II.2.2. ETUDES FAITES SUR LES LIEUX Oa SE RENDENT LES
MALADES POUR LES SOINS
Assurer l'accessibilité des médicaments
pour les pauvres entraine des implications importantes. En effet, les pauvres
recourent a l'automédication plus que les riches. Le recours a
l'automédication compromet les bénéfices potentiels issus
de l'amélioration de l'accés aux médicaments pour les
pauvres. L'éducation a la santé et la construction d'une
confiance entre prescripteurs et patients, doivent accompagner toute politique
sanitaire pharmaceutique pour faire face a ces problémes.
Les efforts pour atteindre les pauvres sont louables et
méritent d'e-tre de plus en plus encouragés. Mais au me-me
moment il faut reconnaitre que, des
pauvres demeurent toujours exclus ; c'est le cas des
indigents dont la situation est de plus en plus prise en compte dans de
nombreux programmes en faveur des pauvres. En augmentant la demande de soins
des pauvres, l'état de santé de ceux-ci peut s'améliorer.
Selon la théorie du capital humain, cette amélioration de
l'état de santé peut se traduire par une amélioration de
la productivité du travail qui peut aussi avoir un effet positif sur le
développement par le canal de la croissance. L'enjeu de l'augmentation
de la demande de soins des pauvres est grand, aussi il est opportun de lui
accorder une importance capitale. 32
CIF-Santé a mené une enquête dite
« Enquête socio-économique et accessibilité aux soins
dans la province du Nord Kivu D et a aboutit aux conclusions telles que la
population continue de vivre dans des conditions difficiles loin en dessous du
seuil de pauvreté bien que le revenu moyen par jour par personne soit
passé de 0,16S(en 2003) a 0,33 en 2005 ; la santé constitue un
besoin prioritaire de la population : 44% des ménages ont vendu un bien
de valeur du ménage pour des raisons de santé au cours de 12
derniers mois ; en cas de maladies, les ménages recourent principalement
au centre de santé dans 42% de cas, a la pharmacie dans 28% de cas, au
dispensaire privé dans 8% de cas, au poste de santé dans 6% de
cas, a l'hôpital dans 5% de cas, a la médecine traditionnelle dans
3% de cas,... 33
Selon l' Enquête Camerounaise auprés des
ménages de 1996, seules 48% des personnes se déclarant malades
ont pu bénéficier d'une consultation. Au Cameroun, le taux de
mortalité infantile est allé en se dégradant, passant de
65 %o en 1991 a 77%o en 1998 et atteignant jusqu'a 86,9%o dans les zones
rurales. Dans le même temps, le taux d'accouchements assistés par
un personnel de santé est passé 63,8% en 1991 a 58,2% en 1998.
L'utilisation des services publics de soins curatifs qui était autour de
30% entre 1991 et 1992 est tombée a 15,2% aujourd'hui. Pourquoi si peu
de camerounais vont-ils a l'hôpital ? Même si
l'inaccessibilité géographique aux centres de santé, la
mauvaise qualité de l'accueil et des soins ou les raisons culturelles
entrent en
32 Dosseh A. D.
Université d'Auvergne (Cerdi), France - Master Professionnel " Economie
du développement dans les pays en développement et en transition,
Inédit, 2007
33 Novib et IPS/Nord Kivu, 0p cit
ligne de compte, il est indéniable que la
principale raison reste d'ordre économique.34
Dans le cas du paiement officieux, les pauvres sont
les plus touchés. En effet, ceux-ci dans le cas ou ils sont
amenés a payer pour ces paiements officieux en raison de la
gravité de la maladie s'appauvrissent de plus en plus ; ce qui peut par
la suite réduire leur demande de soins de santé en cas
d'épisode ultérieur de maladie. Dans la plupart des cas, les
ressources des pauvres sont telles qu'ils ne peuvent me-me pas payer pour ces
paiements officieux. La conséquence immédiate est qu'ils n'auront
recours aux soins de santé que dans des cas exceptionnels ; ce qui
aboutit a une réduction nette de la demande de soins pour les
pauvres.
Dans un souci d'équité, la plupart des
gouvernements ont décrété la gratuité des soins
pour les plus pauvres. En l'absence de mécanisme de compensation pour le
prestataire, les résultats de cette politique d'exemption ont
été décevants. Souffrant déjà d'un
sous-financement, les structures de santé ne peuvent se permettre
d'octroyer trop d'exemptions. Les pauvres, anticipant leur exclusion, retardent
leur recours a la structure de santé publique ou optent pour des
alternatives plus accessibles mais de moindre qualité. Il en
résulte une dégradation de leur statut sanitaire et
socio-économique. Sanitaire en raison d'un traitement tardif ou de
mauvaise qualité. Socio-économique en raison d'une spirale
d'endettement et de dépenses irrationnelles dans laquelle le
ménage est rapidement absorbé. Le cercle vicieux se referme : la
pauvreté devient une cause de mauvaise santé, qui
elle-me-me intensifie l'appauvrissement.35
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