CHAPITRE V : LA CONSTRUCTION DES TRANOVATO
A partir de 1861, la construction d'édifices religieux
se multiplia. Chacun montrait une volonté de prendre part dans
l'extension de la nouvelle religion, connotée auparavant «
Fivavahambazaha ».Les Renifiangonana (ou églises
mères) voyaient le jour. Quelques Malagasy commençaient
également à s'intéresser à
l'évangélisation. Aussi, ils suivirent des cours dirigés
par les missionnaires britanniques afin de devenir pasteurs. La construction
commençait par des temples provisoires. En attendant la construction en
dur, la population locale érigeait des maisons en bois en guise de
Trano fivavahana. Comme exemple, il y avait celle à
Faravohitra érigée par les décisions de quelques
personnes1.Celle d'Ampamarina était une Trano kotona
au tout début. Ensuite en Zozoro à
Antsahatsiroa2. Ces édifices en bois étaient souvent
victimes d'incendie3. La construction à vive allure des
édifices cultuels affirmaient le développement du christianisme
et de l'architecture en Imerina. Ainsi, avec la loi interdisant toutes
constructions avec des matériaux autres que le bois, levée par la
reine Ranavalona II, de nouveaux types et styles de bâtis apparaissaient
en Imerina. La construction montrait les influences
européennes. Aussi bien françaises qu'britanniques, elles
stupéfiaient les Malagasy. En effet, du point de vue matériaux,
c'étaient nouveaux du fait que le bois était l'unique
matière première. Concernant les techniques, les
ouvriers-artisans Malagasy n'en avaient aucune connaissance. Ce qui marquait
également ces constructions c'était leur taille et leur volume.
Déjà sous Ranavalona I4, les bâtiments en bois
prenaient de plus en plus d'ampleur, de gigantisme. Ils avaient continué
à évoluer avec l'avènement de la pierre et de la brique
comme matériaux de construction. Tandis que pour les bâtiments
civils, les briques dominaient ; les pierres étaient destinées
non seulement pour les tombeaux mais également pour les édifices
religieux.
Les édifices cultuels gagnaient de la place un peu
partout après 1861.Les missionnaires catholiques aussi bien que les
protestants songeaient à construire des édifices durables. Les
oeuvres de la London Missionary Society (LMS) étaient parmi les plus
remarquables. Par l'instauration de la liberté religieuse sous Radama
II, ces missionnaires obtenaient des terrains de construction. Devenus
chrétiens, Ranavalona II et les dirigeants politiques de 1868 en
accordaient une place cruciale puisque le protestantisme était devenu la
religion de l'Etat. A Antananarivo, pour preuve, les temples
1 « [...] Fiangonana vonjimaika naorina araka ny
fanampahan-kevitr'i RAINIJESY ; RAINILAIJEMISA ; RANDRIANAIVO tao
Ambatomiangara [...] » in Eglise protestante Faravohitra
2 Antananarivo d'autrefois in Revue de Madagascar
3e-4e Trimestre, MANTAUX « [...] à Ampamarinana
était édifié en zozoro comme lieu de culte.Quelques jours
après son achèvement, un incendie le ravagea le 2 mai 1864. Tout
le quartier fut détruit et le palais royal lui même fut un moment
menacé [.] ». pp 5-61
3 « Fiangonana Tranovato Ambonin'Ampamarinana
1874-20quatre »
4 LABORDE construisait un palais en bois pour la reine, CAMERON
30 ans plus tard l'avait revêtu en pierre
protestants dominent surtout sur la haute ville et ses
alentours. Ellis (W.), chef de file de la London Missionary Society avec l'aide
d'Ingahikama (Cameron) décidait de construire des
édifices en pierres. Il choisit en premier les lieux où les
Malagasy avaient perdu leur vie pour leur foi. Les maitres d'oeuvre de ces
édifices étaient Cameron-Sibree-Pool1.Ce dernier
remplaçait Aitken2 obligé de quitter Madagascar pour
des raisons de santé. Les tâches étaient réparties
entre ces architectes. Sibree dessinait les plans d'Ambatonakanga,
d'Ambohipotsy et de Faravohitra3et se chargeait également de
leurs réalisations. Cameron quand à lui supervisait la
construction de Faravohitra ; Pool se chargeait de surveiller les travaux
d'Ambohipotsy-d'Abonin'Ampamarinana. Pour de telle construction il fallait une
somme d'argent considérable. En effet, c'étai très
chère d'ériger des bâtiments intégralement en
pierre.14000 livre sterling étaient récoltée en une
semaine destinée pour Faravohitra. Certain missionnaires s'opposaient
même croyant que c'était un gaspillage d'argent4. En
tout, la mission avait disposé de 320.0005 francs pour les
quatre temples mémoriels. Sous divers problèmes, tels les mains
d'oeuvres ; les matériaux de constructions, la construction
avançaient quand même. La construction commençaient par le
temple d'Ambatonakanga ensuite celui d'Ambohipotsy après Faravohitra et
enfin Ambonin'Ampamarinana. Comment se déroulaient la construction ?-
D'où les matériaux provenaientil ?- Quelles techniques ont
été utilisées ?- Qui étaient les ouvriers des
chantiers ? Telles sont les questions qui méritent d'être
soulever.
V-1 LES ORIGINES DU MATERIAU PIERRE
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