III-2-2- CONTRAINTES LIEES A LA
PARTICIPATION DES GENRES
III-2-2-1-
Définition du genre
Le genre se caractérise par les attributs sociaux que
l'on apprend ou acquiert durant le processus de socialisation en tant que
membre d'une communauté donnée... Ainsi, le genre se
réfère aux attributs, aux rôles, aux activités, aux
responsabilités et besoins établis socialement et associés
à la masculinité et à la féminité d'une
personne dans une société donnée et à un moment
déterminé, et en tant que membre d'une communauté
spécifique au sein de cette société. Le genre est
différent du sexe. En effet, le sexe se réfère aux
différences biologiques entre hommes et femmes, qui sont universelles et
ne changent pas. Tandis que le genre se réfère aux rôles et
responsabilités socialement établis et attribués
respectivement aux hommes et aux femmes par la société.
III-2-2-2- De
l'intégration du genre dans le projet
Etudier la question du genre revient à s'interroger sur
la participation des femmes à ce projet. En effet, dans cette nouvelle
approche qu'est la professionnalisation, il est recommandé/exigé
la participation des femmes ainsi que celle des différentes couches de
la société à toutes les étapes du projet.
Egalement, les organismes internationaux de financement sont de plus en plus
regardants sur ces questions. C'est dans cet objectif qu'une série
d'interrogations à été adressée aux populations.
Sur la question de l'intégration du genre dans le
projet, il faut noter que 98,50% des interrogés sont favorables à
une implication effective des femmes dans toutes les étapes des projets
hydrauliques. Cette intégration est donc, sur la base de ce pourcentage
nécessaire et même indispensable. C'est allant dans ce sens que la
Présidente de l'association des femmes de N'Déou se
réjouit de cette avancée en affirmant que : «
De par le passé, notre avis comptait peu dans la mise en oeuvre des
projets... nous étions à peine consultées, mais ce projet
nous accorde une importance primordiale en nous intégrant dans toutes
les activités, nous sommes honorées... ».
La figure ci-après renseigne davantage.
Figure 8 : Répartition de
l'échantillon selon la volonté d'intégration des femmes
dans le projet
Source : Données de
l'étude, 2010
Concernant la place prévue par le projet pour ces
femmes, 53% des interrogés affirment être informés du fait
que des rôles étaient attribués aux femmes dans le cadre de
la professionnalisation (projet KfW8). Egalement, une proportion très
importante (43% des interrogés) ne sait même pas si un rôle
spécifique était attribué à la femme (voir figure
ci-dessous). Cette information fait planer le doute sur la participation des
genres.
Figure 9 : Répartition des
interrogés selon le degré de connaissance du rôle
prévu par le projet pour les femmes
Source : Données de
l'étude, 2010
En effet, les entretiens semi-directifs et autres interviews
ont permis de savoir que femmes, hommes, jeunes, enfants et vieillards n'ont
pas le même degré d'implication dans le projet. Il en est de
même pour les populations étrangères (non ressortissant de
la Côte d'Ivoire et non natifs des localités visitées).
Ainsi, les genres n'ont pas un niveau identique de participation dans ces
différentes communautés du fait de plusieurs
éléments notamment les pesanteurs locales. Dans ces
communautés, on estime que les femmes ne doivent pas prendre une part
active dans les affaires publiques réservées uniquement aux
hommes. A côté de ces pesanteurs, il y a également toutes
les stratégies d'accaparement du projet par les hommes surtout les
« aînés sociaux ». Dans de nombreuses
sociétés africaines, force est de remarquer le
phénomène des aînés sociaux. Ce
phénomène montre que pour certaines décisions et ou
activités menées, seuls les aînés peuvent y prendre
part. Ainsi, le projet KfW8 à Kaouara et N'déou, n'est pas
épargné de ce fait. Sur le terrain, lors de l'administration des
questionnaires et autres entretiens, même si l'élément des
aînés sociaux n'avait pas été pris en compte par
notre étude, plusieurs jeunes l'ont relevé. L'enquête a
effectivement montré que les personnes les plus âgés
participent plus aux réunions. Ces dernières doivent par la suite
faire le point dans leurs familles respectives. Ce qui n'est pas toujours le
cas vu la proportion de personnes qui n'a pas assisté aux
réunions organisées dans le cadre du projet. Ainsi, alors que le
processus de réalisation du projet se doit d'être participatif, on
assiste à l'exclusion d'une majorité constituée de
« cadets sociaux ». Ce fait peut mettre à
mal le projet puisque certaines catégories sociales peuvent ne pas se
sentir concernées par le projet. La réappropriation du projet
sera donc mise à mal.
Ce constat de faible participation se laisse entrevoir par les
données recueillies sur la participation aux réunions de
sensibilisation. Ainsi, 35,50% des interrogés ont pris part à ces
rencontres de sensibilisation contre 64,50% qui ne l'ont pas fait. La marge
demeure grande.
Figure 10 : Répartition de
l'échantillon selon la participation aux réunions de
sensibilisation
Source : Données de
l'étude, 2010
Aussi, ces résultats, croisés avec la variable
âge des interrogés nous a permis de relever un fait non moins
important. Il s'agit de la faible participation des interrogés de la
tranche d'âge comprise entre 19 et 35 ans aux réunions de
sensibilisation. Sur 83 personnes se trouvant dans cette tranche, seules 13
personnes ont participé aux réunions contre 70 qui ne l'ont pas
fait. Il en est de même pour la seconde tranche où sur 66
personnes, 25 ont participé aux réunions contre 41 abstentions.
Cependant, pour la troisième tranche, sur 51 personnes
concernées, 33 ont participé aux réunions contre 18. C'est
dire que la population la plus active (tranche comprise entre 19 et 35 ans) par
rapport aux corvées d'eau ne participe pas aux réunions. Il va
sans dire qu'il y aura des comportements contraires à ceux voulus par le
projet. (Voir figure ci-après).
Figure 11 : Répartition de
l'échantillon selon l'âge et la participation aux réunions
de sensibilisation
Source : Données de
l'étude, 2010
Egalement cette variable a été croisée
avec le sexe. Ici aussi des informations importantes ont été
obtenues. Cette figure montre aisément que 64,6% des femmes
-premières bénéficiaires du projet- n'ont jamais
participé aux réunions. De plus, seulement 3% de ces femmes ont
assisté à plus de cinq (5) réunions. En ce qui concerne
les hommes, 59,4% n'ont jamais assisté aux réunions. A ce niveau,
seulement 5% de ces derniers ont participé à plus de cinq (5)
réunions.
Figure 12 :
Répartition de l'échantillon selon la participation aux
réunions et le sexe
Source : Données de l'étude,
2010
|