Première partie :
PRESENTATION DU PIDGIN
Pour mener à bien nos recherches sur les contes et les
mythes en pidgin, il importe que la notion de langue soit amplement
examinée et comprise. Ce terme aligne de nos jours moult conceptions au
vu de son importance dans le cadre des travaux linguistiques et
littéraires. Selon G. Mounin « les langues sont tous
systèmes de signes vocaux doublement articulés propre à
une communauté humaine donnée ». Mais, dans
l'imaginaire populaire, cela ne suffit pas à faire comprendre ce qu'est
une langue. Les langues sont de fait conçues comme moyen de
communication répondant à certaines fonctions notamment
normatives, culturelles, littéraires et identitaires.
André Martinet (1967:21) soutient qu'une
définition linguistique de la langue précise qu'elle est un
système de signes doublement articulé dont le sens se construit
à la fois au niveau conceptuel d'abord, articulatoire et sonore ensuite.
C'est ici que les sous-ensembles de morphèmes, lexèmes et
monèmes d'une part,phonologie, morphologie et syntaxique d'autre part
trouvent leur sens. Martinet soutient en outre que l'ordre de description est
nécessairement inverse de l'ordre de perception ou d'usage de la
langue.
Selon lui, la langue est un « système de
signes»(1967 :21)., et le langage est la
faculté humaine mise en oeuvre au moyen d'un tel système. L'on
constate que les linguistes à l'instar de ceux suscités
conditionnent l'existence d'une langue à celles des normes
d'utilisation. Autrement dit, la combinaison des signes en vue de former des
unités signifiantes, ne doit se faire que conformément aux
grammaires qui gouvernent ces langues. Ferdinand de Saussure, père de la
linguistique structurale n'affiche pas une lecture trop différente de
celles qui précèdent. Mais, il précise tout de même
que les structures qui organisent les unités linguistiques et les
règles en systèmes signifiants sont générées
par l'esprit humain, c'est-à-dire ; par le sens de la
perception.
En d'autres termes, l'esprit humain dispose des
mécanismes structurant qui facilitent l'utilisation de la langue selon
la grammaire. Est cruciale à ses yeux, la différence entre langue
et parole. Si la première est un système de signes
socioculturels, la seconde par contre est l'utilisation individuelle de ces
signes à des fins de communication.
D'un point de vue sociologique, une langue n'a d'existence
que sociale. La socio linguistique prône les études des langues
en relation avec les sociétés qui les utilisent. Ces relations
sont émaillées d'influences réciproques. Dans ce sillage,
Martinet définit le terme langue comme tout idiome remplissant la
fonction sociale fondamentale : la communication et l'identification.
Autrement dit, c'est au moyen de la langue que les acteurs sociaux
échangent et mettent en exergue leurs idées, sentiments,
émotions et pensées. Identification parce que c'est de par son
double aspect individuel et collectif que la langue sert de marque identitaire
desquant aux caractéristiques de l'individu, et de ses appartenances
sociales. Par conséquent, les langues sont des objets vivants, soumis
à de multiples phénomènes de variations, et les
frontières entre elles sont considérées comme non
hermétiques (Sciences de l'interprétation). Car, elles
révèlent d'abord des pratiques sociales. Ainsi, chaque groupe a
sa manière d'utiliser la langue en fonction des pratiques qui y ont
cours.
Quelque soit l'approche définitoire, il apparaît
que toute langue se veut d'abord un système de signes socialisés,
appartenant à un groupe social précis et destinée
à faciliter au moyen de la communication verbale nos idées, nos
sentiments, nos idéologies, nos convictions. Dans un souci d'harmoniser
la communication entre individus appartenant à un même bassin
linguistique et culturel, les hommes adoptent un ensemble de règles, de
conventions collectives devant gouverner les signes que ceux-ci ont en commun.
C'est en raison de ce point de vue que toutes les langues codifiées et
standardisées présentent aujourd'hui des supports de
référence, partant des dictionnaires aux grammaires en passant
par les littératures, encyclopédies et bien d'autres.
De nombreuses langues internationales à l'instar du
français, de l'anglais de l'allemand, de l'espagnol ainsi que certaines
langues africaines peuvent aujourd'hui être classées dans la
catégorie sus-évoquée.
Retenons en guise de rappel que c'est depuis le
15e siècle que les européens se sont lancés
à l'assaut de l'Afrique pour conquérir de nouvelles terres.
L'Afrique cesse alors d'être un continent inconnu du monde dès
1400 (1983:80). Puisque la langue est le premier élément
représentatif d'une culture, les européens vont à chaque
passage laisser les traces linguistiques et culturelles qui leur sont propres.
Le portugais, l'anglais, l'allemand et plus tard le français,
présents en Afrique sont tous témoins de ce passage. Mais,
l'Afrique n'était pas un continent dénué de langue, ce qui
a laissé libre cours à une possible émergence des
contextes de bilinguisme, de multi culturalisme et donc de formes nouvelles ou
atypiques de codes d'expression, à l'instar du pidgin.
ChapitreI :
APPROCHEDEFINITIONNELLE
ET GENESE
DUPIDGIN
Ce
chapitre consistera en une élaboration de la genèse et en une
approche définitoire de la langue pidgin.
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