V.1.2.Les vertus
enseignées et les vices combattus
Pour qu'une société quelle qu'elle soit
évolue en harmonie totale avec les différents membres qui la
composent ; il faut un ensemble de valeurs qui doit régir les actes
et les comportements entre ceux-ci. Toutes les sociétés ont des
valeurs qu'elles promeuvent chez leurs enfants car: « ce
qu'une société juge être bon ou mauvais pour ses
enfants dépend de ce qu'elle cherche à
faire d'eux, à quel modèle elle entend les conformer
» (P. Erny, 1972 :188). Dans le cas de la société
traditionnelle africaine pour qui la croyance à l'esprit de la
communauté est profondément ancrée dans les moeurs, le
strict respect des valeurs, édictées par les ancêtres, est
primordial pour la cohésion du groupe tout entier. Et l'enfant dans
cette optique est souvent considéré comme celui sur qui repose
toute inculcation de valeurs car plutôt qu'un être de passage, il
est celui par qui se fait toute sauvegarde et toute perpétuation des
normes sociales et de la culture du groupe.
Nous allons prendre le mot valeur ici comme: « une
manière d'être ou d'agir qu'une personne ou une
collectivité reconnaît comme idéale et qui rend
désirables ou estimables les êtres ou les conduites auxquels elle
est attribuée» (G.Rocher, 1992 :70).
Ce chapitre est un prolongement du précédent car
l'ensemble de valeurs ou de contre valeurs est proposé pour
l'édification chez l'enfant d'un savoir-être pour un savoir
vivre.
Dans ce cadre nous allons parler dans un premier moment des
vices qui sont combattus dans la société traditionnelle africaine
et dans un second nous parlerons des vertus qui y sont enseignées.
V.1.2.1. Les vices
combattus
Dans le sens que nous nous proposons de le prendre, le vice
est un penchant à agir contre la morale, contre les normes sociales.
Dans l'Afrique traditionnelle, les vices sont présentés aux
enfants par le biais de l'éducation aussi bien familiale que sociale
comme impropres à la cohésion du groupe. C'est pour cette raison
qu'ils sont combattus, condamnés et proscrits. En voici quelques
exemples :
Ø La désobéissance
Contrairement à ce à quoi on pouvait
s'attendre, le thème le plus courant n'est pas celui de l'innocence, de
la pureté, mais bien celui de la désobéissance sous toutes
ses formes.La désobéissance est parmi les vices combattus dans
l'Afrique traditionnelle, le plus récurrent et parfois le plus
sévèrement puni.
Elle est le signe du refus de l'autorité. C'est le
refus de se conformer aux règles et normes sociales. C'est un signe de
mépris et un signe d'individualisme.
Dans la pensée traditionnelle, la
désobéissance est une atteinte grave aux principes établis
par les ancêtres. Etant entendu qu'en Afrique: « le premier
maitre de tout le monde, c'est tout le monde
»(P.Erny,1972 :189),une désobéissance à un
seul individu peut entraîner la désobéissance au groupe
tout entier et entraîner par extension le chaos.
C'est dans le développement du thème de la
désobéissance, avec des modèles de conduite
négative, que les contes enseignent paradoxalement la docilité,
la discrétion, le respect des secrets et des interdits, la soumission ou
l'obéissance aux parents, à l'autorité etc.
Pour mieux étayer notre argumentaire,
référons-nous à nos contes. Nous avons un exemple typique
de désobéissance dans le conte intitulé "Les poussins
têtus", dont il existe plusieurs versions (I). L'enfant
désobéissant trouve toujours le malheur sur son chemin. Tel est
l'enseignement du conte qui se termine par les recommandations
suivantes : « enfants, écoutez donc les conseils
de vos parents qui ont de l'expérience. Si vous leurs obéissez
aucun mal ne peut vous arriver ».
L'attitude de l'enfant désobéissant est
négative à un double point: elle se termine par la punition ou la
mort du héros. Cette désobéissance constitue une insulte
à l'autorité et à la sagesse des parents, donc au principe
de séniorité et de primogéniture. C'est en quelque sorte
un acte de révolte qui rompt momentanément l'influx vital qui se
transmet de parents à enfants, d'aîné à cadet. En
désobéissant, l'enfant se coupe de la famille, il devient
vulnérable. C'est par exemple le cas de Dudu, qui à l'approche
de l'aigle refuse d'aller se réfugier sous les ailes de sa mère
surtout qu'elle connait le danger. Puisque l'enfant fait fi de ses conseils
et de ses recommandations. Sa mère ne le retient pas de force, car le
proverbe dit: « si le tison tient absolument à aller au
fond de la rivière, laisser le, à son retour, on le
croira ».
Notons cependant que, dans les contes africains: en ce qui
concerne l'expression de la vision de l'Africain traditionnel, les enfants
désobéissants sont punis gravement pour enlever chez les enfants
qui écoutent, l'envie de désobéir car, la
désobéissance est un refus de reconnaître la
supériorité de la sagesse et de l'expérience des anciens;
c'est une attitude diabolique et c'est justement pour cela que les
génies châtient l'insoumis: la fille dédaigneuse est punie,
la petite entêtée est punie de son indiscrétion ; la fille
de la marâtre, par sa désobéissance amène le malheur
dans sa famille. Les poussins têtus, Dudu est emporté par
l'aigle pour avoir désobéi aux recommandations de sa mère.
Dans La jeune fille désobéissante, cette dernière
est emportée par le génie du fleuve et dans Les trois
frères, pour avoir désobéi aux instructions du
père défunt, les deux frères aînés perdent
leur héritage. Parfois le châtiment va au-delà du fautif et
ses conséquences, tel le péché d'Adam, retombent sur tout
le genre humain.
Dans les contes, il ya aussi une autre forme de
désobéissance qui est souvent soulignée: il s'agit de
l'indiscrétion. Ce défaut apparaît surtout dans les contes
de l'enfant dieudonné : dès la divulgation du secret de son
origine, l'enfant de la femme stérile disparaît aussitôt
sans tenir compte de l'auteur de l'indiscrétion. Que ce soit ou non la
faute de sa mère ou d'une coépouse jalouse, ou d'un camarade ou
même d'un oiseau intrus, l'enfant ne pardonne jamais la plus petite
indiscrétion. C'est dire toute l'importance accordée au respect
des secrets ou de la parole donnée.
La discrétion est d'ailleurs une des qualités
que la pratique des vertus sociales impose; savoir tenir sa langue quand il le
faut, c'est être maître de soi, c'est être capable de
transcender la nature, bref c'est être un homme. C'est justement pour
acquérir cette maîtrise de soi, la maîtrise de l'organe de
la parole que, dans les cérémonies d'initiation, la fustigation,
les mortifications de toutes sortes sont exercées sur les
néophytes.
Trahir un secret initiatique, c'est faire preuve
d'immaturité et d'irresponsabilité; c'est être parjure,
indigne d'intégrer la société des hommes adultes. C'est
pour cette raison qu'autrefois, certains peuples tels les Thonga de l'Afrique
du Sud allaient jusqu'à tuer les néophytes qui manquaient aux
secrets auxquels ils étaient tenus par serment.
Dans les contes, nous retrouvons des traces de l'initiation le
voyage de l'orphelin dans la forêt, dans un monde inconnu et
étrange où il subit toutes sortes d'épreuves, constitue
une véritable quête initiatique d'où l'enfant revient
transformé, ressuscité symboliquement. Une des épreuves
courantes qu'il subit au cours ou au terme du voyage, c'est
précisément une épreuve de discrétion. Dans ce
conte de l'orphelin, le héros ne pousse pas de cris, ne manifeste pas sa
peur ni son étonnement devant les spectacles étranges qui se
présentent à lui. Par exemple, lorsqu'il rencontre des jeunes
gens qui cueillent des fruits avec leur verge, ou une vieille femme qui
épouille sa tête posée sur ses genoux ou encore un
vieillard qui lave ses propres intestins, il déclare n'avoir rien vu
lorsque ces êtres l'interrogent sur ce qu'il a vu. C'est cette
discrétion qui lui vaudra leur sympathie, leur pitié et leur
aide. Par contre, l'indiscrétion du fils de la marâtre le conduira
à sa perte.
Une autre forme d'indiscrétion et de
désobéissance. C'est l'infidélité à un
engagement. Le non-respect des pactes. Dans sens pass king : le roi
veut faire périr sens pass king ; il l'envoie chercher une serviette
dans la chambre interdite où est caché la bête. L'enfant
par ruse, fait sortir la bête qui ne devait jamais franchir le seuil de
la porte. Aussitôt le roi tombe et meurt conformément au sort qui
a été scellé.
Tout comme la désobéissance, le manquement
à des engagements se paie par le châtiment. Si le thème de
la désobéissance revient souvent dans les contes africains et
particulièrement dans les contes qui portent sur l'éducation de
l'enfant, c'est paradoxalement pour insister sur l'importance de la
docilité, de la soumission et de l'obéissance dans toutes ses
dimensions. Pour être imprégné des valeurs et des
idéaux de la société à laquelle il appartient et
pour se former une personnalité conformément aux normes
immanentes de cette société, l'enfant doit se montrer docile au
sens étymologique du terme.
La docilité devient la condition essentielle de la
réussite dans la vie, la condition du bonheur, comme le montrent bien
les contes ou l'enfant qui se soumet entièrement aux recommandations et
aux exigences de la vieille femme. Les contes qui traitent de la
désobéissance visent à montrer les conséquences
graves non seulement pour soi mais pour toute la communauté. Celui qui
n'obéit pas à son père, n'obéira pas plus au chef
qu'à la tradition; il porte en quelque sorte atteinte au système
social même. C'est pourquoi il est très important d'apprendre
à obéir. Et c'est en fait le but que visent les contes sur la
désobéissance. La morale de ces contes est conformiste et se
résume ainsi : « Ecoutez vos parents. Obéissez
à l'autorité. Respectez la tradition et les interdits. Soyez
discret ».
Ø Le triomphe du faible sur le fort
Un autre thème très important qui revient
régulièrement dans les contes de l'enfant est celui du triomphe
du faible sur le fort. Thème courant qu'on retrouve aussi dans
l'histoire biblique de David et Goliath.
Dans les récits, l'être fragile, minuscule, qui
ridiculise les puissants, est représenté par le lièvre ou
l'araignée ou la tortue selon les régions ou encore par un simple
enfant. C'est précisément ce dernier qui nous intéresse
ici. Un grand nombre de contes de l'enfant, notamment les contes de l'enfant
terrible, de l'enfant ma1în, de l'orphelin et de l'enfant pianique
présente l'enfant comme un être insignifiant mais dont la
précocité dépasse l'entendement.
Les contes du petit frère défavorisé
qu'on néglige parce que trop petit ou trop faible, ou qu'on
méprise parce que malade, atteint de pian, illustrent de façon
éclatante la puissance insoupçonnée de cet être
apparemment sans force et qui réussit là où les plus
grands échouent.
Les contes de ce type d'enfant visent justement à
montrer la supériorité de l'intelligence sur le pouvoir, la
force. Ils exaltent l'intelligence comme une valeur morale et c'est ce que
Colardelle- Diarrassouba a bien perçu lorsqu'il écrit :
« il semble bien qu'en réalité, il y est une
véritable philosophie de l'intelligence dans les contes de
l'araignée et du lièvre » pour la
société traditionnelle, écrit-elle encore,
« l'intelligence n'est d'ailleurs plus seulement une simple
fonction intellectuelle, mais devient une véritable
valeur. » C'est dans cet ordre d'idée que se dirigera
également les idées de Marcien Towa lorsqu'il
déclare : « la pensée traditionnelle ne place
rien au-dessus de l'intelligence, celle-ci est conçue comme la
faculté d'inventer des solutions à tous les problèmes
possible sur la base de la reconnaissance et du respect du processus objectifs,
de fonder sa conduite sur ce que l'on trouve bon ou mauvais ».
La morale pratique qui ressort des contes révèle bien que les
africains tiennent pour essentielle et primordiale l'intelligence.
C'est grâce à son intelligence que l'enfant
l'emporte sur les plus forts (rois, monstres, ogresses etc.), c'est à
cause de son intelligence au service du droit que l'enfant à toujours le
beau rôle dans les contes et conserve toujours la sympathie des gens
même lorsque sa malice devient perfidie. Quand l'enfant fait se noyer le
roi qui veut lui ôter la vie, on admire plutôt sa ruse, et c'est
lui qu'on installe sur le trône; lorsqu'il confond un souverain cupide ou
bafoue un chef despote et injuste, il est perçu comme un héros,
le champion de l'équité. Le thème général du
faible sur le fort, de la ruse sur la force brutale se réduit
jusqu'à se confondre avec celui de l'injustice ou de la contestation du
pouvoir arbitraire.
Le tout-petit qui triomphe des grands par sa malice est le
"symbole des petites gens qui lutte contre les puissants, il représente
écrit Ahmadou Kane « l'innocence, la pureté qui
triomphe du mal d'une manière prodigieuse ».
Finalement donc, les contes de l'enfant se présentent
comme une satire sociale qui débouche sur un enseignement moral,savoir
que le roi ou le chef ou tout homme investi d'une autorité quelconque ne
doit pas opprimer les autres, ni les exploiter, ni commettre des injustices,
autrement, le faible s'il est intelligent note Colardelle-Diarrassouba,
« peut s'en prendre à l'autorité, ne pas
obéir et triompher ».
Par le thème général du triomphe du
faible sur le fort, on découvre la place particulière qui est
faite à l'intelligence dans la pensée traditionnelle africaine :
elle se définit avant tout par rapport au bien. Elle a une valeur
capitale chez les africains, elle est au service de la justice, elle assure la
victoire du bien.
Ø Le mensonge
Le mensonge dans la tradition africaine met en péril
l'ordre et l'harmonie dans la société. Il est le signe du
mépris et d'une attitude je-m'en-foutiste. On conseille aux enfants
d'avouer toujours leurs fautes car dit-on: une faute avouée est
toujours à moitié pardonnée mais, tout
mensonge conduit à la mort. C'est dans cette optique que l'on peut
interpréter la mort de Ngo lipem qui, au lieu d'avouer ses fautes, a
jugé mieux de mentir.
Ø La méchanceté
Dans les contes de l'enfant, le thème de la
méchanceté est un thème important qui est souvent
développé ; il englobe la cruauté, la malveillance et
même la jalousie et l'ingratitude, bref tout ce qui porte atteinte
à autrui.
Le thème de la méchanceté est aussi le
sujet principal de tous les contes de l'orphelin: la malveillance de la
marâtre cruelle est toujours soulignée d'une façon
écoeurante. Ce sujetest également développé par les
contes du pianique qui est raillé par les enfants, chassé par les
grands, et à qui tout le village refuse l'hospitalité. Cette
dureté de coeur, ce manquement aux principes élémentaires
de l'hospitalité traditionnelle seront châtiés sans
pitié.
Dans tous les contes, les méchants finissent toujours
mal et les ingrats sont toujours punis. Il est donc évident que la
méchanceté, quelle que soit sa forme, est un défaut
détestable et fustigé par la société.
L'enseignement que l'on peut tirer des récits qui traitent de la
méchanceté est un enseignement de morale pratique, à
savoir, dans la vie la méchanceté ne paie pas, il faut au
contraire être bon, hospitalier, compatissant et reconnaissant.
C'est ainsi que, tout comme la désobéissance et
le mensonge, la méchanceté est sévèrement punie
dans les contes. On conseille aux enfants de ne pas être méchants
parce que ce vice conduit à la jalousie et même au meurtre. Et
lorsqu'on sait que le meurtre constitue une négation de l'humain dans
l'homme ;on se rend compte combien la méchanceté est punie
sévèrement.
Dans les contes africains, les personnages grands et petits
sont présentés pour éduquer les enfants sur la
nécessité de ne pas cultiver ce vice. Dans le conte Noana
et ses soeurs, la deuxième femme du père des
orphelines Noana et ses soeurs par sa jalousie et sa méchanceté
est jetée dans le puits où, elle avait tenté
d'éliminer les jeunes filles.
Dans la même perspective, les personnages
méchants, sont privés de joie, ils n'ont pas d'enfants ou, si
même ils en ont, ils les perdent dans les circonstances tragiques, car il
est reconnu que dans la société africaine, une méchante
action se retourne comme un boomerang contre son auteur.
Toujours dans le conte Noana et ses soeurs,
la méchante femme du père des orphelines Noana et ses soeurs
perd tous ses enfants nouveaux nés. Ces derniers ne réussissent
à vivre que quelques heures après leur naissance.
Dans Trahoré et le mauvais chef, le
mauvais chef pour avoir voulu faire brûler le jeune enfant Trahoré
brûle ses propres enfants. C'est cette même leçon que l'on
voudrait nous faire retenir dans le conte Sense pass king, les
mercenaires à la solde du mauvais roi qui avaient pour mission de tuer
Sense pass king au cours d'une course de chevaux tuent le fils de leur
commanditaire. Ici, nous pouvons retenir la formule terminale du conte
Dylim's children: « if you maltreat another person's child
you will maltreat your own without you knowing ».
Ø Le thème de la
stérilité
Le thème de la méchanceté nous
amène à parler d'un problème annexe, la
stérilité qui est le thème majeur d'un certain type de
contes de l'enfant. Dans les récits, les lamentations inconsolables des
femmes stériles témoignent de l'importance capitale de la
maternité en Afrique Noire. Denise Paulme (1976 :242) l'a bien
remarqué lorsqu'elle écrit :
en Afrique plus qu'ailleurs, il n'est de bien
véritables que d'enfants. Dans ces sociétés ou les terres
ne se vendent ni ne s'achètent, la descendance est
considérée non comme une charge mais comme le fondement
immédiat de toute richesse » ou encore la
réussite sociale en milieu traditionnel ne se mesure pas en des signes
extérieurs tels que l'étendu des terres ou une demeure somptueuse
mais au nombre d'enfants et de petits-enfants.
Au regard de cette citation de Denise Paulme, on voit bien
coulée dans le moule l'image de la femme stérile en Afrique. En
Afrique noire traditionnelle, la femme sans enfant est donc le symbole
même de l'échec social : peu appréciée dans sa
propre famille et rejetée par celle de sonmari, elle apparaît aux
yeux des uns et des autres comme une femme maudite,une sorcière dont
l'amertume et la jalousie sont redoutables. A ce propos, Holas (1975 :
132) écrit :
avoir de la progéniture-autant que possible
une progéniture nombreuse- est pour l'africain traditionnel la condition
première du bonheur humain. C'est aussi et peut- être surtout la
consécration de sa position sociale. Une femme stérile par
conséquent ne représente qu'une unité sociale
dépréciée, sinon sans valeur. Aux termes du code
coutumier, la stérilité féminine, la seule reconnue,
justifie le divorce et laisse par-dessus le marché, planer sur la femme
des soupçons de sorcellerie. C'est, selon la conviction populaire un
châtiment infligé par les puissances surnaturelles à celui
qui d'une manière consciente ou involontaire auraient violé les
lois régissantes la société.
Comme nous pouvons le constater, ce commentaire de Holas situe
la stérilité dans toute sa dimension. Allant dans le même
sens Holas, P.Erny (1978 :84) ajoute que « ... la
stérilité touche donc la femme dans sa plus grande fierté
(...) Elle ne peut être accepté socialement qu'entant que
mère ». C'est dire le rôle essentiel et
irremplaçable que joue l'enfant dans la vie d'une femme africaine. Il
est la richesse suprême qui confère à la femme toute sa
valeur et les Mossi d'ajouter que: « Une femme
stérile, n'est pas une femme ».
Imprégné dans la tradition africaine, ce concept
de la stérilité, obéit à une logique : la
stérilité dégrade la femme tandis que la maternité
l'ennoblit. Cette dialectique de la procréation repose sur des raisons
sociales ou ethniques évoquées plus haut mais aussi sur des
raisons plus profondes, métaphysiques ou ontologiques. «
La femme, c'est-à-dire l'épouse, note Balandier
permet à l'homme de s'imposer en tant que
géniteur ». C'est-à-dire donneur de vie,
propagateur de la force vital. En engendrant, l'homme assure, grâce
à sa femme, l'accroissement du nombre des procréateurs, la
permanence de la lignée, la survie du groupe, en même temps qu'il
développe sa propre force vitale. La stérilité ne permet
pas d'avoir une descendance « elle est donc l'équivalent
de la mort, chacune étant à sa manière la négation
de la vie ».
Au bout du compte, l'on dira qu'en Afrique traditionnelle, un
homme ou une femme sans enfant est comparée à un arbre sans
racine pour cela, lorsqu'il meurt, "il est mort" ; sa force vitale se
détruit en quelque sorte dans le néant puisqu'elle n'a pas pu
survivre dans une descendance. Le géniteur, lui, est vivant même
après la mort, dans la mesure où sa force vitale survit dans sa
progéniture dont il devient l'ancêtre et sur laquelle il garde son
influence. La stérilité est à la fois un échec
social et ontologique et on comprend alors la désolation et le
désespoir de la femme stérile des contes et aussi celle de la vie
réelle.
Les thèmes que nous venons d'étudier jusqu'ici,
c'est-à-dire la docilité, la désobéissance, le
triomphe du faible sur le fort, l'intelligence, la méchanceté,
l'ingratitude, la jalousie, l'amour, l'amitié, la
stérilité, constituent les thèmes fondamentaux des contes
qui évoque l'éducation d'un enfant. On peut en dégager
d'autres moins importants, mais nous n'avons pas la prétention de faire
l'inventaire de tous les thèmes qui porte sur ce sujet. Qu'il nous
suffisede signaler encore quelques thèmes tels que le dévouement
ou la serviabilité, l'héroïsme, la providence. Mais il ya
une autre tare qui est mal appréciée dans la
société traditionnelle qui n'est autre que l'individualisme.
Ø L'individualisme
La société traditionnelle africaine est
conçue et perçue autour de l'esprit de la communauté, et
non de l'individualisme, qui est une tendance à s'affirmer
indépendamment des autres membres de la communauté. Ce
comportement est considéré comme une ignominie, une faute grave
passible de mort car, il est une négation de la cohésion.
En Afrique, l'individu n'est pas un être distinct de la
communauté. Entre l'individu et la communauté, il existe une
relation de présupposition bilatérale de sorte que, l'un ne peut
se définir sans l'autre. Aussi, tout acte individualiste est puni par la
mort. C'est dans ce sens qu'il faut interpréter, dans le conte : Un
jeune enfant sauve l'humanité, la mort de l'homme qui n'a
jamais cru qu'en lui meme. En effet Ngoulétama, l'individualiste,
l'homme qui n'avait jamais cru qu'en lui-même, la force isolée fut
laissé dans le ventre de l'orgue pour avoir dit au jeune enfant qui
était venu le sauver (avec les autres) qu'il ne comptait que sur lui.
Ø La moquerie
La moquerie constitue aussi un vice dans la pensée de
l'Africain traditionnel, car s'il est admis qu'un malheur peut arriver à
tout le monde, pour cela, il est demandé aux enfants d'accepter non
seulement les différences entre les êtres mais surtout, de prendre
avec décence et philosophie tout malheur qui pourrait affecter un
être. Dans le conte La mort tragique de trois
frères, Petite-bouche, pour s'être moqué de son
frère mort pour une orange, se fendit la bouche et mourra.
Petites-jambes, à son tour pour s'être mis à se moquer du
malheur de Gros-ventre et de petite bouche, mourut les jambes brisées.
La formule terminale de ce conte est significative à plus d'un titre et
servira pour le mot de fin : «jamais, il ne faut se moquer du
malheur d'autrui car on ne sait comment naît et finit le jour
pour soi-même ».
Nous n'allons pas conclure cette partie sans toutefois
soulever le problème de l'inceste.Dans la société
traditionnelle, l'inceste est une ignominie.Ce vice est vu comme un
échec de l'éducation faite aussi bien au niveau de la famille que
dans la société. Car tout est fait à ces niveaux pour
renseigner sur les généalogies. Aussi, lorsque deux jeunes
enfants de surcroît, de même sang viennent à copuler, cela
est considéré comme une infamie. Dans le conte La jeune
fille désobéissante, les parents deNgo Lipem, Ngo Maliga
et de Ngo yi éduquent sexuellement leurs filles en les priant de se
garder d'avoir des relations sexuelles avec leurs frères de sang car,
toute frivolité est punie avec la plus sévère des
énergies.
Dans le conte Frère et soeur, le frère
et la soeur se livre à un acte incestueux qui voit à son terme la
naissance d'un enfant. Connaissant les lois réprimant l'inceste, ils
tuèrent le nouveau-né. Mais peine fut perdue, leur faute sera
dévoilée par le jeune enfant. Dans la société
traditionnelle, est-il utile de dire que les auteurs de l'inceste sont souvent
obligés de présenter de leur acte en public et ils sont le sujet
des railleries les plus cruelles.
Afin d'assoir les thèmes évoqués plus
haut, il est intéressant de noter que tous ces thèmes,que ce soit
ceux des contes et des mythes, mais surtout ceux qui portent sur
l'éducation en général et surtout sur l'éducation
de l'enfant en particulier, tous ont toujours un rapport avec la morale. Ils
révèlent les valeurs auxquelles la société
traditionnelle tient beaucoup: l'obéissance, la discrétion, le
respect des engagements, l'hospitalité, la serviabilité, la
justice, la reconnaissance, la bonté, l'amour, la confiance en la
Providence et par-dessus tout l'intelligence. Ces valeurs constituent le
fondement même de la morale africaine, unemorale sociale qui indique
à chacun comment vivre et se conduire pour sonbonheur personnel et celui
de la société toute entière.
Comme on le voit, le conte tout comme le mythe, en nous
transportant dans un monde parfois fantastique, merveilleux, ils ne perdent
rien de leur objectif essentiel : la formation de l'homme. Cette formation de
la personnalité nous transportera dans un autre univers qui est le
contraire de celui que nous venons d'expérimenter : les vertus
enseignées.
V.1.2.2. Les vertus
enseignées
Après les vices combattus dans la société
traditionnelle africaine, il y a des vertus qui sont enseignées. Ces
dernières constituent l'essentiel des attitudes que la communauté
juge bonnes et les présente comme modèles auxquels les enfants au
même titre que les adultes devraient se conformer. En voici
quelques-unes:
Ø L'union
L'union est comme la solidarité. C'est le principe de
base de l'esprit communautaire de l'Africain traditionnel. Elle est
proposée comme panacée aux nombreux problèmes de la vie.
Comme on dit:« une seule main ne peut attacher un paquet» de
même comme nous le montre le conte L'union fait la force, on ne
peut rompre facilement un faisceau de lance et lorsqu'il y a union dit-on aux
enfants, aucune force ne peut arriver à empêcher la
réalisation d'un acte ou d'un projet mais si par contre, il y a
désunion, c'est le malheur et la désillusion.
Ø L'obéissance
L'obéissance est une grande vertu en Afrique. C'est le
signe de l'adhésion aux idéaux du groupe. C'est le signe de
l'amour que l'on porte aux traditions et préceptes édictés
par les ancêtres. C'est enfin pour l'enfant, le signe de son voeu de
s'instruire pour s'accomplir en tant que membre à part entière de
la communauté.
Dans les contes, les obéissants sont toujours
récompensés de la manière la plus admirable qu'il soit.
Ils sont protégés contre le mauvais sort, exemptés de
toutes punitions et appelés à remplacer plus tard les anciens aux
hautes responsabilités de la société. Dans le conte
Les trois frères, l'obéissance à la parole du
père par le benjamin lui confère les richesses et les
honneurs.
L'obéissance aux ordres des parents est toujours
conseillée même lorsque ceux-ci donnent des ordres à
même de porter atteinte à la vie des enfants. Dans le conte
The orphan boy, le jeune orphelin lorsqu'il est envoyé par son
père à la recherche de jeunes lionceaux obéit. C'est son
obéissance qui lui permet de rentrer victorieux de sa mission. Dans une
autre épreuve où il est encore envoyé par son père
au pays des enfers à la recherche du tam-tam du village, son
obéissance lui vaut l'aide de sa défunte mère et, au terme
de son périple initiatique qui le fait devenir symboliquement un homme
il est consacré Chief de son village. Comme le dit donc la formule
terminale du conte Les trois frères : « il importe que
l'enfant obéisse à ses parents, même s'il pense
que ceux-ci le trompent, il doit d'abord exécuter leurs ordres afin d'en
vérifier la pertinence ».
Ø Le dévouement et la
serviabilité
Compatir aux malheurs des autres en leur portant assistance,
est une vertu que les contes véhiculent. Le dévouement et la
serviabilité consacrent l'amour que l'on ressent pour l'autre, pour sa
peine et surtout ce sont les gages de l'édification d'une vie
communautaire saine. Dans le conte Les cadets d'Idiriwong, les
jumeaux Bidias et Igom au péril de leur vie s'engagent dans un voyage au
pays des cannibales au terme duquel ils sauvent leur soeur aînée
ldiriwong d'une mort certaine. Aussi dans le conte Un jeune enfant sauve
l'humanité, un jeune enfant pris de compassion sauve les habitants
de la planète menacés de disparition par un monstre.
Les contes de l'orphelin comme celui de L'orpheline
et la vieille femme véhiculent le plus souvent la vertu de
la serviabilité qui n'apporte pas seulement la reconnaissance mais aussi
la richesse. Dans ce conte, la jeune orpheline avec respect et politesse rend
service à une vieille femme couverte d'une saleté repoussante. En
effet, elle lui donne de l'eau à boire. En récompense l'orpheline
reçoit des richesses immenses.
Certains contes pour illustrer la serviabilité ou le
dévouement présentent des personnages irrespectueux et impolis
qui, reçoivent toujours une punition proportionnelle à leurs
actes. C'est le cas toujours dans L'orpheline et la vieille femme,
de la fille de la méchante marâtre qui à
l'opposé de l'orpheline manque de décence et de savoir-vivre
envers la vieille femme. Elle, comme sa mère est punie.
Ø L''intelligence
L'intelligence est une capacité d'adaptation, c'est une
activité de l'esprit qui permet de résoudre d'une façon
spontanée les problèmes qui se posent à un individu. Outre
l'adaptation aux situations ou aux difficultés, l'intelligence est
souvent une capacité d'anticipation et dans ce cas particulier,
l'individu entrevoit un problème et le résout avant même
qu'il ne se pose à lui. Préférée à la
richesse ou aux biens matériels si elle est doublée d'une
connaissance des traditions, l'intelligence, atteint son paroxysme et consacre
pour celui qui la possède l'admiration des autres et accomplissement de
sa personne.
Cette vertu est le plus souvent véhiculée par
les contes de l'enfant malin ou de l'enfant terrible, elle est souvent
présentée par ces contes comme la vertu suprême.
L'intelligence permet de réussir toujours à se tirer des embarras
et des pièges tendus par les méchants.
Dans le conteSense pass king, c'est
non seulement l'intelligence du jeuneenfant Sense pass king qui le
protège des pièges que tend le méchant roi mais surtout la
connaissance qu'il a des traditions. Dans ce conte, le jeune enfant allie
même l'intelligence, le mensonge et la séduction pour se
débarrasser du roi afin de se faire élire à sa place.
Dans le conteTrahoré et le mauvais chef,
le jeune Trahoré enfermé dans une case, par le
mauvais chef, pour y être brûlé feint de manger des kolas au
passage des fils de son ennemi. Ces derniers lui demandent les kolas et, ne
peuvent pas refuser la proposition de trahoré qui leur demande de le
libérer pour pouvoir en goûter. Par la suite, il enferme les
enfants du chef qui furent brûlé à sa place. Dans ce conte
comme dans le conte Sense pass king, la perfidie, la ruse comme le mensonge
donc use le héros intelligent sont souvent utiles pour punir les hommes
méchants et cruels par son intelligence, l'enfant malin dans les contes
retourne la méchanceté des rois ou des chefs contre
eux-mêmes et surtout contre leurs enfants.
Ø La contrition
La contrition c'est la capacité pour quelqu'un de
regretter ses mauvais actes et surtout c'est le voeu pour cette personne de
décider ardemment de se racheter, d'agir désormais dans le strict
respect des normes.
Cette vertu est souvent mise en exergue dans les contes
africains, car l'Africain traditionnel reconnaît le droit à
l'erreur, étant entendu que, l'homme est fait d'imperfections. Mais,
s'il le reconnaît, il encourage le regret des fautes pour la sauvegarde
des idéaux sociaux. Dans Les poussins têtus, c'est la
contrition de FIFI qui est présentée comme une vertu et un
modèle à imiter pour les enfants. En effet le jeune poussin avec
son frère Dudu étaient très têtus et
n'écoutaient pas les conseils de leur mère. Cette dernière
leur demandait de faire attention à l'aigle mais peine perdue, les deux
poussins n'en faisaient qu'à leur tête. Mais cette
désobéissance fit perdre la vie à Dudu qui fut
emporté par l'aigle. A la vue du malheur qui était arrivé
à son frère, FIFI changea radicalement d'attitude en respectant
désormais, à la lettre les recommandations de sa mère.
Ø La camaraderie
Dans la société traditionnelle africaine, on
recommande aux enfants de se dévouer à leurs amis, d'être
honnêtes dans les relations horizontales. Aussi,la camaraderie qui est la
bonne et saine entente entre les amis, est encouragée dans les contes de
l'enfant. Elle est proposée tout comme l'union et la solidarité
comme une vertu qui aide à créer un climat favorable à la
cohésion du groupe tout entier.
C'est parce que la camaraderie est une sorte d'élan,
une forte compassion mêlée de communion pour l'autre que dans les
contes elle est aussi privilégiée au même titre que
l'obéissance et les autres vertus. Dans le conte Le mauvais
frère: le mauvais frère tranche les pieds de sa soeur pour
avoir refusé de l'épouser par un élan d'amitié de
la part de cette camaraderie,la soeur du mauvais frère prend son amie
sur son dos pour une fuite dans la forêt. C'est cette amitié qui
la fera en sorte que (la soeur du mauvais frère), retrouver non
seulement ses pieds mais aussi, devenir la femme du chef. Dans ce conte donc,
c'est l'éloge de la camaraderie qui est faite et elle est
proposée comme panacée pour apaiser le mal et les douleurs.
Ø Le partage
Dans la société traditionnelle, « il
y a un prestige non à amasser, mais à
donner, à distribuer. La considération sociale s'attache non
à la richesse possédée, thésaurisée, mais
répandue avec libéralité » aussi dans les contes
fait-on l'éloge de cette vertu qui, tout comme la camaraderie, promeut
la solidarité et la cohésion des membres de la communauté.
L'éloge de cette vertu est fait dans le conte les trois
frères. Dans ce conte, les deux frères aînés
irrespectueux et désobéissants perdent les richesses qu'ils ont
reçues de leur défunt père. De plus ceux-ci veulent
tromper leur benjamin afin que lui aussi désobéisse, mais avec
intransigeance, le dernier né de la famille refuse d'écouter les
conseils de ses frères et devint riche pour avoir exécuté
à la lettre les consignes. Dans un élan de coeur, il pardonna
à ses frères aînés et partagea même ses
richesses avec eux.
La morale de l'Africain traditionnel est construite et
fondée autour des valeurs que les contes et les mythes
véhiculent. Leur respect contribue à l'édification d'une
société juste mais aussi, ce respect des normes est un
préalable à toute intégration des individus dans le
groupe. L'enfant qui est membre à part entière du groupe est tenu
lui aussi, de se conformer aux exigences que requiert la vie en
communauté. C'est pourquoi les contes, qui lui sont le plus souvent
destinés, promeuvent ces valeurs afin de lui inculquer dès le bas
âge les modèles de conduites et de comportements en stricte
conformité avec les idéaux sociaux. L'objectif des contes reste
donc simple: montrer aux enfants la nécessité qu'il y a de
respecter les normes sociales à travers ce que la société
propose comme vertus et montrer la nécessité qu'il y a de
s'abstenir de pratiquer les vices impropres à valoriser la
cohésion du groupe.
V.1.3. L'initiation: processus et contenu
Plus que l'éducation que l'enfant reçoit dans le
cadre de sa famille ou dans le stricte cadre de sa classe d'âge ;
l'initiation est en un sens l'instruction, l'éducation profonde de
l'enfant dans la société africaine traditionnelle. C'est un
processus qui révèle l'être de l'enfant et fixe dans sa
mentalité le véritable sens de son rôle dans la
société.
L'initiation est en fait une cérémonie qui
permet de faire passer l'individu, la plupart du temps les enfants ou les
adolescents: « de la condition de l'enfant-nature à
l'homme culture .... De l'autorité maternelle à
celle du patrilignage » (L.V.Thomas et
R.Luneau) : C'est dans ce sens que l'on parlera de rite de
passage. C'est aussi un rite magique et social qui a pour principal objectif:
un enseignement profond de la société car elle « touche
l'homme jusque dans les profondeurs de son inconscient... [Et le conduit] au
travers d'une expérience spirituelle particulièrement
intense, au seuil de la vie mystique. » (P.Erny,1972).
S'il est reconnu qu'il existe des initiations aussi bien pour
les garçons que pour les filles cela revient à dire qu'il ya des
phases pour le processus de l'initiation. C'est ainsi que l'on parlera de
l'initiation à la vie adulte (initiations pubertaires), de leur
initiation pour entrer dans les sociétés sécrètes,
de l'initiation aux métiers et aux techniques ... etc. Il est
avéré que dans le cadre des initiations:
Chaque ethnie mettra l'accent sur le secteur de la vie qui
lui parait le plus important en fonction de sa hiérarchie des
valeurs: pour les unes ce sera la guerre, pour les autres, les liens
de l'homme avec la terre sur laquelle il vit et qu'il cultive, ou
encore la procréation, la connaissance, la révélation du
sacré, la soumission à l'autorité et
à la coutume, la démonstration de la richesse du
groupe(P.Erny, 1972 :221).
Malgré leurs objectifs différents, ces
initiations aident tous aux passages de l'enfant d'un stade d'immaturité
à un stade de maturité propice à son intégration
sociale ; nous parlerons ici, de l'initiation qui permet à l'enfant
de faire mourir sa vie antérieure dans sa famille et sa classe
d'âge pour sa renaissance à l'ordre social. En d'autres termes,
l'initiation cherche à conformer l'individu, l'enfant aux idéaux
du groupe étant donné que la personne ne peut prendre la parole
au milieu des anciens s'il n'a subi au préalable une initiation:
c'est-à-dire des épreuves qui montrent non seulement sa bravoure
mais son respect pour les traditions et son voeu de les appliquer quoiqu'il se
passerait. C'est souvent notons-le, l'objectif des initiations pubertaires et
des initiations qui sanctionnent souvent les cérémonies de
circoncision.
L'initiation étant une véritable école de
vie, nous allons montrer en quoi elle est un processus et qu'elle renferme un
contenu éducatif. Nous finirons par relever quelques limites de
l'initiation dans le cadre stricte de l'éducation de l'enfant dans la
société africaine traditionnelle.
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