II-3 LES MATERIAUX AUTORISES
Tenant compte des tabous d'Ikelimalaza,
d'après ce que nous avons évoqué
précédemment, on ne pouvait jamais ériger des maisons
qu'avec des matériaux vivants. En effet, même dans les jours
favorables pour évoquer ce sampy, il fallut choisir les «
andro velona » (littéralement jours vivants) pour que les
demandes soient exaucées. Dans toutes ses constructions, nos
ancêtres avaient toujours et uniquement utilisés des
matériaux vivants. Puisque la pierre était interdite par des lois
royales, ils utilisaient des matières végétales pour
toutes constructions. La plus fréquente des ces dernières
était le bois, ensuite, il y a le jonc...Cette utilisation de
matière exclusive nous positionne dans ce qu'appelle
Domenichini-Ramiaramanana (B.) « Civilisation du végétal
»1 ; qui, en fait, dessine l'identité culturelle des
Malagasy d'hier. On observait fréquemment des trano kotona,
faites avec des madriers, type commun de l'habitation merina au XIXe
siècle ou également des trano sarendry. On peut citer
par exemple la case du roi Andrianampoinimerina, les besakana des
palais d'Ambohimanga et de Manjakamiadana ou celui de Radama II sis à
Ilafy. Notons que c'était aux temps d'Andrianampoinimerina que
l'architecture en bois s'était développée. La construction
de maison en bois a commencé, selon Belrose Huygues2avec ce
roi qui forma des charpentiers et désigna des chefs pour les commander.
Il y avait également des cases du peuple dont l'intérieur
était couvert d'un enduit ; une mixture de chaux et de bouse de vache,
parfois tapissé de nattes de jonc3.Ces maisons avaient tous
à peu près les mêmes formes. Les toits de ces maisons
étaient soient des chaumes soient des planches minces en forme de tuile
qui sont appelés des bardeaux4.Tout cela montraient
déjà une très grande capacité créatrice de
nos ancêtre qui montre leurs savoir faire avec les matériaux de la
nature et des inventions techniques étonnantes. L'auteur de l'article
« architecture dans les traditions des hautes terres centrales »
affirme même que le sens étymologique du terme « architecte
» veut dire patronmaître des ouvriers du bois. On peut dire alors
que les Malagasy d'hier étaient de véritables architectes. Bien
avant l'arrivée des étrangers, ils avaient déjà
certaines connaissances sur ce qu'était construire,
1 Architecture dans la tradition des hautes terres
centrales in Bulletin de l'Académie Nationale des Arts,
Lettres et Sciences Tome 71/1-2 1993
2 « Un exemple de syncrétisme esthétique
du XIXe siècle » in Omaly sy Anio
1975(1-2)
3 Histoire de Madagascar BASTIAN (G.)-GROISON (H.), p
69, Paris 1967
4 « Architecture traditionnelle à Madagascar : reflet
de l'identité d'un peuple », article de RAFOLO A. in Madagascar
fenêtre décembre 2002 pp100-116
l'art de bâtir, d'aménager leur terres
d'occupations. Certes, ils étaient de vrais architectes doués de
multiples talents. Cependant toutes ces constructions, puisqu'elles avaient
tous comme matières première des végétaux,
n'avaient que de courte durée d'existence. En effet, ces constructions
qui devraient être des témoins visibles de notre passée
sont dans la plupart des cas incapables de traverser des siècles.
Attaquées par des insectes (termites par exemple), et par les
pourritures et souvent aussi par des incendies, ces constructions succombent et
réduites à néant. C'est seulement à partir de
récits et histoires écrites qu'on peut connaître que tels
ou tels types de constructions, de tels bâtiments ont existé
auparavant. Seules quelques constructions ont réussi à voyager
dans le temps en Imerina, ils ont quand même reçus
quelques touches de réhabilitations en gardant toujours les formes
originelles. A l'exemple, ce que nous avons prit auparavant, le
Besakana et le Mahitsielafanjaka d'Andrianampoinimerina et le
Lapa de Radama II .Ces types de constructions et l'utilisation des
végétaux étaient rencontrées presque partout dans
l'île. D'après Decary1, à Madagascar, il existe
des habitations tribales dont les aspects et les modes de constructions varient
tout en respectant certaines règles générales d'ordre
technique ou rituel avec les conditions physiques extérieures et la
nature des matériaux. Ce sont en général des
végétaux surtout dans les régions côtières.
L'habitation humaine est conditionnée par les caractères naturels
du pays. Le sol ; le climat et autres facteurs jouent des rôles
cruciales. Les maisons doivent s'adaptées au pays comme s'y adaptent les
habitants.
A part le fait que certaines matériaux de construction
n'étaient pas autorisés à savoir la pierre et quelques
végétaux (vintanina ; amontana : attirant la
foudre, valimpangady ; lambinana qui sont
réservés aux morts...)2, il y avait également
eu une autre raison majeure dans le choix de matériaux de construction.
Nous savons tous que le nom de la capitale était autrefois (retenu
jusqu'à aujourd'hui) Analamanga (la forêt bleu).Ce nom
nous donne une impression qu'à une époque, cette ville
était couverte d'arbre. La population locale de ces temps avait donc une
matière vraiment à proximité. Parce que la matière
qui domine et qui existe le plus était le bois, ceci devait être
plus utiles par tous pour construire. Il ne fallait pas aller loin pour
chercher de quoi construire.
Nos ancêtres savaient parfaitement utilisés cette
matière bois dans la construction de leurs habitations. Ils n'avaient
pas seulement fiés à leurs capacités créatrices
pour les érections. Pour eux et pas moins pour nous, toutes
constructions sont toujours liées, selon Ratsimiebo3 aux
destins zodiacaux (vintana).Il ajoute également que nulle ne
construisaient qu'avec leurs sampy protecteurs. Toutes constructions
avaient un sens et une signification bien définie et représente
des fonctions symboliques.
1 In « Contribution à l'étude de l'habitat
à Madagascar », imprimerie Marri poney Jeune, 2 place de la
libération 1958 p3
2 In « Tantara ny andriana eto Madagascar » RP
CALLET cité par DECARY dans « Contribution à
l'étude de l'habitat à Madagascar » p 10
3 La cité des mille, CITE- TSIPIKA, ISBN 1998,
p33.
Si on parle techniques de construction, on peut dire que les
Malagasy en avaient. En effet, voyant les cases qui ont pu
résistées et réussies à traverser des
siècles et des siècles, on peu dire que les
créativités et l'imagination étaient présentes.
Nous pourrons nous demander comment les ouvriers de ces époques avaient
fait pour transporter le mat grandiose qui se trouve au centre de la case
besakana d'Andrianampoinimerina... ou pour le dresser ? Il a fallu
certes beaucoup de monde pour cela et avec une technique bien définie
.Cet art de bâtir, d'aménager l'espace ;nous pouvons affirmer que
nos ancêtres les avaient déjà puisqu'il savaient en ces
temps qu'il fallait construire sur les hauteurs (collines et sommets ).Ce choix
pour pouvoir guetter l'ennemie mais surtout pour éviter les inondations
et les montées des eaux et que les bas fonds étaient faites pour
les cultures. Ils avaient comme matière vraiment à
proximité le bois et ils en pouvaient user bon leur semblent de cette
matière. Cette usage du bois comme matière première fait
que toutes les cases même celui des souverains1 étaient
en bois et avaient toutes à peu près les mêmes formes et
orientations. Ces formes et architectures représentaient en fait
l'identité de ce peuple.
De même dans les architectures funéraires, nos
ancêtres savaient utiliser le matériau pierre qui était
attribuée exclusivement pour ce domaine bien avant l'arrivée des
Européens. D'après Lebras2, il y avait des styles
prélabordiens tels les rochers aménagés, les types
à gradins, les sépultures indéterminées, la
sépulture royale...Autant de savoir faire liés à la
matière.
Des influences venues de l'étranger s'observaient quand
Radama I ouvrait la porte aux Français et les Britannique. La
coopération apportait des fruits au bénéfice des Malagasy.
On peut prendre pour exemple les jeunes Malagasy envoyés en Angleterre
pour y apprendre l'artisanat et d'autres la musique3 à
l'île Maurice. Nombreux développements étaient
apportés par ces étrangers. Premièrement la mise en place
d'une armée. Deuxièmement des progrès spirituels et
intellectuel par l'entrée de l'écriture et la première
école et aussi la traduction de la bible en langue malagasy. Enfin,
troisièmement, des progrès de l'artisanat, de la forge et de la
bijouterie, de la charpenterie et maçonnerie(le commencement du
remplacement de la toiture en herana en bois).Sous le règne de
Ranavalona I, cette coopération s'était affaiblie. Vu que
c'était une reine conservatrice, elle considérait les
vazaha comme des « diables ».Ils étaient même
chassés du territoire4. Radama II, quant à lui
essayait de réouvrir à nouveau les portes de Madagascar aux
étrangers. Ce souverain accordait
1 En différence avec celles du peuple, les maisons des
souverains étaient en planche et pourvues de cornes « tandro-trano
»
2 LEBRAS op. Cit
3 Neuf jeunes garçons pour les artisanats et huit pour la
musique in « Tantaran'i Madagasikara isam-paritra »
RANDRIAMAMONJY (F.) 2006 p 505
4 Départ de tous les étrangers au mois de juin
1836. A partir de la, le christianisme était interdit et il y avait des
terribles persécutions à l'encontre de ceux qui s'opposaient aux
dires de la reine. RANDRIAMAMONJY (F.) op. Cit p517
beaucoup de faveur aux Français1. La
coopération avec les britannique n'était pas vraiment visible
durant le court règne de ce roi mais les sites (quatre) pour les futures
églises commémoratives étaient obtenues sous son
règne.
Rasoherina quant à elle renouvelait les
coopérations avec les étrangers et commençait
également à travaillait avec les Américains. Deux figures
sont à retenir dans l'Histoire des innovations des constructions et de
l'architecture en Imerina et même dans d'autres régions
de l'île. Cameron (J.) (Ingahikama) était parmi les
missionnaires les plus importants. Il arrivait dans la capitale le 6 septembre
18262. Il y avait aussi le Français Laborde (J.) (Sous
Ranavalona I).C'était cet homme qui concevait le palais royal en bois.
Il avait pour la première fois construit des fonderies pour la
fabrication de fusils à Ilafy. Il construisait également le
haut-fourneau à Mantasoa pour le fer et l'acier transformés en
fusils, en canons et épées... Celui ci apportait des innovations
dans la construction de tombeaux3 avec des pierres équarries
des arcades et balustrades et divers décorations (de plusieurs hauts
personnages Malagasy comme celui de Rainiharo...)
Ce qui marquait le plus l'Histoire du royaume malagasy
c'était l'arrivée au pouvoir de Ranavalona II. Nous allons par la
suite voir les changements culturels apportés par cette reine.
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