I-5 AUTRES UTILISATIONS DE LA PIERRE
I-5-1 Marque du pouvoir, du territoire et de la
collectivité
Le Vatomasina (pierre sacrée) jouait un
rôle crucial dans les anciennes sociétés Malagasy, du point
de vue de la gouvernance. En effet, à chaque fois qu'un souverain meurt
il y avait toujours quelqu'un qui la succédait. Celle ou celui qui
accédait au trône devait se montrer au peuple lors du «
Fisehoana ». Il (ou elle) devait monter sur le
vatomasina et prononcer le discours royal. Cette action était
vraiment nécessaire car elle montrait au peuple que le nouveau roi (ou
reine) prenait les pleins pouvoirs. Le peuple tout entier lui devait
obéissance et toutes les terres lui appartenaient ainsi que certains
animaux domestiques (Omby mazava loha-Volavita).En Imerina et
ailleurs, selon Rasoarifetra3, interviewée par une des
presses locales, la pierre sacrée (vatomasina) jouait un
rôle crucial dans la construction d'une société. En effet,
ce chercheur affirmait que : « c'était une coutume en
Imerina et partout dans la grande île ; quand on construisait un
village, que le roi déposait une pierre montrant que la terre et le
pouvoir lui appartenaient ».Cette coutume héritée des
Indonésiens était, selon elle, transmise depuis bien avant le
règne d'Andrianjaka (1610-1630).Certaines informations affirment que
c'était au XIVe siècle que cette tradition
était instaurée à Madagascar.
1 In Transformation de l'architecture funéraire en
Imerina
2 In Histoire de Madagascar
3 Journal Ao raha paru le 16
février 2010 numéro 1352 Article écrit par
ANDRIANTSIFERANARIVO (B.) p 4 rubrique Société-
Recherches récentes que RASOARIFETRA (B.) avait faites à propos
du palais de la reine à Manjakamiadana pour l'obtention du Doctorat.
Cette manifestation du pouvoir par la pierre était
également visible ailleurs. Dans le pays Betsileo, le roi Andriamanalina
du Lalangina (1750-1780) fonda le royaume d'Isandra et groupait, par la force,
par la diplomatie ou par ruse les fiefs indépendants du Betsileo sous
son autorité. Ce roi marquait tous ses territoires et son
autorité par des Vatolahy1. Les pierres
levées symbolisent également d'autres situations. En effet,
d'après Randrianandrasana2, les Vatolahy
commémorent la fondation d'un village. Tout en l'érigeant, on se
souvient de la date de la création mais aussi l'événement
qui se sont déroulés durant cette fondation. Les pierres
débout peuvent être également des témoins de la
solidarité de la population. En effet, ériger une pierre d'une
taille monumentale qu'étaient certaines pierres levées
n'était en aucune manière chose facile. De telles
érections avaient forcement besoin de beaucoup de mains d'oeuvres que ce
soit dans le transport ou bien dans l'érection proprement dite. Il y a
même un village appelé Ambatonaorina (Fandriana) dans le
Betsileo du nord dédié aux 150 hommes de Sahamadio pour leurs
collectivités. La solidarité de ceux qui avaient
érigé les pierres levées était donc prouvée
par les pierres elles-mêmes. Tous ces monuments sont des preuves
concrètes de notre passé et font partie de ce qui forme notre
Histoire. L'érection de pierres levées ne se limitait pas
seulement dans la commémoration d'événements ou de
personnes. Il y a aussi, par exemple, le Vatolahy érigé
sur le lieu de passage de Ranavalona II à Amoron'i Mania. D'autres
formes d'utilité de la pierre existent également.
Berthier3, évoque que les Tatao, des amas de pierre
dressée en des points levés ou des croisements de routes,
seraient élevés à la demande d'une personne, lorsque cette
dernière était encore envie. Ceci permettait à ceux qui
l'honoreraient après sa mort de voir leurs voeux exaucés.
Les ancêtres ne meurent pas, pour les Malagasy, ils
continuent à vivre dans l'au-delà. C'est seulement après
l'exhumation que le défunt deviendra Razana. Mais il passe
à de différents stades avant d'en arriver là. Après
la mort, il y a le stade où on l'appelle revenant (angatra),
l'esprit est encore errant. En attendant son exhumation, le revenant se
transforme en Avelo ou Ambiroa. Dans l'Ankay (Bezanozano),
beaucoup de personnes croyaient et continuent à croire que les vivants
ont le devoir d'ériger des pierres levées pour les morts. Ceci
pour que ces derniers aient leurs « Zara tokontany 4» afin
qu'ils n'errent partout. Les Tsangambato dans cette localité,
pour certaines familles sont groupés en un seul endroit. Ceux dont le
corps n'a pu être rapatrié à leur Tanindrazana ont
également des pierres levées avec celles de la famille. Dans
d'autres régions, il y avait également d'autres types
d'utilisation de la pierre.
1 In Histoire de Madagascar - les pierres levées
de ces époques ressemblent donc aux bornes posées par le service
des domaines actuelles marquants la propriété d'une personne ou
d'un groupe de personne. Pp 38-39.
2 In Les Vatolahy dans le Fisakana pp
20-29(mémoire de maitrise ès Lettres 2008).
3 In Transformation de l'architecture funéraire en
Imerina LEBRAS p116.
4 Tantaran'i Madagasikara isam-paritra RANDRIAMAMONJY
(F.)
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