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Etudes de la pierre de taille à  travers les temples commémoratifs d'Antananarivo: essai d'ethnologie des techniques

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par Haja Mampionona Hillarion RAJERISON
Université d'Antananarivo- FLSH- Etudes Culturelles- Madagascar - Maitrise 2011
  

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VII- 4 VALEURS PATRIMONIALES

Durant plusieurs siècles, les souverains qui se succédaient en Imerina, bien avant l'arrivée de l'écriture utilisaient la pierre à titre de patrimoine. « Parce qu'ils ne savaient pas écrire, les rois d'autrefois firent des pierres leur titre d'héritage, un titre durable et qui ne serait jamais détruit »4. Comme héritage, donc, les rois et reines léguaient à leurs descendants des patrimoines traversant des générations. Aussi, la pierre jouait déjà le rôle d'héritage par son caractère.

1 Tantaran'ny Tranovato anatirova : « Ranavalona I nandrara izany- fampirafesana fivavahana ary koa fivavahana amin'ny razam-bazaha »

2 DELAHAIGUE-PEUX op.cit.

3 Annales de l'Université de Madagascar, série Sciences Humaines, n° 11, 1970

4 DELAHAIGUE-PEUX op. Cit. 1996

Les habitations en bois quant à elles, représentent incontestablement des patrimoines à valeurs inestimables même si il n'existe plus que peu (du fait que ces dernières se construisaient avec des matériaux biodégradables. Avec le temps et le climat, ces matériaux s'usent et pourrissent. Besakana d'Andrianampoinimerina par exemple en est une qui reste encore débout en ce moment). En effet, ces bâtis reflètent en un coté, l'identité du peuple malagasy du passé. Considérée comme une « civilisation du végétal », nos ancêtres montraient avec leurs constructions des techniques propres à eux, un savoir faire sans égal.

La construction européenne, face à ce qui existait auparavant, forment également une nouvelle identité orientée vers une construction faisant appel à un matériau qui n'avait jamais été utilisé que pour édifier la demeure des morts. Avec les temples commémoratifs, de nouveaux styles de construction apparaissaient dans la capitale. Par l'idée d'Ellis et avec la participation active des ingénieursarchitectes non moins révérends Britannique tels que Cameron- Sibree-Pool ; des ouvriers Malagasy, le visage de la capitale, surtout la colline changeait complètement. Des églises avec leur lourde silhouette garnissaient la ville haute. Une nouvelle forme d'architecture voyait le jour en Imerina.

Les Britannique, pour que la construction aille au mieux, formaient des artisans Malagasy pour pouvoir bien travailler la pierre. Puisque les anciens Malagasy n'avaient jamais osé utiliser ce matériau pour les habitations, même s'ils possédaient un peu de notion sur l'extraction de la pierre, on leur a appris de nouvelles techniques. Des techniques sur l'extraction (utilisation de la dynamite) ; le transport ; l'élévation ; la taille (en l'occurrence la stéréotomie) ; l'assemblage ; la sculpture et autres décorations de cette matière étaient soigneusement assimilés. Ainsi, les connaissances et le savoir-faire des artisans locaux se développaient. L'introduction de nouveau style de construction avec une matière jamais utilisée, influençaient le domaine du bâti en Imerina. D'autre part, ces édifices religieux occupent également des places non négligeables dans l'Histoire merina. Les persécutions, à l'origine des fondations, étaient « Un des chapitres les mieux fixés dans la tradition merina 1». Témoins de la foi chrétienne, les temples commémoratifs favorisaient l'intégration des martyrs dans le centre même de l'Histoire de l'Imerina, mais également des Malagasy. Leur implantation manifestait aussi l'implantation définitive de la religion chrétienne dans la capitale. L'unité architecturale de la ville haute annonçait l'approche de la conversion royale.

Ces monuments en pierre montraient également la volonté aussi bien de la souveraine que du peuple d'adopter un nouveau culte et de supprimer ce qui existait auparavant.

Edifiés sur les sites de condamnation des Martyrs, les temples commémoratifs rappellent et témoignent la ténacité et l'enracinement de la foi chrétienne en Imerina. D'autre part, les nouvelles techniques et

1 Annales de l'Université de Madagascar, série Sciences Humaines, n° 11, 1970 RAISON-JOURDE (F.)

savoir-faire ont été apportés par les Britannique avec comme matériau de construction principale la pierre. Ces édifices religieux montraient également la conversion massive du royaume au christianisme et le passage de la secte à l'église1. Aussi, ces Memorial Churches constituent des lieux de mémoire et des mémoires de lieux. Les églises commémoratives constituent de nouvelles références Historiquesreligieuses et culturelles. Le fait de leur présence montrait la nouvelle tournure de l'Histoire merina. Ces monuments de pierre sont des héritages matériels et culturels pour les générations futures. Ils constituent une nouvelle identité et une partie intégrante non effaçable du passé de l'Imerina.

Vues toutes ces valeurs aussi bien Historiques, culturelles que religieuses, les quatre temples commémoratifs avaient déjà bénéficié, avec les autorités nationales de la première république un classement de l'ordre des « Monuments du Patrimoine National » en 19622, suivant l'arrêté N° 203 du 22 janvier promulgué par le Ministère chargé de la protection et de la Préservation du Patrimoine National.

Témoins de la foi chrétienne et des nouveaux savoir faire techniques, les quatre temples commémoratifs constituent de véritables trésors du patrimoine architectural en pierre d'Antananarivo. Par ces monuments, une nouvelle identité et de nouvelles valeurs apparaissaient. La population locale avait une nouvelle perception de la matière pierre. Dans le prochain chapitre nous allons parler de la perception qu'avait le peuple et leurs concepteurs vis-à-vis de ces monuments de pierre.

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