. Le Kourou, fleuve tout à fait moyen en
Guyane, a un débit comparable à celui du Rhône. La pente
générale du relief détermine un réseau en
éventail très ramifié, allant du Maroni (frontière
avec le Surinam) à l'Oyapok (frontière avec le Brésil),
avec un écoulement général empruntant la direction
nord-sud. La pente très faible n'occasionne que très rarement des
crues d'une grande envergure, pour des fleuves qui adoptent un profil en
escalier, aux cours ponctués de nombreux rapides et cascades (les
sauts)406. Pierre Barrère décrit un territoire
irrigué par un grand nombre de cours d'eau407, qui sont
autant de moyens de communication qui suppléent largement au faible
développement des voies terrestres. Grâce à
l'archéologie, l'équipe de Yannick Le Roux a reconstitué
une grande partie des voies de circulation aménagées
405 Ciro Flamarion CARDOSO, La Guyane française
(1715-1817), op. cit., p. 41 ; Jean-Claude GIOCOTTINO, « Un
monde tropical », in Pierre PLUCHON (dir.), Histoire des
Antilles et de la Guyane, Toulouse, Privat, coll. « Univers de la
France et des pays francophones; Série Histoire des provinces »,
1982, p. 26 ; Michel DEVEZE, Les Guyanes, op. cit., p.
8-9.
406 Ciro Flamarion CARDOSO, La Guyane française
(1715-1817), op. cit., p. 43.
407 Pierre BARRERE, Nouvelle relation de la France
équinoxiale, contenant la description des côtes de la Guiane, de
l'île de Cayenne, le commerce de cette colonie, les divers changements
arrivés dans ce pays, et les moeurs et coutumes des différents
peuples sauvages qui l'habitent; avec les figures dessinées sur les
lieux, Paris, Piget, 1743, p. 10.
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par les jésuites pour desservir l'habitation Loyola,
mettant ainsi en évidence leur importance408. Les cours d'eau
sont donc le moyen le plus utilisé par les colons pour se rendre d'une
habitation à une autre, ou pour gagner Cayenne. La moitié des
habitants disposent d'un canot à naviguer. En 1737, ils sont
une petite centaine à posséder au moins une
pirogue409. Ainsi, lors de sa tournée dans la colonie,
Malouet utilise principalement ces moyens de locomotion410.
Très vite naissent les idées de percer des
canaux pour joindre entre elles deux criques et faciliter les relations
inter-habitations. Le canal de la Crique Fouillée, reliant la
rivière de Cayenne au Mahury est ouvert en 1737, pour permettre aux
habitants de la Comté et de Roura, ainsi qu'au gouverneur de Lamirande
dont l'habitation se trouve à Matoury de venir à Cayenne plus
rapidement411. Malouet cite l'exemple de l'habitant Boutin,
conseiller au Conseil supérieur de Cayenne, qui a construit un canal
reliant la rivière de Kaw à son habitation afin d'en faciliter
l'accès. « Sans autre secours que celui de son atelier
composé de cinquante nègres ou négresses, écrit-il,
[M. Boutin] a creusé le canal que j'ai parcouru412.
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