L'armée dans la stabilisation politique d'un état: cas de la RDC( Télécharger le fichier original )par Anicet BOLONGI EKOTO NZOWU Université pédagogique nationale - Licence en sciences politiques 2009 |
2.3. La subordination de l'Armée au pouvoir civilLe principe fondamental de la subordination des Forces Armées au Pouvoir Civil ne se discuté nulle part. Ce principe de la subordination constitue en fait un principe d'abstention : il exprime l'idée que l'Armée instrument du pouvoir ne doit pas avoir des volontés politiques propres (d'où l'apolitisme de l'armée.) L'analyse des rapports entre l'Armée et le pouvoir au niveau d'un Etat se ramène à savoir si ce principe d'abstention est observé ou non. Au niveau du monde entier, ce problème des rapports entre l'Armée et le pouvoir doit être étudié sur deux plans : - L'armée en tant qu'instrument de contrainte qui peut agir ouvertement par la force ; - L'armée en tant que corps social capable d'intervenir dans la politique par des moyens légaux comme les autres groupes de pression. Dans tous les pays du monde, l'objectif suprême que défend l'armée, est l'intégrité du territoire nationale, la discipline et l'ordre ne sont que les moyens d'atteindre cet objectif suprême. Dans la plupart de pays du tiers-monde, l'idée nationale représente encore une préoccupation car ils sont menacés dans leur unité par les querelles ethniques et tribales. Par contre, au niveau des pays industrialisés, la réalité de la nation a perdu de son importance qu'elle n'est plus contestée depuis longtemps. Or, le peuple, revenue de ses erreurs nationaliste, cherche maintenant son épanouissement dans un cadre multinational. Les peuples évolués sont disciplinés et ordonnés. Ils sont attachés à la hiérarchie véritable, fondée sur la compétence et le diplôme et non sur l'ancienneté ou le grade. C'est ainsi qu'aucun gouvernement militaire durable ne saurait s'établir dans un pays développé. Pourtant, si le risque d'intervention ouverte de l'Armée dans la politique est rare, on ne peut prétendre que les pays industrialisés soient à l'abri de l'émmixtion des militaires dans la vie politique. Les fonctions traditionnelles de toute Armée ont toujours été le maintien de l'ordre et de la paix à l'intérieur d'un Etat ainsi que la défense des frontières nationale contre toute agression extérieure. Cependant au fil des temps, d'autres nouvelles fonctions se sont ajoutées à celle traditionnelles. L'Armée n'agit plus comme instrument de coercition (des contraintes), elle constitue par ailleurs un groupe de pression d'une espèce spéciale et très influent. Le problème de l'intervention des militaires dans la politique se situe sur deux plans : - Les relations entre l'Armée et le Pouvoir civil en temps de paix ; - Les relations entre l'Armée et le Pouvoir civil en
temps de a) L'Armée et le Pouvoir en temps de paixL'Armée a toujours cherché à maintenir l'autonomie de son univers clos. C'est l'Armée qui constitue un corps autonome dans la nation. Pendant longtemps, l'Armée a manifesté sa volonté de maintenir son autonomie fondamentale par rapport à la société civile. L'Armée est une société « aristocratique », elle constitue un monde où les valeurs démocratiques (liberté et égalité) n'entrent pas facilement. La démocratie a donc pour fondement la liberté et l'égalité des citoyens. Tout ce qui n'y est pas expressément défendu est permis ; nul ne peut être puni sans raison valable, et toute personne y peut librement parler, écrire,... Dans l'Armée par contre, la liberté n'y est pas la règle mais l'obéissance car la société militaire est gouvernée aristocratiquement, le principe n'y est pas l'égalité mais la hiérarchie. L'Armée constitue un univers clos. Pour atteindre cette autonomie, la société militaire devait donc se doter des infrastructures matérielles capables de la dispense au maximum de faire appel aux institutions de la société civile. C'est ainsi que l'Armée a crée ses propres hôpitaux et dispensaires avec ses propres médecins et infirmiers ; ses propres usines, ses propres écoles pour les cadres militaires et leurs enfants ; sur le plan spirituel l'Armée a eu ses propres chapelles et ses prêtres, et même son propre droit pénal, sa police et ses tribunaux répressifs. Dans d'autres domaines, l'Armée a eu, dans certains pays, ses propres fournisseurs, son journal et ses émissions radio-télévisées ; elle a eu même son propre drapeau comme en ex-URSS. Ainsi s'est formé, en marge de la société civile un univers militaire clos et complet. Nous pouvons ajouter que tout au long de l'histoire de la RDC l'Armée a toujours été du côté du pouvoir. Nous l'avons vu du temps de la période coloniale où la Force Publique oeuvrait pour le compte de la politique.
La mentalité de l'Armée n'a souvent pas été observée même en temps de paix par rapport à la politique. Ce fait pourrait être relevé même après l'indépendance. Le Groupement Spécial de Sécurité Présidentielle (GSSP) a toujours été au service personnel du Chef de l'Etat et ne répond que de lui seul. De même que la Division Spéciale Présidentielle (DSP) servait plus le Chef de l'Etat que l'ensemble du peuple zaïrois (l'Etat) de l'époque. Le même cas peut être signalé en ce qui concerne la Grade Civile de l'époque de la seconde République qui elle aussi était pour le service personnel du Président de la République, Maréchal MOBUTU. * 1 C.T. LUSHIKU BULOJI, Op. cit. |
|