IV.2. ANALYSE MYTHO-CRITIQUE
DES TEXTES DE NOTRE CORPUS
Cette partie presente une lecture mythocritique des contes et
des mythes en pidgin, série de récits traditionnels recueillis
dans la région du Sud-Ouest à Buea. L'analyse qui repose sur les
éléments théoriques poposés par Gilbert Durand
tente de montrer que ces myhtes et ces contes en pidgin fondent en grande
partie la comprehension des usages et des mentalités des peuples issus
de cette partie du pays.
André Jolles, cité par Pierre Brunel
définit le mythe comme la forme qui prendplace quand l'univers se
crée à l'homme par question et réponse.Le mythe est donc
une réponse à la quête, à la questa, la
question ontologique première. C'est en cela qu'il est fondement, graine
et origine de la culture.Par ricochet, le mythe est un moyen de transmission
des savoirs dans la perspective d'assurer la perpetuité et le
rayonnement d'une culture.
Autrement dit,le conteur, le griot lorsqu'il raconte une
histoire mythique, il contribue à former une personne,
spécialement un enfant,en developpant ses qualités
intellectuelles et morales dans le but de faire assoir des règles et un
certain code de conduite qui permettra à ce dernier de bien se mouvoir
dans la société.C'est en cela que l'on dira que le mythe
constitue une base, une semence qu'on plante dans le cerveau d'un enfant.Etant
donné la mouvence des contes et des mythes, le but de cet exercice est
d'avantage de souligner l'importance du mythe en tant que fondement de
l'éducation d'un enfant dans la société traditionnelle
africaine que d'analyser tous les éléments porteurs de sens qu'il
contient.
Dans une perspective épistémologique, le texte
se trouve d'abord dans le reservoir imaginaire d'une conception du monde et des
croyances réligieuses, cristallisées sous forme de
mythe.Essentiellement vrai, ce texte et donc sacré, et c'est d'abord
oralement qu'il est transmis aux sages, l'écriture n'étant qu'une
conservation de cette parole.Le texte constitue le tissu de l'imaginaire d'une
société et de l'humanité.
Pierre Brunel souligne l'usage étymologique qui veut
que textum signifie ce qui est tissé, qu'il s'agisse de coton
ou de parole.Il rappelle de plus que les conteurs, en diposant les premier
éléments de l'intrique, ourdissent leur hitoire qu'ils
développent à partir d'un caneva.
La tradition est donc la chaine projetée dans la
culture, l'expérience et le savoir humain, de tout le tissu imaginaire
qui, à l'issue d'un cycle, ramène l'homme à son
essence.
Le rôle du conteur ou de l'artiste a ceci de
sacré qu'il glisse la parole dans le langage, la cristallisant en
peronnages et en histoire qui donne à l'enfant une prise sur les
dimensions multiples de sa réalité.Il lui permet de s'identifier
à des héros fictifs grâce auxquels ,il se
dépasse.Par l'esprit de la parole présente dans le langage, le
jeune enfant s'identifie au héros pour accomplir des choses plus grande
que ce qu'il croyait possible. Les héros que lui presente l'artiste sont
porteurs de forces et de pouvoirs qui galvanisent le jeune enfant. En
s'identifiant à des héros extraordinaires, l'enfant fait vivre en
lui-même leurs vertus et leurs pouvoirs. Elles sont en chacun, elles sont
la vérité de l'homme et par cette identification au héros,
il « joue sur le regisre » et les actualise.
On parlera ici d'un jeu de mirroir qui s'établit avec
les personnages fictifs qui, en fait, ne sont que la projection de ce qu'est
l'homme intrinsèquement de cette réalité qui est au coeur
de lui, mais avec laquelle , au fil du temp, il a perdu contact.D'où
l'importance de retrouver la structure fondamentale de la Tradition.
Par ailleur, il faut noter que dans ce jeu, le héros
est donc à lui seul une brèche dans le
« réel ».En d'autres termes, ce qui est
généralement considéré comme « le
réel », n'est pour nous qu'une partie de la
réalité. Dans ce sens que nous considerons que l'imaginaire et
les dimensions spirituelles font tout autant partie du
« réel » sinon plus, que le monde
matériel.
Dans nos récits en pidgin, il est possible de ditinguer
les concepts qui découlent de ce fondement primodial de l'éthique
de vie, de ceux qui prônent des valeurs et des pincipes moins essentiels,
et dont la présence peut etre récente.
Notons cependant que les concepts qui semblent les plus
anciens correspondent aux valeurs universelles, les plus nobles et les plus
positives. Les anti-valeurs, qu'elles émergent grossièrement du
récit ou que leur présence se fasse plus subtile, manifestent au
contraire certains « glissements » relativemnt
récents de la conscience.Bien plus, les mythes se comportent d'ailleurs
comme s'ils étaient tous liés entre eux, dans un « tout
ininterrompu » et une symétrie globale. Ainsi, la modification
d'un mythe répond généralement, et en
complémentarité, à l'évolution d'un autre mythe
appartenant à une autre culture.L'information voyagerait dans une
dimenion autre, en accord avec l'espace-temps, en engendrant les
événements qui y déroulent.
Pour étayer nos propos, nous allons étudier le
récit intitulé : Nyamaboh et sa tante
Dans ce récit, on ce rend compte que l'enfant,
héros, illustre la dichotomie des imaginaires de l'immanence et de la
transcendence. Dans ce récit, le conteur décrit les
péripéties dont le jeune orphelin fait face.Nyamaboh est d'abord
abandonné à lui-même, ensuite, il est misen danger par sa
tante ; situation apparement sans issue que seule une solution
inespérée pourra résoudre.
Cette solution nouvelle et encore inconnue naît de ce
que l'enfant « personnifie des forces vitales qui résident
au-delà du cercle limite de la conscience » (Carl Gustav,
1993 :130). Comme nous pouvons le constater, cette force vitale, cette
invincibilité de même que ce courage innée de l'enfant se
mamifestent lors qu'il traverse des bosquets entiers à la recherche de
la machette de sa tante ; mais beaucoup plus, lorsqu'il fait la rencontre
de la vieille dame dans la nuit noire.
En l'envoyant courrir à sa perte, c'est-à-dire
en l'envoyant chercher la machette dans le noir et sous la pluie, cette
épreuve constitue pour lui un défi pour lui-même. Mais, le
hasard étant ce qu'il est, la rencontre avec la vieille dame constitue
ce qui donnera un tournant à sa vie.
Le jeune enfant incarne la bravoure, l'honneur et la vertu,
mais en plus d'etre doté d'un courage inoui, il se distingue des
héros ordinairespar sa grande sensibilité. Ses qualités
l'éloigne des stéréotypes habituels et en font un model
à la mésure de l'homme. Son humanité émeut d'autant
plus qu'il est vulnérable et, même sa démesure,
vraissemblable.
Quant au personnage de la tante qui n'est pas bien
élucider, le conte l'affuble d'une constitution bien étrange,
pour marquer combien de fois elle terrorisait son neuveu.Cette femme symbolise
la terreur totale, elle personnifie la corruption, les vices et les faiblesses
du peuple qui l'a généré.
Alors que la tante de Nyamaboh represente la part
d'obscurité de l'homme, Nyamaboh en est la part de lumière,
dichotomie où le germe de lumière fera basculer le monde.
En étudiant ce récit, nous avons eu à
observer comment s'effectue certains retournements dans le cycle de l'histoire.
Il faut noter que, la méthode mythocritique ne se
limite pas seulement à ressortir cette dichotomie entre les
personnages.
Maurice Emond (1987 :91) parlant de la lecture
mytho-critique dira à cet effet que : « la
mythocritique dévoile des images archaïques, des archétypes,
des mythes qui se cachent derrière des personnages, des convergences
thématiques, l'organisation même du récit ».
Dans sa classification des images, Gilbert Durand distingue 3 régimes de
l'imaginaire qui sont:
- repérer les thèmes et les mythèmes dans
un texte.
- décrire les structures mythémiques du
texte.
- identifier et interpréter un mythe sous-jacent
à un texte, à travers ses thèmes, ses situations et ses
figures.
- Dans un premier temps, nous parlerons de l'identification
des mythèmes dans nos différents récits.
v Identification des mythèmes
Il s'agit ici de distinguer les mythèmes qui
constituent le mythe et de cerner les grandes redondances qui en font la
clé schématique ou verbale.
Les mythèmes désignent les grosses
unités constitutives qu'on retrouve au niveau habituel de l'expression
linguistique. Autrement dit, elles sont de nature plus complexes que celles de
l'expression linguistique de type quelconque, à savoir les
phonèmes, les morphèmes et les sémantèmes. Les
mythèmes ont ceci de particulier qu'ils se caractérisent par un
haut degré de complexité et se situent à un niveau plus
élevé .Dans le cas contraire, le mythe serait indistinct de
n'importe quelle forme de discours. Pour les isoler, il faut les reconnaitre
dans leur nature, dans leur relation, mais il faut noter que ce ne sont pas des
relations isolées, mais des paquets de relations qui se
présentent en redondances, en
« synchronicités » (Claude L. Strauss,
1958 :243). En résumé, les quatre grandes structures
mythémiques de nos mythes que nous allons isolées sont les
suivantes :
- L'initiation
- les épreuves de l'initiation
- Le retour
- Le mythème objet.
Les mythes de « l'orphelin »,
« le mariage du voyageur avec la femme du dieu des eaux »,
« Nyamaboh et sa tante » sont constitués des quatre
séquences que nous allons délimiter. On peut reconnaitre et
isoler premièrement la redondance, la
« synchronicité » du caractère initiatique du
héros, ensuite, un autre groupement symbolique qui manifeste le retour.
Enfin, on peut, isoler le mythème objet repérable par la
redondance de l'objet.
Après cette distinction des quatre structures
mythémiques, il est à présent question de mettre en
exergue les grandes répétitions ou redondances qui constituent
l'essentiel du schéma du mythe. La distribution séquentielle nous
y aidera.
Ø Le mythème «
initiation »
L'initiation peut être définie comme une
révélation ou comme l'admission à la connaissance de
certaines choses secrètes. C'est aussi une cérémonie par
laquelle on initie à la connaissance et à la participation de
certains mystères, ou encore une cérémonie accompagnant
l'admission d'un nouveau membre dans une société secrète
(dictioonaire encyclopédique, 1990).
Le caractère initiatique du héro attire
l'attention dans le mythe par sa redondance. Dans le récit
« l'orphelin », le jeune homme est victime de la
haine de la première épouse de son père. Cette
dernière veut empêcher le jeune garçon d'hériter de
son père car, elle n'a donné naissance qu'aux enfants filles,
c'est pour cette raison que celle-ci projette de le tuer. Toujours dans cette
perspective de vouloir éliminer le jeune homme, elle parvient à
persuader son mari de l'envoyer chercher des lionceaux nouveau-nés d'une
lionne. Mais, les conseils de la grand-mère sont efficaces et il
réussit à l'épreuve. Cependant, la méchante femme
ne lâche pas prise, elle persuade une fois de plus le père de
l'enfant qui l'envoie à présent chercher le tam-tam du village au
pays des morts. Le jeune garçon ira une fois encore voir sa
grand-mère qui s'inquiète, mais lui prodigue des conseils.
Dans ce récit, on constate que le caractère
initiatique de notre jeune garçon attire l'attention par sa redondance.
Le fait d'envoyer l'enfant prendre les lionceaux nouveau-nés d'une
lionne, seul, dans une forêt dense, exposé aux attaques de toutes
sortes.L'on dira que, cette requête est considérée comme
une épreuve d'initiation. On constate ici que le phénomène
initiatique imposé aux enfants leur initie au courage et à la
bravoure ; qualité que l'on encourage dans la société
traditionnelle.
En évoluant avec notre analyse, on se rend compte que
l'initiation ne s'arrête pas seulement à la première
séquence. Dans la seconde séquence du récit, la
« catabase » du voyage dans l'au- delà n'est autre
chose qu'une autre rude épreuve d'initiation. Il est question ici pour
le jeune garçon d'effectuer un voyage dans le pays des ancêtres.
Ce voyage ne se fait pas sans conséquence. Dans la plupart des cas, il
se fait en aller sans retour. Le retour signifiant qu'on a pu braver les
différents obstacles et par conséquent que l'on a réussi
à l'initiation. Au cours de sa quête dangereuse, le jeune
garçon reçoit l'aide d'un grand poisson qui lui fait traverser
une grande rivière et chemin faisant, un oiseau l'aide à
traverser un feu énorme qui fait obstacle à son chemin.
Une fois de plus, on constate que l'enfant est secouru par
des êtres étranges grâce à son sens de partage,
d'humilité et d'obéissance. Ces atouts sont autant de valeurs qui
constituent la base même de l'éducation de l'enfant dans la
société traditionnelle.
Notre récit nous fait remarquer que le héros
connait des aventures qui sont réservées uniquement aux seules
personnes initiées. Il vit dans un monde secret et interdit aux femmes,
mais réservé aux hommes initiés seuls.
Dans la suite de l'aventure au pays des enfers, on constate
que les événements se succèdent.On a le chat qui aide
à choisir le tam-tam parmi le nombreux tam-tam et qui se met à
jouer seul dès que le jeune homme l'identifie, la scène de
l'enfant qui rentre en grande pompe du pays des morts à celui des
vivants initie en quelque sorte l'aventure tant physique que
métaphysique. Tout ceci constitue les différentes étapes
du mythe.On peut donc dire que le jeune orphelin, qu'il soit initiateur,
est en partie lié avec l'initiation.
Dans Nyamaboh et sa tante, ce qui attire l'attention
à la lecture de cette histoire c'est la redondance, la
synchronicité du terme « initiation » de ses
composants, et du caractère initiatique du héro.
L'on nous fait comprendre que dès sa tendre enfance, le
jeune Nyamaboh s'occupait déjà de toutes les tâches
ménagères. Toutes les corvées reposaient sur ses
épaules. « C'est lui qui devait chercher du bois mort dans
la forêt, c'est lui qui faisait la cuisine ; c'est encore lui qui
devait aller puiser de l'eau à la source ». Tout ceci
contribue à initier le jeune homme à la dureté de la vie
et aux épreuves insoutenables que l'on fait face une fois venu au
monde.
De même, envoyer chercher la machette qui s'est perdue
au milieu d'une nuit noire, dans une forêt épaisse et
ténébreuse et ceci sous une pluie torrentielle, tout cela est
lié à l'initiation. L'on conclura que toutes ces épreuves
amènent le jeune homme à apprendre à sonder les secrets de
la forêt et de la nuit. Il doit également apprendre à
surmonter ses peurs, à vaincre la solitude et surtout à se
surpasser.
L'autre étape de l'initiation est la rencontre du jeune
garçon avec la vieille femme dans la forêt. Celle-ci lui demande
de porter son fagot de bois et de l'emmener dans sa hutte. Dans la même
lancée, la dame lui demande de l'aider à se débarrasser
des puces qu'elle avait partout sur son corps. Ce que fit sans hésiter
le jeune garçon. Le héros ici est initié au silence,
à la soumission et à l'obéissance. Dans ces
différentes épreuves, on constate que malgré la
dureté des circonstances, le jeune Nyamoboh accomplit ses
différentes tâches sans se plaindre et ceci sans répulsion.
Le jeune héro est ainsi initié au silence, à la soumission
et à l'obéissance ; qualités que seules les
initiés sont capables de respecter.
La dernière étape, celle de l'oeuf ou
plutôt le miracle de l'oeuf. Cet oeuf contient en son sein plusieurs
objets de valeur. Une fois cassé, il laisse apparaitre les maisons, les
machettes, les houes, des vastes plantations, des bijoux... tout ceci initie
l'enfant en quelque sorte tant dans le monde métaphysique que physique.
Après cette dernière analyse sur le mythème
« initiation », nous allons passer à
l'épreuve de l'initiation proprement dite.
Ø Les épreuves de
l'initiation
On parle d'épreuve généralement quand on
fait allusion à des événements qui font apparaitre les
qualités morales de l'homme, et par extension de toutes sortes de
malheurs, d'événements pénibles, douloureux. Les
épreuves peuvent être actives ou passives.
Le deuxième groupe synchronique de mythèmes que
l'on peut reconnaitre et isoler détaille les épreuves de
l'initiation. Pour illustrer notre argumentation, nous utiliserons les
récits « the orphan boy » et celui de
« nyamaboh et sa tante ».
Des difficultés éprouvent le courage de nos
différents héros. Elles provoquent la souffrance.Dans
« l'orphelin », la nécessité de l'initiation
s'impose de même que celle de braver les obstacles que constituent les
épreuves. L'orphelin est soumis à plusieurs séries
d'épreuves :la capture des lionceaux nouveau-nés d'une
lionne dans la forêt constitue en général le symbole des
épreuves auxquelles le jeune garçon sera confronté. Le
jeune homme est la proie de sa marâtre. Voulant l'empêcher
d'hériter de son père car, elle n'a donné naissance qu'aux
bébés filles, celle-ci met tous les moyens en oeuvre pour se
débarrasser du garçon. C'est ainsi qu'elle persuade son mari (le
père du garçon) de l'envoyer chercher les lionceaux dans la
forêt. Ce dernier est aidé par les conseils de sa
grand-mère qui, heureusement pour lui sont efficaces. C'est ainsi qu'il
sort victorieux de l'épreuve « de la chasse aux
lionceaux ». Mais, notre marâtre ne lâche pas prise et
continue dans sa salle besogne.
Nous constatons que, dans bien des cas, les enfants ne sont
pas souvent à l'origine de leur souffrance, parfois ce sont les parents
qui en sont la cause. Toutefois, l'enfant à travers l'obéissance,
et la soumission peut réussir à changer sa situation de
maltraitance et améliorer ainsi sa condition de vie.
Nous devons comprendre que les différentes
épreuves bravées par le jeune homme lui permettent de venir
à bout de son initiation. Il devient aussi le héraut, le chantre
d'une culture, le model par rapport auquel devront se définir ses
frères.
Il ya donc dans « l'orphelin » un
groupement synchronique de mythèmes détaillant les
épreuves de l'initiation. Dans ce mythe, nous allons le voir, il ya
redondance de mythème de même nature.
Toutefois, l'on constate que l'histoire de
« l'orphelin » et celle de « Nyamaboh et sa
tante », sont similaires, c'est la raison pour laquelle nous allons
les analyser de manière parallèle.
L'orphelin et Nyamaboh sont soumis à des séries
d'épreuves dans le double cadre spatial, humain et mythique.
Alors que l'itinéraire de l'orphelin le situe encore
dans l'espace humain, il est soumis à une autre épreuve, cette
fois ci, allé chercher le tam-tam du village aux pays des morts. Mais,
sur son chemin, il fait face à un énorme feu. C'est ainsi que,
grâce à un grand oiseau, il réussit à surmonter cet
obstacle. Mais, il n'est pas au bout de ses peines, il doit traverser un fleuve
en crue.Il le fait sur le dos d'un gros poisson. Finalement, l'enfant sort
victorieux puisqu'il parvient à surmonter ces obstacles sans incident.
C'est par le fleuve que l'orphelin amorce le second parcours de son
itinéraire qui l'introduit dans l'espace mythique où se trouve
une autre série d'épreuves.
L'orphelin au pays des ancêtres est d'abord soumis
à l'épreuve de plusieurs routes identiques dont il doit choisir
la meilleure. Puis à celle de la femme couverte de pustiles ;
pustules qu'il doit percer et nettoyer ; cette mission lui donne envie de
vomir et cela lui soulève le coeur. Comme si cela n'était pas
assez, il doit partager ses nuits avec les animaux de toutes sortes. Bref,
l'enfant expérimente un bouleversement dans sa conscience, ce qui ma foi
change complètement sa vision des choses dans ce monde mystérieux
et mystique. Les tribulations que connaissent l'orphelin sont semblables
à celles que vivent Nyamaboh tant dans l'espace humain que mystique.
Pendant qu'il surmonte l'épreuve de la brimade avec sa
tante, Nyamaboh est soumis à une autre, celle d'aller chercher la
machette de l'autre côté des collines en pleine nuit. Pis encore,
il doit passer l'épreuve des moustiques. Autrement dit, il doit se
laisser piquer toute la nuit par ces bestioles sans toutefois réagir
à leurs piqures. Epreuves que notre héros surmonte avec bravoure.
La bravoure, le sang-froid et la vaillance sont autant de vertus
encouragées dans la société traditionnelle.
A partir de ce qui précède, on peut donc
affirmer que « les épreuves de l'initiation »,les
structures mythémiques du mythe en général, trouvent dans
nos différentes histoires leur écho. Qu'en est -il de
l'étape du retour ?
Ø le retour
Dans « l'orphelin », à la
première séquence de notre histoire, l'enfant a pour mission
d'aller dans la forêt et de ramener les lionceaux nouveaux nés
d'une lionne. Dans la deuxième séquence de la même
histoire, cette fois-ci, l'ordre lui a été donné d'aller
au pays des morts, de retrouver, mais surtout de ramener le tam-tam du village
qui s'y trouve.
Dans « Nyamaboh et sa
tante », la machette qui s'était perdue au delà
des collines en pleine nuits est retrouvée et ramenée à la
méchante marâtre. Nyamaboh revient également de cette
quête avec un oeuf, oeuf qui transformera sa vie à jamais.
v Le mythème objet / lionceaux-tam-tam
(orphelin) et machette (Nyamaboh et sa tante)
Dans la première séquence de l'histoire de
l'orphelin, le jeune garçon de retour de la forêt avec les
lionceaux, surpasse sa redoutable marâtre. Il échappe ainsi
à la mort grâce aux conseils de sa grand-mère qu'il met en
pratique et déjoue pour ainsi les plans de sa marâtre.
Dans la séquence de la descente aux Enfers, les
conseils de la grand-mère une fois de plus ont joué un
rôle déterminant tout au long du voyage, dans la mesure où
il les suit et les applique ; c'est ce qui lui vaut les aides qu'il
reçoit ça et là. C'est grâce à son
humilité et à son obéissance il finit par obtenir l'objet
de sa quête : le tam-tam, ce qui lui donne également le titre
de chef du village.
Quant à l'histoire de « Nyamaboh et sa
tante », le courage du jeune garçon joue un rôle
primordial dans la suite de sa quête. Muni de cette arme redoutable, il
surpasse la peur et les angoisses, récupère la machette
auprès de la vieille dame qui loue son comportement impeccable. Elle est
séduite par l'attitude du garçon et décide ainsi de lui
donner un oeuf qui transformera positivement sa vie.
En définitive, il ressort de l'analyse qui
précède que le même schéma, à la fois des
ensembles synchroniques (de haut en bas) et du récit diachronique (de
gauche à droite) se retrouve identique dans les mythes que nous avons eu
à étudier.
Nous constatons que dans les différentes aventures de
« l'orphelin » ; « Nyamaboh
et sa tante » en passant par « le mariage du
voyageur avec la femme du Dieu des eaux » gravitent autour d'un
leitmotiv permanant et obsédant : la nostalgie (dans son sens
premier de nostos ou retour et de olgia ou douleur /
souffrance.
Par ailleurs, l'analyse mythémique dans nos
différentes histoires nous montre que, que ce soit dans
« l'orphelin » ou dans « Nyamaboh et
sa tante » en passant par « le mariage du voyageur
avec la femme du Dieu des eaux » du retour de leurs
différentes missions, aucun de nos héros n'oublie ses
épreuves. N'est ce pas pour signifier que ces retournements
rudimentaires des épreuves ont plutôt milité en leur
faveur, en leur imposant la rédemption des peines et des tortures pour
les hisser au rang des héros.
Nos héros demeurent et triomphent parce qu'ils sont
victimes. Mais dans cet état de victime, ils parviennent à
surpasser leurs épreuves avec courage et détermination. N'est-ce
pas là,la suprême leçon de nos mythes pour nos
enfants?
Nous allons à présent résumer toute
l'analyse dans un tableau que nous voulons explicite. Comme l'affirme
Lévi-strauss (1958 :264), la structure synchro-diachromique qui
caractérise le mythe permet d'ordonner ses éléments en
séquences diachromiques (les rangées de notre tableau) qui
doivent être lues synchroniquement (les colonnes) ainsi qu'il
suit :
Le mythe de l'orphelin
Mythème séquence
|
A- initiation
|
B- les épreuves de l'initiation
|
C- Le retour
|
D- L'objet
|
|
L'initié
L'initiation
|
-pastor et agnus (maitre et victime)
|
`'nostos'' le retournement, retourner, ramener
|
-les lionceaux
-le tam-tam
|
Séquence 1
|
L'orphelin, initié aux mystères de la
forêt
|
Il maîtrise la lionne en lui offrant la chèvre
que lui avait donnée sa grand-mère
|
-a pour mission de ramener les lionnes aux nouveau-nés
|
-son courage et sa détermination surpassent la fureur
de la lionne.
|
Séquence 2
|
Voyage au pays des morts
|
- Surpasse l'épreuve du feu
- Réussit à traverser le grand fleuve
Retrouve la route parmi la multitude des chemins identiques
|
|
|
Séquence 3
|
Retour chez les vivants
|
|
Le tam-tam
retrouvé
|
Les résultats de l'obéissance et de la
soumission
|
Nyamaboh et sa tante
Mythèmes
|
A- l'initiation
|
B- les épreuves de l'initiation
|
C- le retour
|
D-l'objet
|
Sequence
|
L'initié Nyamaboh
|
- maître et victime
|
Retrouver, ramener
|
- la machette
-l'oeuf
|
Séquence 1
|
Nyamaboh initié aux mystères de la nuit
|
Surpasse ses peurs face à l'opacité de la
forêt et à la nuit.
|
A pour mission de ramener la machette
|
Son obéissance à la vieille dame lui fit entrer
en possession de sa machette.
|
Séquence 2
|
Passe la nuit avec la vieille dame en brousse dans une cabane
plein d'animaux sauvages et de moustiques
|
-surmonte l'épreuve des piqures de moustiques et autres
bestioles.
-parvient à débarrasser la vieille dame de ses
pustules.
|
|
Enchante, séduit le coeur de la vieille dame.
|
Séquence 3
|
Doit choisir un oeuf
|
|
Retourne au pays rempli de trésor
|
Le miracle de l'oeuf
|
v Identification et interprétation des mythes
sous-jacents à travers des thèmes, des
situations et des figures
Tout récit mythique peut être lu et compris selon
deux modes foncièrement différents. La Bible nous offre un
exemple de lecture. De la même manière que l'on peut lire un
texte sous l'angle biblique, de la même manière il peut
également être lu sous un angle purement littéraire. Pour
mieux étayer notre illustration, on réutilisera l'un des textes
qui ont servi de support dans les situations précédentes
(L'orphelin) et à cela, on ajoutera un autre texte du corpus.
Dans cette partie du travail, il s'agit, non seulement de tirer la
leçon du texte en rapport avec l'éducation de l'enfant, mais
aussi d'identifier les mythes sont sous-jacents et par là de
découvrir la signification de ces mythes.
On reconnait dans le texte de l'orphelin, les
structures mythémiques de la détermination et du courage. Dans
le récit de l'orphelin, le jeune homme est la proie de sa
marâtre. Voulant l'empêcher d'hériter de son père
car, elle n'a donné naissance qu'aux filles, celle-ci projette de le
tuer. Toujours dans cette perspective, elle parvient à persuader son
mari, le père dudit orphelin de l'envoyer chercher des lionceaux
nouveau-nés d'une lionne. Les conseils de la grand-mère du
malheureux garçon sont efficaces, il réussit l'épreuve.
Cependant, la méchante femme ne lâche pas
prise.Elle persuade une fois de plus son père qui l'envoie à
présent chercher le tam-tam du village au pays des enfers. Le jeune
garçon va une fois de plus voir sa grand-mère qui
s'inquiète mais, lui prodique encore des conseils. Son voyage au pays
des ancêtres ne se fait pas sans embuches, car sur son chemin, se dresse
un grand feu qui l'empêche d'avancer.Il fait également face
à une grande rivière qui lui barre le chemin et l'empêche
d'aller à la quête de l'objet. Mais, malgré tous ses
obstacles, il sort victorieux de la partie.
L'objectif de l'approche mytho critique dans
l'interprétation des mythes sous-jacents à travers des
thèmes et des situations est d'identifier dans le texte la
réémergence d'un ou de plusieurs mythes d'un espace culturel
déterminé. Cette relecture des textes coïncide avec les
intentions présentes qui sont les nôtres de repérer, autant
que faire se peut, la nature anthropologique et l'inscription culturelle du
texte littéraire. Comme nous allons le constater, plusieurs mythes sont
reconnaissables dans cette scène de l'orphelin. Au-delà de la
mise en scène, à travers une descente allégorique aux
enfers, du mythe de la quête et de la conquête du tam-tam au pays
des morts, nul doute que le texte peut être lu comme la
réitération du mythe de prométhée.
De même, l'orphelin qui s'empare du tam-tam du pays des
ancêtres, n'est-il pas assimilable au dieu voleur de feu de la mythologie
grecque ? La marâtre, épouse du père et
détenteur du pouvoir, pourrait, en effet, incarner la figure de Zeus
irrité ; et les commissions démesurées et
ambigües qu'elle demande au jeune garçon d'accomplir, pourraient
dans ce sens, annoncer l'enchaînement de Prométhée. Sous un
autre angle, cela peut également être assimilé au
système culturel judéo-chrétien et à ses mythes
spécifiques. A travers l'incapacité initiale de la marâtre
de faire périr le garçon, à travers la figure souffrante
de la grand- mère, la mise en scène du tragique de l'homme
renvoie d'évidence le lecteur au mythe adamique de la chute.
Tout compte fait, on constate qu'à l'inverse de la
psychocritique où une approche particulière est appliquée
à un objet, il s'agit dans la mytho critique d'appliquer un objet
à un autre objet, de lire le texte sous l'angle du mythe, un
récit à travers un récit. Cette méthode paradoxale
présuppose en réalité un statut particulier accordé
au mythe. C'est pour cette raison que nous dirons que le texte de l'orphelin
peut également être lu sous un autre angle. Il peut être lu
comme une variation du mythe d'Orphique. On reconnait dans le personnage de
l'orphelin les structures mythémiques de la détermination et du
courage.
Faisons un petit rappel sur le mythe d'Orphée.
Orphée est fils d'Oeagre, roi de Thrace et de Callope. Joueur de lyre et
de cithare, il envoute au moyen de son art les dieux, les hommes, les animaux
et même les objets inanimés. On sait, en effet que son
épouse Eurydice, étant morte.Il descendit aux enfers où il
parvint à émouvoir les dieux infernaux par son chant. Il obtient
d'eux le pouvoir de ramener Eurydice sur terre. Mais son voyage est
truffé d'embûches. Alors que son itinéraire se situe encore
dans l'espace humain, Orphée s'applique à la construction de sa
maison pendant les trois années que durent les fiançailles. Une
fois cette épreuve achevée, il est soumis à une
autre ; on leur demande de traverser le fleuve Blanc en crue. Dans
l'espace mythique, Orphée est soumis à l'épreuve de deux
routes identiques dont il doit choisir la meilleure, puis à celle de la
spirale en forme de sept où Orphée doit passer par une descente
abrupte et sinueuse qui lui donne les vertiges et lui soulève le coeur.
Mais par son courage et sa détermination, il réussit à
passer outre tous ses obstacles.
Après ce bref rappel sur notre héros
Orphée et si l'on fait une similitude au niveau de l'identification des
personnages, on se rendra compte qu'à travers la figure
d'Orphée, on reconnaît aisément celle de l'orphelin.
Le jeune garçon, malgré la dureté et la
rudeste de ses épreuves, en sort toujours victorieux. Par ailleurs, si
le garçon s'en sort dans l'espace mythique, c'est grâce à
l'aide précieuse de sa défunte mère. En réponse
à ce mythe tragique, apparaît le mythe messianique.C'est
grâce à la défunte maman que notre héros
réussit « la traversée miraculeuse » du
grand feu sur les ailes d'un oiseau et la traversée du fleuve sur le dos
d'un gros poisson ; ce qui peut être assimilé à la
figure symbolique du Dieu Sauveur (Jésus Christ).
Dans le second texte, « the Oijin of
God/Deities » il apparaît d'évident que, ce texte
mobilise des images ou des attitudes correspondantes au régime diurne de
l'image et à ses structures héroïques. Le caractère
polémique des relations entre les mythèmes du texte et entre les
personnages le démontre. Dans ces structures, les acteurs sont l'objet
d'une dégradation et d'une chute comme cela est raconté dans
l'histoire. On reconnaîtra, sans effort, dans ce texte, les structures et
les figures du mythe adamique de la Chute. Les personnages ne sont-ils pas
amenés à violer les interdits du maître suprême Dieu.
Notre récit nous fait savoir que , Dieu vivait sur la
terre avec les hommes, il leur avait donné le pouvoir sur tout, il leur
avait demandé de tout faire mais à une condition, ils ne
devraient inhumer aucun corps durant son absence car, Dieu voulait effectuer un
voyage. Mais, à peine avait-il le dos tourné qu'un vieillard qui
fut malade depuis longtemps rendit l'âme. Malgré les efforts de la
population de respecter les dernières recommandations de Dieu, la
puanteur du mort était insoutenable, c'est ainsi que la population
outre passe les interdits de Dieu et enterre le mort.
Si l'on examine de près cette histoire, elle peut
être identifiée à celle d'Adam et Eve dans le jardin
d'Eden. Dieu avait donné le pouvoir à Adam et Eve de manger tous
les fruits que l'on pouvait trouver dans le jardin à l'exception d'un
seul : le fruit de la connaissance du Bien et du Mal, et comme toujours,
il ya un élément perturbateur qui viendra chambouler l'ordre
établit.Ce bouleversement n'est autre que la désobéissance
d'Adam, car les deux finissent par transgresser l'interdit en mangeant le fruit
défendu. Parallèlement, ce texte peut être vu sous un
angle purement biblique, car cela peut être identifié à
l'histoire d'Adam et Eve dont la désobéissance, a
entrainé l'humanité entière dans la chute et le
péché, la souffrance et la mort. Ce texte amène l'enfant
à se rendre compte des conséquences de la
désobéissance. En fait, toute personne qui désobéit
soit à l'ordre suprême ou à un parent est sujet à
une malédiction ou à une sentence.
De même que les personnages de notre récit qui
de par leur désobéissance se retrouvent en ballotage et par
conséquent s'éloignent de l'oeil divin ; de même
qu'Adam et Eve, ayant violer l'interdit s'exilent eux-mêmes de
l'unité divine, basculant ainsi dans le monde de la dualité, qui
est celui des contraintes : noir-blanc, bonheur-malheur, vie-mort. Ils
mettent ainsi en marche le mouvement universel impliquant les antagonismes, les
violences, le caractère inéluctablement conflictuel
inhérent à tout processus dualiste.
A travers notre analyse, on se rend compte que la mytho
critique est une discipline qui en partie est liée avec d'autres
disciplines telles que l'anthropologie, l'histoire des religions, l'histoire
des mythologies et des sciences de l'homme en général.
Après avoir fini l'épisode sur l'interprétation des
mythes, maintenant, passons à l'identification des thèmes et des
mythèmes dans les différents textes choisis.
v Identification des thèmes et mythèmes
dans le texte
Il est question dans cette partie de constituer, dans un
premier temps, une liste des thèmes des différents textes que
nous aurons choisis. Ensuite, il faut retenir que dans cette liste, nous nous
devons de ressortir ceux qui peuvent entrer en relation d'association ou
d'opposition, faire correspondre pour chaque thème retenu au moins deux
péripéties, ou mythèmes qui l'illustrent. Le
résultat de ces différentes opérations donne lieu à
la mise en place d'un tableau. Rappelons que la suite ordonnée des
mythèmes retenus doit permettre de reconstituer le
"résumé" du texte. Pour cette étude, nous avons choisi 2
textes à savoir : « pourquoi la carapace de la
tortue se retrouve en mille morceaux » et « Dylym's
children ».
Texte 1: « Pourquoi de carapace de la
tortue se retrouve en mille morceaux ».
I
mémoire
|
II
Fête
|
III
réglementation
|
IV
voyage
|
V
Enfreint à la réglementation
|
VI
cupidité
|
VII
gentillesse
|
VIII
malice
|
IX
Fait inopiné
|
X
Individualisme/gloutonnerie
|
XI
colère
|
XII
La vengeance
|
1-il était une fois
|
2-le roi organisa une grande cérémonie
|
3-tous les oiseaux devraient prendre part
4-seuls les oiseaux pouvaient s'y rendre
|
5-pour y aller, il fallait voler
|
6-tortue ne voulait pas rater un si grand
événement
|
7-tortue supplie les oiseaux de lui emprunnter chacun une
plume
10-tortue
demande à chacun de se donner un nom
|
8-ils acceptent de lui donner des plumes
9-ils invitent tortue à prendre part à leur
fête
|
11-tortue se fait appeler « vous tous »
|
12-Le serveur arrive avec la nourriture et
dit : « c'est pour vous tous »
13-il arrive ensuite avec la boisson et dit « c'est
pour vous tous »
|
14-tortue mange toute la nourriture sans donner à ses
amis oiseaux qui l'ont amené à la fête
15-il boit toute la boisson sans donner aux oiseaux
|
16-tous les oiseaux dans un élan de colère
récupèrent leurs plumes
|
17-poli -poli transmet le contraire du message de tortue
18-tortue tombe sur les objets durs et sa carapace se brise en
mille morceaux.
|
Après avoir présenté dans un tableau les
thèmes majeurs, on passe maintenant à la deuxième phase du
travail qui n'est autre que celle de produire un commentaire où sont
décrits les thèmes et mythèmes du texte et d'observer les
relations structurelles qu'ils entretiennent. La description du tableau et des
relations qui établissent les thèmes et les mythèmes peut
donner lieu au commentaire suivant:
Le thème de la fête est commun aux
péripéties de la première colonne. C'est suite à
cette manifestation que notre conteur commence son histoire. La deuxième
colonne a pour trait ici la recommandation, car ce n'est qu'une
catégorie d'animaux qui doivent prendre part à cette
manifestation. La troisième colonne quant à elle parle du voyage
pour le ciel ; ici, il ne s'agit pas de n'importe quelle voyage, de plus,
la fête était réservée uniquement aux oiseaux ;
alors pour s'y rendre, il fallait voler, c'est-à-dire, avoir des ailes.
La quatrième colonne quant à elle ressort le thème de la
violation de la réglementation par dame tortue, car elle veut aller au
ciel prendre part à cette manifestation. La cinquième colonne
parle de la cupidité. Dame tortue réussit à obtenir un
emprunt de plumes auprès des oiseaux. Le thème de la malice
intervient à la septième colonne lorsque tortue use de sa ruse
et se fait appeler « vous tous ». La
neuvième colonne fait apparaître le thème de la surprise,
les éléments qui la composent interviennent tous comme des faits
inopinés de la part des oiseaux. La dixième colonne est
réservée au thème de la gloutonnerie tandis que les deux
dernières sont respectivement dévolues au thème de la
colère et de la vengeance.
Les relations qu'entretiennent les mythèmes du tableau
sont de deux ordres : considérés dans leur succession
chronologique, ils constituent un récit. Considérés dans
la relation synchronique des thèmes auxquels ils participent, ils se
structurent comme une combinaison ou comme un système qui demande
à être dégagé. Passons maintenant à notre
deuxième récit.
Texte2 : Dylim's children
Dans notre processus d'analyse, nous allons procéder
par différentes étapes : La première étape
consiste à repérer les thèmes et les mythèmes du
texte. Six thèmes permettent de rendre compte des différents
mythèmes de ce texte.
Tableau
|
I
Mémoire
|
II
La mort
|
III
Instruction/recom- mandation
|
IV
obéissance
|
V maltraitance
|
VI
souffrance
|
VII
Pitié/compassion
|
VIII
regret
|
IX
enseignement
|
1-il était une fois, une femme vivait paisiblement avec
ses enfants
|
2-elle tomba malade
3-sachant qu'elle n'avait plus pour longtemps fit ses adieux
à ses enfants
|
4-Elle leur remet une graine, et leur demande de la planter
5-elle dit aux enfants d'aller habiter là où la
graine arrêtera d'ex- croître
|
6-les enfants suivent les recommandations de leur mère
et vont habiter là ou la graine arrête d'ex croître
|
7-malheureusement Kfukfu ne les aime pas
8-elle se mit plutôt à les maltraiter
9-ce sont les enfants qui constituaient la main d'eouvre
ouvrière dans les champs de cette dernière
|
10-les enfants pleurent tout le temps en ces termes :
lorsqu'elle prépare le couscous, elle nous donne la croûte
11-Lorsqu'elle prépare les légumes, elle nous
donne les tiges
|
12-un jour un passant suivit cette mélodie et eut
pitié de ces enfants
13-elle réussit à convaincre Kfukfu de se rendre
au champ et de suivre la chanson
|
14-Kfukfu se mit à pleurer et regretta d'avoir
maltraiter ses neveux
|
15-l'enfant n'a pas de géniteur immuable
16-faire du bien à un enfant profite à toute une
société
|
Le thème de la mémoire est commun aux
péripéties de la première colonne. C'est, en effet, par le
souvenir que le conteur commence son texte. La maladie qui conduit à
la mort constitue la caractéristique commune aux éléments
mythémiques de la deuxième
colonne : « sachant qu'elle n'en a plus pour longtemps,
elle fait ses adieux à ses enfants ». La troisième
colonne du tableau a pour trait commun les recommandations. C'est en suivant
les recommandations de leur mère que les enfants pourront avoir un
toît ou passer le restant de leurs jours. Le thème de la
maltraitance qui est semblable au rejet caractérise la quatrième
colonne. La cinquième colonne est marquée par un même motif
qui est celui de la souffrance intérieure des enfants qui
n'arrêtent pas de pleurer sans cesse leur maman disparue.
L'avant-dernière colonne est réservée à la
pitié et à la compassion d'un passant qui, attristé par
les plaintes des enfants finit part avertir leur marâtre la
nommée Kfufku, tandis que la dernière est consacrée aux
regrets, car Kfukfu finit par se rendre compte que les enfants dont elle a tant
rejetés ne sont autres que ses neveux, donc les enfants de sa
défunte soeur. Au terme de cette partie de notre travail, on peut
conclure que les contes et les mythes en pidgin obéissent aux
méthodes d'analyse classique tout comme les autres genres. Passons
maintenant à la découverte de l'environnement mythique dans nos
différents récits.
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