IV-2 LE PROJET D'ELLIS (W.)
Aussitôt que la liberté de culte et de religion
fut proclamée, les diverses coopérations avec les
étrangers réouvraient de nouveau. Cette réouverture
était surtout marquée par le retour des missionnaires aussi bien
français qu'britannique. Les missionnaires français explique
Randriamamonjy
1 « [..j raha vao nanomboka nanjaka Radama II, dia
nanome teny mba handefasana ireo mpifatotra saiky novonoina.Nisy 17 izy ka ny 9
dia efa maty tam-patorana ka ny 8 sisa tra-pamonjena [..j namoaka didy Radama
II nanome famotsorankeloka ho an'ny voaheloky ny fitsaram-panjakana rehetra
tamin'ny alahady 1 septambra 1861. »
RANDRIAMAMONJY op. Cit. pp 523-524
2 RANDRIAMAMONJY (F.) ibidem p 524
3 RANDRIAMAMONJY donne des exemples comme celle de BETIA à
Sainte-Marie et TSIMIEKO à Nosy Be. Mais la plus importante des
conventions était le Charte Lambert qui autorisait ce Français
à exploiter le sol et le sous-sol malgache.
4 Le roi était dépendant de l'alcool-avait comme
conseillers les Menamaso que personne n'aimaient
(F.) arrivèrent dans la capitale le 11 novembre
18611. Les Britannique, eux aussi débarquèrent au pays
peu de temps après.
Ces derniers marquaient vraiment notre Histoire. En effet, les
Britannique ont énormément contribué au
développement de la capitale et ses habitants au cours du
XIXe siècle. Ils avaient sur le plan intellectuel
apporté l'écriture durant le règne de Radama le
père. En son temps également, les connaissances techniques des
jeunes Malagasy se développèrent avec la création
d'atelier (Cameron). Avec la volonté d'étendre d'avantage
l'évangélisation sur la terre païenne, les Britannique
érigeaient des édifices religieux.
Ainsi, arrivé dans la capitale le 16 juin
18622, Ellis (W.) avait un projet qui va bouleverser le domaine de
la construction. Ce délégué de la London Missionary
Society avait comme idée d'ériger des temples sur les lieux
où les chrétiens étaient exécutés sous les
persécutions de Ranavalona I. Son but était d'associer à
ces endroits des lieux de culte la mémoire de ces confesseurs de la foi,
mais également de créer des foyers de culte durables. Les sites
ciblés par Ellis étaient Ambatonakanga, Ambohipotsy, Faravohitra
et Ampamarinana. Le premier, sur lequel se trouvait un temple provisoire
était le lieu où Rasalama fut emprisonnée. Il y a ensuite
Ambohipotsy, situé à l'extrême sud de la colline royale.
Cet endroit servait d'exécution des condamnés. Rasalama en
faisait partie. Sous les ordres de Ranavalona I elle était
exécutée le 14 aout 18373 à coup de sagaie. A
Tsimihatsaka ou Ampamarinana, on précipitait les
condamnés à mort enroulés dans des nattes. Sa
célébrité, selon Valette (J.)4date du 28 mars
1849. A cette date, Rainimiadana et 13 autres chrétiens
trouvèrent la mort. Ramanandalana et ses trois amis, tous descendants
d'Andriamasinavalona, ont été brulés vifs à
Faravohitra le 28 mars 18495. D'autres endroits et d'autres
évènements marquaient également les
exécutions6mais c'étaient ces quatre sites qui
attiraient vraiment Ellis, du fait qu'ils ont des vues panoramiques et visibles
de loin. Le roi Radama II accorda les sites aux Britannique. Le 23 aout 1862,
Ellis écrivait aux directeurs londoniens pour la récolte de fonds
afin de construire les temples. En une semaine, 14OOO livres sterling ont
été rassemblées7.
Ainsi, la construction vont débuter sous divers
problèmes tels de langue ; de techniques encore nouvelles pour les
Malagasy... Des obstacles se présentaient : le monopole de l'Etat des
matières
1 « Tantaran'i Madagasikara isam-paritra »
p524
2 « Madagascar et le christianisme » HUBSCH
éd, 1993 Ambozontany
3 RANDRIAMAMONJY op. Cit. p517. Rafaralahy ANDRIAMAZOTO y
était aussi exécuté le 19 février 1838.
4 « Le temple d'Ampamarinana » article in
Le courrier de Madagascar du lundi 22-04 -1963
5 « Eglise protestante Faravohitra 1870-1960 »
septembre 1960 -certains auteurs à l'exemple de VALETTE (J.) donnent
comme date d'exécution des martyrs le 29 mars 1849 au lieu de 28
mars.
6 Il y avait des chrétiens dont on avait coupés la
tête à Ambohipotsy et à Anjoma et il y avait ceux qui ont
été lapidés à mort à Fiadanana le 18 juillet
1857 et bien d'autres.
7 RAISON-JOURDE, « La fondation des temples protestants de
Tananarive » in Annales de l'Université de Madagascar,
série Sciences Humaines n° 11, 1970
premières, des ouvriers1 mais
également sous l'oeil vigilant des Malagasy. La méfiance envers
les étrangers n'était pas encore effacée.
Aussi difficile que cela était, les missionnaires avec
les Malagasy d'hier ont pu quand même ériger les édifices
qui commémoraient les martyrs de la foi. Ellis avait même
invité Cameron pour la construction des Temples commémoratifs. Ce
dernier avait des connaissances sur la langue2 et la population
locale du fait qu'il résidait dans la capitale depuis 1826. De plus,
celui ci avait déjà initié les jeunes Malagasy aux travaux
de bois et la pierre comme fondation de maison. C'était lui qui avait
découvert la pierre à chaux.
La volonté de la population à changer les cours
des choses se montrait dans la construction de divers édifices
religieux. Après la mort de Ranavalona I, la construction
d'églises se multipliaient et gagnaient de plus en plus du terrain.
Entre les années 1861 et 1868, quelques temples appelés «
reny fiangonana » voyaient le jour. D'après Clark (H.
E.)3, ces églises mères étaient au nombre de
neuf dont : Amparibe ; Ambatonakanga ; Analakely ; Ambohipotsy ;
Ambavahadimitafo ; Ambohitantely ; Ambonin'Ampamarinana ; Avaratr'Andohalo et
enfin Faravohitra4. La présence de ces édifices
marquait le glissement petit à petit d'un royaume païen vers un
autre, christianisé. Le peuple également ne cachait pas sa
volonté d'adopter une nouvelle religion. L'édification de ces
temples, avec la montée de Ranavalona II au pouvoir et la levée
de l'interdiction, marquèrent également le basculement d'une
« civilisation du végétal » à une autre, la
pierre qui était jusqu'alors attribuée aux domaines des sans vie.
Imaginatif, le projet de construction des temples commémoratifs en
pierres demeurait l'un des plus grands au cours du XIXe
siècle. Au regard des édifices « simples » de la
population locale, c'était très cher et très dur de
construire avec les pierres de taille. Un nouveau style de construction voyait
le jour et va influencer aussi bien l'architecture civile que religieuse. Cet
art de bâtir et ces nouvelles techniques de construction à travers
les quatre temples commémoratifs seront les vrais centres de notre
recherche.
1 Daty malaza Pasteur RABARY « On dit qu'il
sera interdit de continuer la construction d'Ambatonakanga et de travailler au
service des vazaha » communication de COUSINS le 29 juin 1866.
2 « Madagascar revisited » Rev ELLIS p364.
3 « Tantaran'ny fiangonana eto Madagasikara hatramin'ny
niandohany ka hatramin'ny taona 1907 » 3è édition
1918
4 Dans le livre dirigé par HUBSCH : «
Madagascar et le christianisme » édition Karthala et
Ambozontany 1993, les églises mères étaient au nombre de
03 à savoir Analakely ; Amparibe ;
Ambatonakanga qui étaient tous en dehors des murs de la
ville.
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