CONCLUSION
Les matières végétales
caractérisaient l'architecture traditionnelle malagasy. Nos
ancêtres développaient un art de construire adapté au
climat, aux matériaux et aux styles de vie. Le quotidien des Malagasy
est régi par le culte des ancêtres. L'aménagement de
l'habitat était donc soumis à des règles strictes en
respect des ancêtres ainsi que des sampy, dieux visibles de ces
époques. L'usage de la pierre dans la construction d'habitation y
était prohibé du fait de son caractère. Cependant, ce
matériau occupait une place considérable dans divers domaines de
la vie des Malagasy. Nos ancêtres avaient des connaissances rudimentaires
concernant le travail de la pierre. La montée au pouvoir de Ranavalona
II révolutionnait la société merina. Se déclarant
chrétienne, elle rejeta les croyances de ses ancêtres en brulant
tous les charmes royaux, tout en autorisant les vazaha à
instaurer leur religion et à édifier des foyers de culte. Ces
édifices cultuels, en l'occurrence Tranovato, témoignent
la foi des chrétiens malagasy. Les temples commémoratifs
attiraient la haute société. Ils intègrent les martyrs au
coeur de l'Histoire malagasy et contribuent à faire des
persécutions l'un des chapitres les mieux fixés dans la tradition
merina. Ils sont également des preuves concrètes de
savoir faire technique apporté par les missionnaires-architectes
britannique, assimilé par les ouvriers malagasy. De nouvelles
techniques et arts de bâtir étaient enseignés à un
autre groupe bien déterminé1. En effet, à un
certain moment, cet art de bâtir était un privilège
exclusif de ceux qui avaient été choisis. Le bois était
une certaine marque d'appartenance à un groupe social
élevé2. Cette pratique mettant en relief le rang
social était consacrée par le roi3. Nous pouvons
affirmer l'assimilation de gré de certaines cultures européennes,
une acculturation4. Ce travail nous a permis de recueillir des
informations sur les faces cachées des Memorial Churches. Cette
initiation à la recherche nous a aidés à mieux comprendre
les relations de l'Homme à la matière. Les quatre édifices
cultuels sont les expressions des techniques et savoir faire des ouvriers
Malagasy, initiés par les missionnaires-architectes britannique. On ne
saurait citer les bienfaits apportés par les Européens tels les
Français Laborde (J.) ou bien Gros (L.) et les Jésuites ou bien
les Britannique comme Cameron (J.), Sibree (J.) et tant d'autres en
Imerina. Le domaine de la technique et de l'architecture avaient connu
des révolutions phénoménales. Ces dernières
caractérisaient le XIXe siècle en Imerina.
Cette influence avait malheureusement aboutie à l'abandon à petit
feu, voire même, au rejet total de l'art de bâtir et de certaines
cultures locales. Les Temples
1 Depuis des temps mémoriaux et jusqu'à RADAMA
I, l'art de bâtir était l'apanage d'un groupe assez restreint.
Cette élite Malgache, proche parenté du roi, bâtissant
selon des critères qui empruntaient surtout l'art divinatoire sans
aucune fantaisie. Les habitats étaient alors fidèles
répliques de son voisin. In Antananarivo Renivohitra : Etude du
patrimoine architectural urbain.
2 In La cité des mille p66
3 En l'occurrence ANDRIANAMPOINIMERINA qui réglementait
également toutes la construction sur la haute ville ; la division des
quartiers et l'interdiction d'employer la terre et la pierre pour les cases des
nobles
4 Processus par lequel un groupe humain ou un individu en contact
direct et continu avec un autre groupe, assimile de gré ou de force,
totalement ou non la culture de ce dernier
commémoratifs se dressaient désormais tels des
Tsangambato en souvenirs matériels et esthétiques
marquant les événements de la foi chrétienne
malagasy. Ils devenaient les nouveaux lieux sacrés des
Malagasy. Ces édifices cultuels prouvent également les
échanges et la participation des Européens dans le
développement de l'art de bâtir malagasy. Ils
témoignent alors les techniques et savoir faire des
ouvriers Malagasy enseignés par les Européens.
Déjà inscrits dans la liste des patrimoines nationaux,
iifaudrait prendre des mesures très strictes afin de mieux
préserver ces monuments qui témoignent notre
Histoire, donc l'une des bases fondamentales de l'implantation
définitive du christianisme en Imerina. Des bâtis qui
sont devenus une des composantes citées par Collet (H.) qui
façonnent notre nouvelle identité culturelle. Face au
développement de l'architecture et des techniques de construction
actuelles, quelle place ces monuments en pierre occupent t-ils de nos jours ?
Quelles mesures devra t-on donc prendre pour la valorisation et la protection
de ces sites témoins de notre Histoire et de la révolution
architecturale malagasy du XIXe siècle ?
|