2. Mesure de l'efficience quantitative
de la dépense publique en éducation
Face à cette couverture quantitative globale des
systèmes (EVS), très variable entre les pays, une
variabilité forte est aussi constatée au plan des ressources
publiques mobilisées. Elles varient en effet de 1,2% en
République Centrafricaine à 9,2% du PIB au Burundi pour une
moyenne de 4,5% pour les pays comparateurs. La Côte d'Ivoire (4,6% du
PIB) mobilise un volume relatif de ressources presqu'égal à la
moyenne de l'échantillon des pays pris ici comme comparateurs.
Après avoir examiné l'indicateur de couverture
quantitative globale et celui de la mobilisation des ressources pour
l'éducation, on peut maintenant aborder la question de l'efficience.
Pourcefaire,deuxméthodescomplémentaires peuvent permettre de
l'approcher :
i) Enmettant en regard de façon graphique l'indicateur
de couverture globale et le volume des ressources publiques mobilisées
par le système ;
ii) En calculantlerapportentre l'espérancedeviescolaire
et lesdépenses
publiquescourantesallouéesausecteurenpourcentageduPIB.Onidentifieainsiun
coefficient d'efficience qui correspond à un nombre moyen
d'années de scolarisation pour 1 % du PIB alloué au
fonctionnement du secteur.
Le graphique 10 montre la position des différents pays
pris en compte dans le tableau 5.Nous pouvons remarquer que les points du
graphique sont plus ou moins éloignés les uns des autres
traduisant la forte dispersion du volume relatif des ressources publiques
mobilisées et de la couverture globale du système éducatif
des différents pays.La corrélation entre les dépenses
publiques courantes d'éducation en % du PIB et l'EVS est faible, car le
coefficient de corrélation est de 0,2. Des pays qui mobilisent des
volumes relatifs comparablesde ressources publiques pour leur système
éducatif (exemple du Niger et du Cameroun), offrent des niveaux
très différents de couverture scolaire (4,9 années pour le
Niger contre 10,9 pour le Cameroun).
Graphique 9 :
Dépenses publiques d'éducation (% PIB) et EVS, Comparaison,
année 2011 ou proche
Source : Base de données de l'Institut de
statistique de l'UNESCO, nos calculs
Concernant la situation de la Côte d'Ivoire, une
première observation est que les paramètres sont tels que le
pays(i) mobilise presque le même volume de ressources publiques que la
moyenne de l'échantillon des pays comparateurs (4,6% du PIB), et (ii)
génère une couverture quantitative très inférieure
à la moyenne des pays comparateurs (5,5 années contre 9
années). On a donc tendance à conclure que l'efficience dans
l'utilisation des ressources publiques est sans doute plutôt faible en
Côte d'Ivoire. Elle est plus faible que celle du Malawi dont le volume de
ressources publiques est le même que celui de la Côte d'Ivoire (4,6
% du PIB) mais dont l'EVS est beaucoup plus élevé (10,4
années) que celle de la Côte d'Ivoire (5,5 années). Des
pays comme la République Centrafricaine, la Guinée, l'Ouganda, le
Madagascar, le Cameroun, le Burkina Faso, la Mauritanie, le Togo, le Mali ou le
Bénin dépensent moins (parfois beaucoup moins) de ressources
publiques pour l'éducation par rapport à la Côte d'Ivoire
et ont pourtant un système d'éducation qui offre un volume plus
(voire beaucoup plus) grand de couverture scolaire à leurs
populations.
Au-delà de l'approche graphique, une manière
d'identifier le degré d'efficience dans un pays donné consiste
à calculer le rapport entre la durée moyenne de scolarisation et
le pourcentage du PIB alloué au secteur (tableau 4, colonne 4). Ce
rapport indique le nombre d'années de scolarisation qu'un pays
réussit à offrir à sa population en dépensant 1 %
de son PIB en éducation. Plus cette statistique est
élevée, plus le pays est efficient dans l'usage des ressources
publiques allouées à l'éducation.
Graphique 10 :
Coefficient d'efficience (année EVS pour 1% de PIB) par pays,
année 2011 ou proche
Source : Base de données de l'Institut de
statistique de l'UNESCO, nos calculs
Avec cette méthode, l'indicateur d'efficience
s'établit à 1,19 en Côte d'Ivoire, contre une valeur
moyenne de 2,3 pour les 19 pays de l'échantillon
considérés, classant ainsi la Côte d'ivoire en
avant-dernière position parmi les pays considérés. Comme
on peut le voir sur le graphique ci-dessus, la Côte d'Ivoire est le pays
le moins efficient, devant la Tanzanie, dans l'usage des ressources publiques
allouées à l'éducation, parmi les pays
considérés dans notre échantillon.
Il conviendrait donc que la Côte d'Ivoire augmente son
indicateur d'efficience de 48% pour rejoindre le niveau moyen d'efficience des
pays comparateurs.
Une telle situation d'efficience devrait amener les politiques
éducatives à une meilleure gestion et planification du
système, plus précisément au niveau des ressources
allouées au secteur. En vue de faire une proposition concrète,
nousexaminerons à présents des options qui pourraient être
envisagées pour une meilleure gestion des ressources du système
éducatif ivoirien.
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