11.2.3. ETUDES FA1TES SUR LA DETTE DES MENAGES ENVERS
UNE STRUCTURE DE SANTE
Pour montrer l'influence des difficultés
financiéres - précarité financiére liée aux
contraintes budgétaires des populations, le DSCRP montrent que les
études ponctuelles réalisées principalement au Sud Kivu
(Une région de l'est du Congo habituellement en proie aux conflits
armés), 24% de patients ont vendu leurs biens et 18% se sont
endettés pour faire face au cout des soins de
34 Ministere de la
santé publique du Cameroun, Strategies Sectorie lles du secteur
Sanitaire au Cameroun du Ministère de la sante pub
lique, 2002
35 · ·
Ministere du Plan et de la Reconstruction, 0p
cit
santé. Aussi, dans le Maniema, 30% de patients
ont vendu leurs biens et 15% se sont endettés pour faire face au coat
des soins de santé.36
Au Burundi, selon l'enquete menée par MSF
Belgique de novembre 2003 a janvier 2004 sur les soins des personnes
vulnérables, plus de 17% de la population ne se rend pas a une simple
consultation, principalement pour des raisons financieres (82% de ces malades
ne consultent pas par manque d'argent). A cela, il faut ajouter que parmi les
patients qui ont trouvé le moyen financier de payer la consultation,
certains (quelque 4.8%) n'ont pas l'argent nécessaire pour financer un
traitement ou seulement partiellement. 0r sans argent, pas de
médicaments.
Pour payer la consultation et se soigner, la majeure
partie des Burundais est contrainte de recourir a des moyens extremes, tel
l'endettement ou la vente d'un bien, les poussant dans une pauvreté
encore plus grande. Le recours a l'endettement auprés d'un centre de
santé est une pratique courante dans le pays. Les titulaires de ces
structures signalent d'ailleurs une forte augmentation des patients s'endettant
au niveau de leur centre. Les patients ont recourus a l'endettement aussi bien
a l'hospitalisation que pour une simple consultation ambulatoire, pour
lesquelles les sommes varient fortement.37
Depuis février 2002, le gouvernement burundais
méne une politique de recouvrement des coats, c'est a dire un
systéme oil le patient doit payer l'intégralité des coats
du traitement, ce qui inclut les médicaments ainsi que les examens et
les actes médicaux (100% du coat de base). Le gouvernement est
sensé intervenir uniquement dans le paiement des salaires du personnel
et dans le financement des infrastructures. A coté de ce systéme
majoritaire (prés de 5 millions de personnes sont concernées),
deux expériences ont été tenté par les 0NG, avec
l'appui du Ministére de la santé : un systéme de partage
des coats a 50%, c'est a dire un systéme oil le patient paie la
moitié du prix des médicaments, ainsi que les tests et les actes
médicaux. Ce systéme est uniquement appliqué dans la
province de Makamba, oil environ 220.000 personnes en
bénéficient. Une autre expérience tentée dans
certaines 0NG, dont Médecins sans Frontiéres, est l'application
d'un forfait. Le patient paie un
36 Idem
37 MSF/Belgique, Burundi, Op
cit
montant forfaitaire qui couvre le paiement de
médicaments, des actes médicaux et les tests de laboratoires.
Environ 525.000 personnes en bénéficient.
Mais par rapport a tout ce qui précéde,
le taux de brut de mortalité pour les trois groupes de population
investiguée est resté préoccupant dans tout le pays soit
1,2 ; 1,9 ; 1,6/10.000/jour. Ces taux sont supérieurs au seuil d'alerte
qui est de 1 décés /10.000/jour et indique une situation
inquiétante.
Le systéme de recouvrement de codts exclus
presque un million de personnes des soins de santé au Burundi. En effet,
avec un tel systéme, 17,4% des personnes malades n'ont pas accés
aux soins, essentiellement faute d'argent (pour 81,7% d'entre eux).
Me-me parmi les patients qui pensent e-tre gravement malades, 14,5%
ne vont pas a la consultation par manque d'argent (pour 90,7% d'entre eux).Les
malades ont tendance a attendre trop longtemps avant de se rendre a la
consultation, ce qui aggrave leur cas et pourrait en partie expliquer les taux
de mortalité trés élevés. En effet, dans le
systéme de recouvrement des codts, 36,2% des malades considérent
leur état de santé « peu grave N et ne consultent pas par
manque d'argent (pour 58,7% d'entre eux).Avec les deux autres systémes
de tarification qui allégent le fardeau financier pour le patient, le
taux d'exclusion reste non négligeable, puisque le systéme «
forfait N et « partage des couts N excluent respectivement 9,3 et 9,6% des
malades38
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