VII- 3 VALEURS RELIGIEUSES
La société malagasy ancienne était
fondée sur le culte des ancêtres. Ils croyaient à des
forces surnaturelles ; honoraient leurs ancêtres. En ce qui concerne la
pierre, elle occupait une place vraiment cruciale dans cette
société d'antan. En effet, ce matériau était
réservé exclusivement à la demeure et à la
commémoration des morts. En outre, la pierre était
également le lieu sur laquelle le nouveau roi (ou reine) se
plaçait lors de son intronisation. Parmi les pierres sacrées la
plus connue à Antananarivo était celle d'Andohalo. La
montée du nouveau souverain sur le vatomasina symbolisait le
fait que ce roi (ou reine) prenait le plein pouvoir. Aussi, le peuple lui
devait obéissance, tout lui appartenait (terres et quelques animaux
comme l'Omby volavita). Des rituels se déroulaient
également sur cette pierre. Le roi y invoquait les dieux
créateurs et les ancêtres pour avoir leur
bénédiction. Des sacrifices accompagnaient ces
événements. Ainsi, la pierre tenait des fonctions symboliques
importantes dans la société traditionnelle malagasy. On
voit par tous ces faits cités la conception religieuse des anciens
Malagasy. Rendre hommage aux dieux et aux ancêtres leur était
vraiment essentiel.
Mais même si la pierre avait de telles importances pour
nos aïeux, il existait des contraintes et des limites pour son
utilisation. Les sampy, considérés comme des dieux
protecteurs interdisaient toute construction d'habitation en pierre dans
l'enceinte de la cité. Les Fady devaient être
respectés pour la bonne marche de la société. Les
sampy avaient droit également à des offrandes puisqu'ils
étaient les « dieux ». Aussi, la pierre était interdite
pour les sampy étant donné leurs caractéristiques
inertes, froide et sans vie. Les sampy et la pierre n'allaient jamais
ensemble. Le souverain ainsi que son peuple avaient une autre conception du
matériau pierre, ici. Il était, comme tels autres aliments et
animaux, interdit. Son usage entrainait des conséquences
maléfiques car les sampy détenaient des pouvoirs ; des
caractères divins leur étaient attribués.
Avec les Britannique et les constructions, la pierre prenait
de nouvelles valeurs. En effet, dès 1831, début de la
construction du temple d'Ambatonakanga, l'utilisation de ce matériau
changeait complètement. Un nouveau culte orienté vers un nouveau
dieu faisait son apparition. La présence des temples
commémoratifs était une preuve du fait que la croyance
n'était plus concentrée sur un seul
pôle. En effet, on sait bien que Ranavalona I, pendant
son règne interdisait la pratique du christianisme1. Avec
Radama II, la liberté religieuse s'instaurait de nouveau. Mais ce qui va
marquer la royauté merina ce sera l'avènement de Ranavalona II.
Se déclarant chrétienne, cette reine prenait des décisions
bouleversant le cours de l'Histoire. Le passage du bois à la pierre par
la levée de l'interdit, la pose de la première pierre du temple
du palais étaient nés de la volonté politique d'affirmer
une nouvelle religion2 A cette volonté s'ajoutait la
décision sur le sort réservé aux sampy. La reine
ordonnait la destruction de ces derniers étant donné que son
royaume était sous la protection du dieu des chrétiens.
Edifiés sur les sites des martyrs de la foi chrétienne, les
temples commémoratifs constituent les fondements du nouvel enracinement
religieux. A la place des anciens lieux sacrés des païens, ces
endroits devenaient importants aussi bien pour le souverain que pour le peuple.
En ces lieux se déroulaient des cultes totalement différents de
ce qui existaient auparavant, dans des maisons totalement en pierre
(Tranovato).
Les Malagasy d'autrefois avaient déjà une
croyance en dieu. Pour preuve, l'existence des endroits sacrés dans tout
Madagascar. Des lieux qui mettent les vivants en relation avec
Zanahary, le créateur et les ancêtres. L'arrivée
des Européens favorisait une nouvelle conception de la notion du
sacré et de dieu. Les quatre temples commémoratifs
possèdent incontestablement des valeurs religieuses. La pierre qui ne
pouvait être mise ensemble avec les sampy devenait les murs
d'édifices dans lesquels avaient lieu des cérémonies et
des cultes rendant hommage à un nouveau dieu. Il existait en
Imerina, selon Raison-Jourde3 deux tendances. D'un
coté, il y avait les « vieux Malagasy » ; attachés aux
coutumes et traditions- De l'autre, les protestants et les catholiques
prenaient place. Outre ces valeurs citées, les quatre monuments
religieux en pierre possèdent également des valeurs patrimoniales
incontestables.
Ces valeurs patrimoniales méritent d'être
parlées dans les prochains paragraphes.
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