I-5-2 Lieu du « Dina » ou du « Velirano
»
Il existe beaucoup de pierres débout dans l'Ankay. Ces
monuments présentent les différents aspects de l'Histoire de
cette localité et également les formes de la vie de sa
population. L'alliance avait pour les anciens une importance cruciale.
Même s'il n'existait aucun lien de parenté entre deux individus,
ils avaient quelque chose de commun et se comportaient comme de vrais
consanguins. Ils avaient consolidé leur lien par le
Fatidrà. Afin de préserver ce Fihavanana, ils
construisaient un Orimbato qui témoignaient les pactes à
respecter (« Velirano natao am-pasambazimba ka izay mivadika kely ila
»).Ces pierres se groupaient également et s'alignaient. On
appelait ces gens des Mpiray Saotra .Il y a également le
Vato Filahoana. Ce type, avec association de grosses et de petites
pierres, a la même fonction que le Tatao que nous avons
évoqué pour le cas du Betsileo. En effet, c'est là qu'une
personne se met débout pour prier et demander les
bénédictions de ses ancêtres et ses dieux. On a enfin le
Vato natsangana qui est dédié à des personnes
célèbres. Beaucoup d'entre eux portent de noms dans l'Ankay.
Beaucoup de Malagasy croient que les pierres au dessus des
tombeaux de Vazimba sont sacrées et ont des pouvoirs d'exaucer
des voeux. Certaines personnes viennent même offrir des sacrifices tels
un coq rouge ou un mouton. On éparpillait le sang des offrandes sur les
pierres1. Des fois, on les enduisait d'huile lorsque les
prières ont été exaucées : « Vato
nahitàna soa aza hosora-menaka » (litt. On oint une pierre
bienfaisante)
Photo 5
Un autre exemple de Vatolahy qui était dit-on
à l'origine du nom du village Ambatomitsangana à
Talatavolonondry (RN3)
1DELAHAIGUE-PEUX affirmait, dans son livre
intitulé Manjakamiadana 1996, p84 que par la « pierre
les souverains affirmaient leurs droits : parce qu'ils ne savaient par
écrire, les rois d'autrefois firent des pierres leurs titres
d'héritage, un titre durable et qui ne serait jamais détruit
.Cette pierre sainte était une pierre polie, taillée et
enfoncée profondément sur laquelle on rependait le sang d'un
boeuf [..j et devant laquelle le roi invoquait les Dieux, le créateur et
les ancêtres ».
I-5-3 La pierre dans les jeux
Les enfants Malagasy d'autrefois avaient des jeux qui leur
servaient de passe-temps quand ils gardaient les animaux ou quand venait le
soir (diavolana) .En effet, la société ancienne avait
différents jeux qui leur étaient propres. A l'aide de l'argile
par exemple, les garçons façonnaient des petits zébus :
kiombiomby. Avec de la bouse de zébu sèche et du
fandrotrarana (herbe) on creuse un trou sous terre et on obtenait
l'amponga tany.
Concernant la matière pierre, elle occupait
également une autre place dans les jeux et divertissements. En effet,
des jeux malgaches anciens montraient l'utilisation de la pierre. Le
Tanisa, un jeu qui consiste à jongler au moins deux pierres,
par exemple, était l'un qui figurait parmi les jeux de
l'Imerina1.Il y a aussi le Tsobato, exclusivement
pour les filles, avec cinq petites pierres au moins, il consiste à
savoir les jongler afin d'accumuler des points. Les Fanorona et les
Katro employaient également des pierres comme pions. Les
fillettes quand à elles, utilisaient (certaines encore l'utilise
actuellement) des morceaux de pierres personnifiées pour des
Tantara pour imiter ou reproduire des scènes de la vie
quotidienne.
La pierre était vraiment liée à la
civilisation malagasy. Ceci est visible dans beaucoup de situations dans le
quotidien de nos ancêtres. Les Malagasy d'autrefois accordaient une place
importante aux différents éléments de leur nature et de
leur environnement. Cette importance est prouvée par l'idée de
Manan-jina ou de Misy tsininy (qui sont sacrés).
Beaucoup d'endroits à travers la grande île par exemple, ont leurs
tabous, des interdits qui ne devaient et ne doivent en aucun cas être
profanés ou transgressés. Les Malagasy savaient parfaitement
associer les « matériaux » de leur entourage avec les cultes
et les besoins nécessaires aux quotidiens. Prévenant les attaques
et agressions venant de l'extérieur et pour protéger le peuple,
on construisait des fossés et des murs pourvus de portails avec des
disques de pierres ; on érigeait des pierres dans les fondations de
village, marquages de territoire ou bien dans les jeux des enfants. On peut
donc en conclure que la pierre était utilisée presque dans toutes
les facettes de la vie quotidienne des anciens. Certes, la pierre était
vraiment liée à notre civilisation par sa présence dans le
quotidien des Malagasy d'hier. Cependant, il existait quand même des
limites du fait qu'elle était liée à un interdit. Nous
allons par la suite essayer de donner des explications sur cet interdit.
1 « Tanisa, tanisa, lalaon'Imerina... »
Extrait de la parole de la chanson de NALY (J.)
CHAPITRE II L `INTERDIT DE LA PIERRE EN IMERINA DEPUIS
ANDRIANAMPOINIMERINA A RANAVALONA II
Les Malagasy d'autrefois, bien avant l'entrée du
christianisme, avaient leurs croyances1.En effet, ils croyaient
à des « forces surnaturelles »supérieures à eux
et qui peuvent être bénéfiques ou maléfiques par
rapport aux actes et comportements de chacun. Nos ancêtres respectaient
l'espace qu'ils considéraient comme sacré2.Beaucoup de
lieux, du fait de cette force invisible ont été
spécialement choisit pour les objets divinisés. Nous pouvons
citer comme exemple la construction et l'orientation d'une maison, son
emplacement par rapport au caveau...Il y a également les animaux
interdits tels le porc (fady ho an'ny andriana, sy ny vazimba), le
chien (tabous à Vohipeno)3 et bien d'autres.
Considéré comme sacré, un objet, un endroit ou une place,
afin de conserver sa sacralité, avait et certains continuent d'avoir des
interdits. Ces tabous ne peuvent en aucun cas être profanés. Les
anciens croyaient qu'il arriverait malheurs à ceux qui osaient
enfreindre ces interdits. Les souverains Malagasy avaient également
leurs « dieux », les sampy royales qui assuraient des
rôles importants dans le royaume tout entier et
vénérés par le peuple (ambanilanitra).
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