ANNEXES
Annexe 1 : Outils de collecte et d'analyse des
données 120 Annexe 2 : Tableaux des effectifs du
personnel, des élèves-maîtres et des moyens
logistiques des ENI 130
Annexe 3 : Carte situant les régions
d'implantation des ENI retenues par l'étude 133
1
INTRODUCTION
Une éducation de qualité constitue un facteur
déterminant de développement socio-économique pour un
pays. En dehors de son impact positif sur la santé, l'éducation
permet également d'améliorer la participation
démocratique, de lutter contre les discriminations et d'améliorer
la croissance économique. Lors de la conférence de l'Afrique
subsaharienne sur l'éducation pour tous, tenue en 1999, en Afrique du
Sud, dans son allocution liminaire, Thabo Mbeki,
président de l'Afrique du Sud à l'époque, soutenait la
même idée en ces termes : « Aucun pays au monde n'a
jamais atteint le développement durable sans un système
éducatif efficace, sans un enseignement primaire solide et universel,
sans un enseignement supérieur et une recherche efficients, sans
l'égalité des chances en matière
d'éducation1 ».
Le système éducatif du Niger, à l'instar
de ceux de nombreux pays africains, fait actuellement face à une crise
dont les origines sont lointaines. Dans ce contexte marqué par tant de
défis, même les politiques d'ajustement structurelles
imposées par la Banque Mondiale et le FMI au Niger durant la
décennie 1980-1990, n'ont pas apporté le changement tant
espéré. Au contraire, nous avions assisté à une
dégradation croissante des conditions de vie et de travail des
enseignants (ce qui a négativement affecté leurs pratiques
pédagogiques), à la mise à la retraite anticipée
des milliers d'enseignants compétents et expérimentés et
à l'institution d'un système alternatif de recrutement
d'enseignants contractuels à travers le volontariat institué en
1998 et la contractualisation instaurée en 2003.
Même si ces deux modes de recrutement ont permis de
faire face au besoin accru en personnel enseignant dans l'optique de
réaliser les objectifs de la scolarisation universelle, ils ont en
même temps contribué à la détérioration de la
qualité de l'éducation et la déprofessionnalisation de la
fonction enseignante. Nombreux sont au Niger les enseignants qui n'ont ni la
vocation ni la formation et encore moins les compétences
professionnelles requises pour exercer une telle fonction.
Les deux dernières décennies ont
été marquées, par les grèves
répétitives des enseignants et des élèves et les
nombreuses années blanches. Cela a fini par provoquer la
1 Président Thabo Mbeki, Allocution
liminaire, Conférence sur " L'éducation pour la renaissance
de l'Afrique au XXIe siècle ", Johannesburg, Afrique du Sud, 6
décembre 1999
2
déception des parents vis-à-vis de
l'école, qui ne semble plus à leurs yeux offrir les chances d'une
réussite sociale assurée.
Sur le plan des méthodes pédagogiques, c'est la
PPO adoptée en 1988 qui est toujours appliquée dans les
écoles primaires, malgré des résistances de la part de
certains enseignants qui peinent à se défaire de leurs anciennes
pratiques. Les programmes mis en oeuvre à travers cette méthode
n'ont pas pleinement répondu aux attentes de la société et
sont jugés inadaptés car ils n'ont pas permis de revaloriser les
ressources humaines en vue de répondre aux besoins de la
société.
Dans ce contexte, l'échec scolaire constitue donc le
défi majeur. Beaucoup d'élèves quittent l'école
pour insuffisance de résultats, après quelques années de
scolarité. Ils deviennent des charges importantes et difficiles à
gérer pour leurs parents car ne maîtrisant pas les apprentissages
fondamentaux pour s'insérer dans la vie active. Ils deviennent, selon
les termes de SOTOMAYOR, C., (1995)2 des
"analphabètes fonctionnels", c'est-à-dire des
élèves qui ont acquis quelques connaissances à
l'école mais qui sont incapables d'utiliser ces connaissances dans la
vie réelle de tous les jours. Alors, se pose la question de
l'efficacité des apprentissages scolaires.
Aussi, est-il légitime de se demander, face aux
nouvelles mutations marquées par l'évolution des systèmes
économiques, sociaux et culturels ; la révolution des
technologies de l'information et de la communication et les transformations
dans l'organisation du travail ; quelles alternatives s'offrent-elles au
système éducatif nigérien ?
Au niveau politique, les autorités se sont
engagées à démocratiser le secteur de l'éducation,
à améliorer les performances des établissements
d'enseignement et de formation. Cette volonté politique s'est traduite
par l'élaboration et la mise en oeuvre, en 2003, du Programme
Décennal de Développement de l'Education (PDDE). Le PDDE a retenu
la refondation des curricula comme élément central de l'ensemble
du processus du développement du secteur éducatif.
Dès lors, les écoles normales, à travers
la formation initiale qu'elles assurent, furent investies d'un rôle de
premier plan pour doter le système éducatif d'enseignants
compétents, professionnels, capables de donner un enseignement de
qualité dans les écoles primaires. Cette réforme a
concerné plus spécifiquement la révision des programmes de
formation des écoles normales d'instituteurs (ENI). L'objectif
étant d'améliorer la qualité et la pertinence des
apprentissages, en décloisonnant les disciplines et en
réinvestissant dans la pratique. C'est
2 In une pédagogie de l'intégration,
compétences et intégration des acquis dans l'enseignement
de ROEGIERS, X., avec la collaboration de Jean Marie De KETELE,
2e édition, 2003, p. 16
3
pourquoi, la réforme des programmes privilégie
la pédagogie de l'approche par les compétences (APC) pour rendre
les apprentissages plus utiles et plus proches des réalités des
apprenants et de leurs milieux socio-économiques.
Rappelons que cinq années après le début
de leur mise en oeuvre, les nouveaux programmes des ENI ont permis la formation
de plusieurs milliers d'enseignants uniquement sur la base de cette nouvelle
approche pédagogique qu'est l'APC.
Cependant, dans les écoles primaires, la situation est
restée la même. Les enseignants, n'ayant pas
bénéficié de formations plus soutenues, continuent dans
leur grande majorité, à enseigner selon la PPO y compris ceux qui
ont été formés selon l'APC.
De ce fait, nous soutenons l'idée selon laquelle, la
réforme est contrariée par des facteurs limitatifs liés
non seulement à son environnement immédiat mais aussi à un
contexte plus général.
C'est pourquoi, nous avons choisi de mener notre recherche sur
la question de la mise en oeuvre de l'APC en nous intéressant plus
précisément aux différentes contraintes vécues par
les acteurs engagés dans ce processus.
Le but ultime étant de parvenir à une
compréhension du problème, en vue d'apporter notre modeste
contribution à l'amélioration de la qualité de
l'éducation au Niger.
La recherche est organisée autour de sept (7) chapitres
à savoir le bref aperçu du système éducatif
nigérien ; la problématique ; la revue et l'analyse critique des
théories et de la littérature ; la méthodologie ; la
présentation des résultats ; l'analyse et l'interprétation
des résultats et enfin les propositions de solutions.
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